La scène New-York HardCore du début des années 80 à la fin des 90's a été une des scènes la plus prolifique et intéressante en matière de groupes et de réalité. On peut compter 4 cycles majeurs dans la partie années 80. 1er cycle de 1979 à 1982, des groupes plus ou moins punk se mettent à accélérer leur son et à créer une nouvelle scène. Ces années sont immortalisées sur la compile K7 NEW YORK THRASH sortie chez ROIR en 1982 avec en tête de file, les plus tard mythiques BAD BRAINS et BEASTIE BOYS ainsi que d'autres groupes cultes de l'underground comme THE MAD, KRAUT, NIHILISTICS ou HEART ATTACK. 2ème cycle en 1983 qui marque plus ou moins l'arrivée (même s'ils étaient déjà là avant) d'une ribanbelle de groupes de skinheads fous, AGNOSTIC FRONT, THE PSYCHOS, CAUSE FOR ALARM, MURPHY'S LAW, WARZONE, CRO-MAGS et de groupes straight edge violents comme THE ABUSED ou ANTIDOTE. Le standard hardcore agressif et sombre de la ville est ancré.


DES IMAGES COMME ON AIMERAIT EN VOIR PLUS SOUVENT

Le 3ème cycle prend place en 1985-86 lorsque le son metal de groupes comme ANTHRAX ou NUCLEAR ASSAULT infiltre la scène hardcore et crée un nouveau style, le crossover. C'est la fin d'une époque pour certains. Des groupes déjà existant comme AGNOSTIC FRONT ou CRO-MAGS se jetteront plus tard dans la brèche et de nouveaux hybrides font leur apparition, BIOHAZARD, CRUMBSUCKERS, LUDICHRIST ou les magiques LEEWAY. Le 4ème cycle prendra place de 1987 à 1990 avec des dizaines de groupes straight edge désirant ramener le style sain de Boston et Washington dans leur ville de drogués. YOUTH OF TODAY, qui sont les plus anciens, dominent une scène aux coupes de cheveux précises et aux Nike montantes incisives occupée par SIDE BY SIDE, JUDGE, GORILLA BISCUITS, BOLD ou SUPERTOUCH. La compile NEW YORK HARDCORE: THE WAY IT IS sortie par REVELATION en 1988 résume à elle seule ces années-là.


GRAND MOMENT DE TV, LE NYHC A "C'EST MON CHOIX"!

Quelques groupes créés dans la seconde partie des 80's, un peu oubliés mais tous aussi intéressants et brutaux que les suscités (OUTBURST, KILLING TIME, LIFE'S BLOOD, BREAKDOWN, SHEER TERROR, UPPERCUT...) figurent sur la compile NEW YORK HARD CORE: WHERE THE WILD THINGS ARE ? sortie en 1989 sur BLACKOUT!, qui est un disque indispensable. Le début des années 90 fait mal. En 1994, le label ANOTHER PLANET sortira une compile intitulée SUNDAY MATINEE (en hommage aux concerts du dimanche après-midi au CBGB's accessibles aux kids) qui survole les 4 cycles de ces putains d'années 80 en 17 titres, bon moyen pour découvrir.


ZULUS ET SKINHEADS REUNIS DANS LE PARC DE LA DROGUE, DINGUE

On arrive donc tranquillement à l'été 1995 et Frank Pavich se rend compte qu'aucun documentaire sur le NYHC digne de ce nom n'a été réalisé depuis toutes ces années. Il prend sa cam' et part filmer les groupes locaux, de Long Island jusqu'au New Jersey en passant par le Bronx et le Queens. Une ère où le hardcore fusionne avec tout, le rap, le metal, la fonte, le soja. Se sont prêtés au jeu des questions des groupes désormais internationalement connus comme MADBALL ou VISION OF DISORDER, les voyous de CROWN OF THORNZ et DISTRICT 9 (certainement 2 des meilleurs groupes des 90's), les rigolos de NO REDEEMING SOCIAL VALUE, les hare-krishnas de 108 et puis Rick et les infameux 25 TA LIFE. Certains vieux de la vieille refont leur apparition aussi comme Tommy Rat (l'inventeur du NYHC? 1er chanteur de WARZONE, TRIP 6, REJUVENATE...), Jimmy Gestapo (MURPHY'S LAW), Roger Miret (AGNOSTIC FRONT) ou John Joseph (CRO-MAGS). Tous ces groupes débutaient et galéraient plus ou moins. Tout passe en revue, la vie dans NY, la drogue, leurs petits boulots de merde, la scène hardcore, le violent dancing, les tatouages, entrecoupés d'excellents passages lives. Un vrai et bon documentaire.



Et puis, Frank Pavich a eu la bonne idée de ressortir la VHS en Double DVD, avec sous-titrage en plein de langues (dont français) et une tonne de bonus. Bonne initiative encore, le réalisateur a retrouvé chaque mec des groupes interviewés et leur a posé de nouvelles questions 10 ans après le doc original. C'est pas triste. La majorité des mecs ne vivent plus à NY. On y voit Rick TA LIFE qui compte chanter jusqu’à 40 ans (en 2010 on est débarrassé normalement), Roger Miret qui nous parle de la bonne tenue de son corps et diss (avec le ptit frérot) le film American Hardcore qui ne parle aucunement de NY ainsi que le CBGB qui oublie d’où il vient. Mike Dijan de BREAKDOWN/CROWN OF THORNZ est toujours présent, il revient sur ses années folles, son mode de vie végétarien, sa fille qui a grandi, tout ça assis dans un park du Queens avec en fond, un magnifique couché de soleil, que d’émotions. Lou Koller de SICK OF IT ALL est toujours légèrement déçu de ne pas avoir figuré sur le doc à l’époque, il en parle devant le CBGB qui ferme. Freddy MADBALL et Toby H2O font les malins dans leur canapé de patron à L.A.. Myke, le portoricain fou de DISTRICT 9 a refait sa vie à Denver, travail, femme, enfants, chiens, mais il rigole toujours comme un crackhead.


TE LAISSE PAS AVOIR PAR LE DEBUT, APRES C'EST BIEN

Ezec de CROWN OF THORNZ/SKARHEAD désormais rebaptisé Danny Diablo fait le gangsta pitre à L.A. avec son gros bouc taillé roux dégueulasse, ses 2 pitbulls, et son rire de mouette enragée. Kevin Gill du label S.F.T., est lui aussi à L.A., comme tout le monde, il s’est reconverti dans l’industrie du jeu vidéo. JJ CRO-MAG nous la joue hippie amour équitable. 108 et VISION OF DISORDER sont toujours aussi chiants. Et le meilleur pour la fin, une entrevue d’une demi-heure avec les ménestrels de N.R.S.V. qui boivent des bières dans leur garage du Queens, et livrent un petit concert privé en acoustique avec reprises de "Raining blood" de SLAYER, "All I ask" de BREAKDOWN et quelques uns de leurs morceaux dont le fameux "Skinheads rules". Tout le monde montre ses nouveaux tattoos et dit ce qu’il a pensé du doc à sa sortie. Les bonus lives tuent aussi. Revoir les titres entiers du MADBALL voyou de 1995 est un bonheur (je me suis jamais remis de la puissance du "Set it off" dans le Coney Island High assiégé), ainsi que les géniaux CROWN OF THORNZ (qui reprennent OUTBURST en plus) ou encore le négro allumé en t-shirt "Agnostic Front - Skinhead" qui chante le refrain "South Bronx South Bronx" de B.D.P. pendant un morceau de DISTRICT 9, c’est tout simplement crucial. On laissera la conclusion à un certain Jimmy G. : "le roller hockey tue plus que le hardcore", BAH OUAIS!


QUE DU BONHEUR, CACE-DEDI A FLAVIE

www.myspace.com/nyhcdocumentary