GASFACE : Enter the Kung-Foutre
Par ROD, mercredi 5 mars 2008 à 00:53 :: LECTURES :: #26 :: rss

Ce magazine, titré "la seule drogue en vente libre", est distribué en kiosque depuis l’été 2006 et était un fanzine avant (3 n°s sont sortis). Si vous avez suivi Hey You!, vous connaissez déjà les 2 fanfarons lyonnais (Nico et Groswift) à la tête de cette œuvre (cf. #10). J’ai chopé les 4 numéros d’un coup et je ne peux que vous inviter à faire de même car leur prose est de haute voltige. Les mecs touchent un peu à tout, rap bien sur, soul, funk, cinéma (essentiellement kung-fu et polar), crime, politique brièvement, mots fléchés, et surtout, une bonne grosse dose d’humour et de recul. Intelligent, intéressant et marrant. Le mag ne comporte aucune chronique mais des articles et de longues entrevues très documentées réalisées en REAL LIVE. C’est vraiment du bon taf et ça peut toucher autant les nerds omniscients que les néophytes de cette musique de rue. D’ailleurs, c’est bluffant la façon dont ils maîtrisent les histoires de rues New-Yorkaises sur le bout des doigts, parfois mieux que les interviewés eux-mêmes. Jeunes entrepreneurs français font vraies choses.
GASFACE #1
Au sommaire, des entrevues avec COMMON, SEAN PRICE (de HELTAH SKELTAH), J-ROCC, JADE LINDGAARD (à propos de BHL), GEORGE CLINTON, BEATNUTS, C.L. SMOOTH, ROY HARGROVE, THA ALKAHOLIKS, DJ CRAZE, LORD FINESSE, GURU, O.C., DILATED PEOPLES, GUY BENHAMOU (à propos de Arnaud Montebourg), ISAAC HAYES, ERICK SERMON, K-DEF. Articles sur GEORGE PELECANOS, PABLO ESCOBAR et EDDIE MURPHY avec en bonus, un cd mixé de K-DEF (le producteur de REAL LIVE mes frères). Hold-up d’entrée.
REAL LIVE, LA MERDE ETAIT REELLE EN 1995...
LES PHRASES CLEES DU #1:
SEAN PRICE: Je faisais même du break à l’époque! Après on s’est rendu compte que la baston c’était plus cool, alors on s’est mis à casser plein de gueules!
JUJU des BEATNUTS: Une fois je suis allé au magasin avec une voiture de location, je suis d’abord passé prendre Large Pro, puis on est allé à Jamaïca-Queens, pour choper Q-Tip. On lui propose de monter avec nous, il fait "Non, non : j’y vais avec ma caisse". Tip venait juste d’acheter une BMW. On arrive au magasin, le mec nous enferme, on digge, on digge, on digge… On appelle le mec, il nous ouvre, on sort… Et on voit la BM de Q-Tip sur les jantes! Avec les vitres pétées et tout… Une BM toute neuve! Les gamins du quartier ont tout piqué et après ils l’ont défoncé… Et à côté, t’avais ma voiture de location que personne n’avait touchée! Q-Tip est devenu dingue ce jour là. Il voulait jouer le mec fly, mais y’a pas moyen de laisser une BM toute neuve à Brunswick, c’est de la folie…
GURU de GANGSTARR: J’AI découvert Premier, et J’AI découvert Jeru. Tu saisis? I’m the Man! Alors je fais ce que je veux, c’est moi qui ai créé tout ça, ok ? J’ai créé ces mecs, je les ai découvert : ils ont pris ce que je leur ai donné et ils en ont fait leur carrière…
O.C.: Quand un rappeur ne lit pas, tu l’entends tout de suite : tu sais qu’il répète les mêmes conneries à chaque fois, mais dans un ordre différent.
O.C.: Aujourd’hui tu vois des rappeurs qui se la pètent avec des chaînes énormes et des diamants, mais franchement : est-ce qu’ils arrivent à se balader dans leur quartier ?
O.C.: Maintenant les mecs veulent se faire tirer dessus pour vendre des disques! C’est la connerie la plus stupide que j’ai jamais entendue!… Si être cool c’est se faire shooter, moi je préfère être un naze!
ERICK SERMON: L’industrie conforme l’artiste à faire des chansons pour la radio. L’an passé, les 15 premiers hits ont tous eu pour thème : les filles. Tous ces titres avaient des refrains chantés. C’est ridicule…
K-DEF: J’ai vu comment KRS ONE est arrivé au sommet, j’ai connu des vrais thugs qui en ont chié pour décoller : quand ton show était bon, les mecs t’en tapaient cinq, quand t’étais nul, on te virait de la scène à coups de pied au cul! Le Hip Hop je l’ai appris dans la peur… Pour la plupart des gens, le Rap c’est glamour et ça brille, mais pour moi c’est avant tout un monde de peur.
GHOSTFACE INTRODUIT LES JESUS PIECES DANS LE CLIP DE RAEKWON, CES CHAINES EN OR AVEC LA TETE DU DJEZ DESSUS, CREME GLACEE ET FESSES REBONDIES POUR UN ENORME CLASSIQUE.
GASFACE #2
On remet ça avec un sommaire moins gros mais tout aussi luxueux. Entrevues avec NOEL GODIN (le Belge fou apôtre de la subversion), DJ SCRATCH (le DJ fou popularisé par EPMD), BOB JAMES (l’huissier blanc fou), MIC GERONIMO (le nègre fou de Queens), GHOSTFACE KILLAH (le rappeur fou du WU) et DEFARI (le californien fou). A côté de ça, des articles sur SERGE DASSAULT (l’industriel fou), LARRY DAVIS (le tueur fou), TERMANOLOGY et sur les films préférés du rappeur vieille école, SEAR. Plus des jeux!
LES PHRASES CLEES DU #2:
NOEL GODIN: A la fin des années 60, j’ai littéralement saboté mon rôle de «critique-cornichon»… J’ai signé 200 interviews, sous 8 pseudonymes, en m’occupant des réponses et des questions, sans avoir aucun problème. J’inventais une soixantaine de cinéastes dont je donnais régulièrement des nouvelles. Ca a duré 10 ans. … J’avais inventé une cinéaste thaïlandaise qui réalisait quelques uns des plus beaux films du monde, tout en étant aveugle. Un spécialise du cinéma asiatique est parti à sa recherche, il est revenu fou furieux mais n’a pas vendu la mèche.
GHOSTFACE: Je suis le seul mec de Stapleton au sein du WU… Dans les années 80, les mecs de leur cité (Park Hill) aimaient bien se saper, ils étaient du genre coquets, avec des blousons en peau de requin, des wallabies, des grosses chaînes… Tandis que dans ma cité, on était plutôt porté sur la baston alors on aimait bien descendre chez eux pour les frapper…
GHOSTFACE: A l’époque, Jay-Z et les autres me considéraient conne une "terreur". Ils n’aimaient pas être près de moi.
GHOSTFACE: On n’est pas tous les jours en train de péter du champagne… Fuck all that Crystal shit! Cette merde est une illusion. Je te parle de la vie de tous les jours : si tu me plantes, je vais saigner, pareil pour toi. … Faut pas tomber dans ce monde d’illusion qu’entretiennent les clips. Les mecs veulent te faire croire que la vie c’est cool tous les jours et que tu peux faire la fête tous les soirs comme Paris Hilton et te réveiller tous les matins avec la pêche. C’est n’importe quoi.
BOOBA ET ALI AVANT QUE L'OSEIL S'INTERPOSE, NUMERO UN POUR TOUJOURS.
GASFACE #3
Numéro de la professionnalisation, tout est papier glacé désormais. Entrevues encore meilleures et variées avec les réalisateurs ALAIN CORNEAU et JACQUES AUDIARD, les producteurs ALCHEMIST et NILE RODGERS, notre BOOBA national et une énorme interview de BILLY DANZE de MOP. Toujours le plein d’articles et de conneries, en particulier celui sur Kenneth McGriff aka SUPREME, le bandit du Queens. Gasface frappe juste et fort, une fois de plus.
LES PHRASES CLEES DU #3:
ALAIN CORNEAU: Aujourd’hui si vous demandez à un public non cinéphile, le grand polar français des années 60? Ils vont dire "Les Tontons Flingueurs". A l’époque le film avait eu un gros succès, mais tout le monde avait considéré que c’était de la merde! Alors méfions nous des jugements, surtout quand il s’agit de films de genre… Les films importants ne sont pas forcément ceux qui ont les médailles…
JACQUES AUDIARD: Ce cinéma là, (apparu dans les années 90), n’a absolument pas parlé du travail. Il n’a parlé que d’une chose : le devenir bourgeois. La difficulté de devenir bourgeois des post-adolescents de 20-30 ans. Il n’a parlé que de difficultés existentielles assez abstraites, et c’est assez curieux. Là il y a une véritable ligne de fracture, un oubli d’un usage essentiel du cinéma.
BILLY DANZE de M.O.P.: Si t’es cool avec moi parce que tu me crois fauché et que tu m’aimes plus à partir du moment où tu crois que je vais me faire des thunes, tu m’as tout l’air d’être une salope à l’envers!
BILLY DANZE de M.O.P.: Un hit de night club? Je ne sais pas comment faire : moi-même je ne vais jamais en boite! Je ne fais pas de disque à la "shake yo ass" : je suis marié! Et je n’ai jamais kiffé la compagnie des salopes de toute façon, j’aime quand une femme se respecte. Si tu veux bouger ton boule, bouge-le! Je ne dis pas que je ne te mettrais pas un coup, mais vraiment je m’en tape, c’est pas mon genre de meufs…
BILLY DANZE de M.O.P.: MOP représente cette partie de la société que tout le monde essaie d’oublier : les gens d’en bas. … L’argent ne m’a jamais changé… Je suis toujours pareil : Timberlands noires, t-shirt noirs, casquette noire et pantalon noir. Des fois je me la joue et j’achète les mêmes trucs en marron mais ça ne va pas plus loin que ça.
BILLY DANZE de M.O.P.: Mon fils essaie de me convaincre que 50 est le meilleur rappeur du monde! 50 est dope, mais à côté de Rakim, laisse tomber…
HOW ABOUT SOME HARDCORE KARAOKE? LEVE TON AK47 EN L'AIR ET VIENS CHANTER.
GASFACE #4
Dernière dose en date. Ce 4ème volume plonge au cœur de la vie de TERMANOLOGY (ça commence à bien faire maintenant), du génie français CRIS PROLIFIC (parait-il), de SEAN PRICE (encore!), du pauvre SLICK RICK toujours en zonzon, du gang le plus classe du monde, les LO-LIFES, du rappeur le plus attendu du jeu, SAIGON, de celui le plus drogué, REDMAN, de celui le plus oublié, ARAAFAT de LA CLIQUA, avec en plus BUCKSHOT sans le Fonk qui revient en force et des entrevues avec LES MCCAAN (icône soul) et MIKE THOMPSON (dessinateur émérite) pour la diversité. Encore un savant mélange avec ce coup-ci, un CD mixé par Groswift offert, le disque de rap pour faire l’amour. ON ATTEND LE 5.
LES PHRASES CLEES DU #4:
SEAN PRICE: Pas de malentendu, j’aime mes fans blancs, dans le fond, c’est pas un problème, ça pourrait être des siamois avec la tête attachée, du moment que t’aimes ma musique c’est cool. C’est juste que quand je fais des concerts, je vois que les gens qui viennent ne ressemblent pas aux gens avec qui je traîne.
SAIGON: Quand on passait Throw Ya Gunz d’ONYX dans les booms, je tirais des balles dans le plafond! Chez les gens!
SAIGON: On peut même laisser Havoc en dehors de tout ça et dire que c’est Prodigy qui fait le con. Ce mec est peut-être la plus grande gueule de l’histoire du Rap…
BUCKSHOT: Il y a de très grands artistes de l’arnaque vers chez moi, de vrais génies… Tu vois des mecs fumer des blunts dans la rue, ou jouer aux dés comme si on était dans les années 60 : c’est des trucs que tu ne vois pas dans les autres quartiers de Brooklyn. La police n’existe pas vraiment là où j’habite.
BUCKSHOT: Beaucoup de rappeurs sont des putains d’acteurs mais il y a aussi des rappeurs qui parlent vrai, et c’est ce qui fait que cette musique reste forte.
IL EST TEMPS D'AGIR... ET D'ENVOYER VOS EURO-DOLLARS A GASFACE.
WWW.GASFACE.NET
kungfoutre.blogspot.com
Commentaires
1. Le jeudi 2 octobre 2008 à 11:12, par Lavoux
2. Le jeudi 2 octobre 2008 à 17:39, par Culture
3. Le dimanche 26 décembre 2010 à 22:37, par saddam obscene
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