Fluoglacial - Tendances Négatives

LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES (2006)



C'est Oskar Roehler, réalisateur allemand, qui a tenté la périlleuse adaptation du classique de Michel Houellebecq. 10 ans après sa parution, l'eau a coulé sous les ponts, comme en témoigne le douteux livre que Michou vient de publier avec BHL. Bref, on retrouve Bruno (Moritz Bleibtreu) et Michel (Christian Ulmen), deux frères radicalement opposés, tous deux victimes de la liberté sans limite de leur mère. Le premier est enseignant, marié, mais sexuellement insatisfait et frustré, ce qui l'a plongé dans une profonde névrose. Michel, généticien célèbre pour ses travaux sur le clonage, a lui, fait l'impasse sur sa vie sentimentale ou sexuelle, et se retrouve toujours puceau à 40 ans. Puis c'est la bascule.



Bruno se fait licencier après un attouchement sur une élève, s'en suit une grave dépression. Il décide de partir se détendre dans un camp de vacances post-hippie, croyant copuler à fond. Il y rencontre Christiane, elle aussi en crise de milieu de vie, dégoût du féminisme et de l'utopie libertaire en commun, leur rencontre est déterminante. Michel de son côté, retrouve sa seule amie d'enfance, Annabelle, ils croquent la pomme ensemble, et se remettent à rêver. Évidemment, la vie c'est pas ça.

Annabelle, victime de son génome subira une ablation de l'utérus. Quant à Christiane, paralysée à la suite d'une levrette trop appuyée en club échangiste, se jettera de son immeuble pour abréger ses souffrances. Bruno finira sa vie en hôpital psychiatrique pendant que Michel, vivra heureux sans enfant, continuant sa mise au point d'une race génétiquement modifiée, stérile, signifiant la fin du règne humain.



Le film est décousu, s'efforçant d'être fidèle au roman. Certaines scènes mises à l'écran naviguent entre le grotesque et le jouissif, le cynisme à l'écrit restant plus puissant qu'en image. Le rapport sexuel est aussi obsessionnel dans le film que dans l'œuvre de Mich. Et Moritz Bleibtreu est très bon. Cela dit, je conseillerais plutôt EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE (1999), réalisé et avec Phillipe Harel et José Garcia, le livre de Houellebecq est tristement juste sur la solitude, la frustration et les rapports humains dans l'ère du libéralisme sexuel. Ça reste toutefois amusant d'entendre la fameuse phrase de Sollers (dans le bouquin), mise à la sauce allemande :

"Vous êtes réactionnaire, c’est bien. Tous les grands écrivains sont réactionnaires. Balzac, Flaubert, Baudelaire, Dostoïevski : que des réactionnaires. Mais il faut baiser, aussi, hein ? Il faut partouzer. C’est important."

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Commentaires

1. Le mardi 21 octobre 2008 à 12:11, par disl'heure

Effectivement, adaptation brouillonne, décevante, abandonnant une grande part de la cruauté froide et un peu autiste du bouquin.
Le film de Harrel est clairement d'un tout autre niveau (Garcia en Tisserand <3).

Pour ce qui est du livre d'entretiens avec le très lamentable Lévy je ne sais pas trop quoi en penser, je me demande s'il ne faut pas voir dans tout ça un vaste foutage de gueule. Comme pour son navet de film d'ailleurs, j'ai du mal à prendre tout ce cirque au sérieux.
Je pencherais pour une vague envie d'emmerder l'intelligentsia gauchiste bien-pensante (un peu finalement comme quand il avait passé ses vacances chez Raël). Ou alors il a simplement besoin d'argent.
Bref quoiqu'il en soit il semble ne plus avoir grand chose à dire et se contenter de son rôle de clown triste pour gens-de-médias en chaleur.

Il y a des extraits de la chose ici en tout cas :
bibliobs.nouvelobs.com/20...
bibliobs.nouvelobs.com/20...
(les passages de Bernard Henri sont totalement insupportables)

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