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MR 73 (2008)

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"Dieu est un fils de pute, un jour j'le tuerai." Punchline d'entrée. Le film d'Olivier Marchal lui-même est une punchline de 2 heures. Daniel Auteuil campe Schneider, un BAD LIEUTENANT au fond du trou. Contrairement à Keitel, son vice n'est pas la C mais le JB. Jamais frais ni rasé, à la manière d'Al Pacino dans certains de ses films, il traine sa carcasse au volant de son antique Peugeot dans la ville usée de Marseille. Climat intemporel. Ayant fait le deuil de sa fille quelques jours auparavant, rendant visite à sa femme rendue handicapé par l'accident, il se noie dans l'alcool pour faire face. Puis 2 histoires (sans aucun rapport) vont s'entrechoquer. Un tueur pervers a fait plusieurs victimes dans les beaux quartiers de la ville. Femmes riches et célibataires, retrouvées violées, ligotées et ensanglantées.



A deux pas d'ici, maison d'arrêt, Charles Subra (le patron Philippe Nahon), condamné à perpétuité 25 ans auparavant pour des meurtres atroces, demande sa liberté conditionnelle. Acceptée. Les démons de Justine (Olivia Bonamy) resurgissent, fille du dernier couple assassiné (Subra avait même poussé la blague jusqu'à se faire à bouffer avant de partir). Pendant ce temps l'enquête patine, Kowalski (François Renaud), l'enculé de service, n'y est pas pour rien. Ne pouvant plus s'appuyer sur son collègue Matéo (Gérard Laroche plus grave que jamais), Schneider complètement désespéré, fait des conneries de plus en plus grosses (détournement de bus [avec LEONARD COHEN en fond sonore, crucial], vol d'analyses ADN, visites à la morgue...) et fini par être mis à pied, direction l'HP. Le finish incroyable, à la manière de L'ADVERSAIRE (un des meilleurs films de ses dernières années), verra Schneider se transcender en pourfendeur de la justice et de la rédemption, Mr73 au poing...

La vision de Marchal, ex-flic, est sans aucun espoir. Il termine sa trilogie policière (GANGSTERS, 36 QUAI DES ORFÈVRES), qui renifle les 70's, de la plus forte manière (dédicace à Corneau pour le titre). Le casting en nombre restreint laisse s'exprimer des personnages puissants et tout sauf transparents. Le côté moderniste façon MATRIX est un peu à côté de la plaque parfois (capes en cuir, publicités pour berlines allemandes futuristes, pluie sur commande, noir partout, etc.). Mais il renforce le côté froid du polar. Je me demande jusqu'où Marchal a poussé cette histoire, sensée être vraie... Un film qui te laisse moite.

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Commentaires

1. Le samedi 22 novembre 2008 à 00:52, par Pak

Du réalisateur, j'ai largement préféré 36 quai des orfèvres, pour moi son meilleur film à ce jour.
MR 73 est un film vite étouffant où la mort est omniprésente. Pas un moment de répit pour le spectateur qui subit l'éprouvante descente en enfer du héros (?) et de son entourage. Olivier Marchal semble se complaire dans le glauque et confond noirceur dramatique avec voyeurisme malsain. Alain Corneau (citons-le puisque de titre MR 73 renvoie directement à un de ses films : Police Python 357), en son temps, avait mieux réussi à injecter le drame personnel dans l'intrigue policière, rendant cette dernière moins linéaire qu'un film policier classique. Par contre, l'aspect intéressant de MR 73, et qui amène le spectateur à s'interroger : comment une institution telle que la police a pu laisser en poste un homme détruit et auto-destructeur, véritable bombe à fragmentation qui fauchera son entourage ? Si le scénario est tiré de faits réels, alors doit-on craindre des justiciers au raisonnement brouillé par l'alcool prêts à flinguer ceux qu'ils ne supportent pas ? Car la fin du film fait peur (et peine) à voir. Sans être mauvais, ce cauchemar est donc décevant, mais il faut saluer un Daniel Auteuil qui aime encre prendre des risques et qui trouve peut-être là un de ses meilleurs rôles. Il n'empêche, quand le générique de fin arrive, c'est une sorte de soulagement bienvenu qui se fait en nous.

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