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SKINHEADS: Ennemis pour l'éternité (Acte I)


ACTE I : Prémices & Renouveau (1963-1982)

Les skinheads derrière l'écran ne se résument pas à des documentaires politiques, musicaux ou footbalistiques. En 3 actes, je vais vous parler de "vrais" films où les vilains chauves occupent une place récurrente, voire même les rôles principaux, et ça commence très tôt...

[ACTE II - ACTE III]




DIE GLATZKOPFBANDE (1963, Richard Groschopp)

Nous aurait-on menti ? Les premiers skinheads seraient ils apparus en Allemagne avant l'Angleterre ? C'est ce que portent à croire différentes coupures de presse d'époque qui relatent les exactions de jeunes chauves durant l'année de la construction du Mur, en 1961. 2 ans plus tard sort ce film qui récolte un gros succès en RDA. Inspirée par les films de loubards des années 50 (THE WILD ONE, REBEL WITHOUT A CAUSE), une équipée sauvage de rockers en bécanes foutent la merde dans un camp de vacances du nord-Est de l'Allemagne (l'île de Usedom sur la mer Baltique) et se transforme en une "bande de cranes chauves" lorsqu'un des leurs ramènent une photo de Yul Brynner à la tente (ahah). "Regardez ce crâne luisant, c'est ça la nouvelle merde!". Tout le monde à la tondaille.

Cette bande, en fuite dû à accident de chantier (oui j'ai pas tout compris c'est pas traduit), liée plus ou moins à la légion étrangère (Legio Patria Nostra) se retrouvera encore en cavale après avoir écrasé involontairement un piéton. Un courageux policier aidé de son berger (allemand ça va de soi) les stoppera dans un finish haletant. Un film plus intéressant qu'il n'y paraît, à la limite de la propagande, prônant la rigueur de l'Est en opposition à la décadence américanisée qui se manifeste sous forme de musique rock, de bandes émeutières et de chaos ambiant. Et puis rien que le fait de voir des skinheads en Birkenstock vaut amplement le coup d'oeil !




BRONCO BULLFROG (1969, Barney Platts-Mills)

On entre plus dans le vif du sujet ici. La vie des jeunes prolétaires anglais de la fin des années 60 est une impasse dans l'East-London. Ce film amateur, tous comme les acteurs, rétablit à merveille l'atmosphère de l'époque. On suit principalement les pérégrinations de Del, un suedehead comme on appelait ça. Mélange postérieur de culture mod et skinhead, le jeune londonien s'habille plus "smart" (Sta-press, loafers, crombie jackets), se laisse pousser les cheveux et roule occasionnellement en scooter, ou ici en bécane, au son d'une musique soul, psyché ou reggae.

Les petits boulots (souvent illégaux), les potes, le troquet, le cinoche, les embrouilles, les meufs, dont la délicieuse Anne, qui va transformer le film en fuite amoureuse sous les yeux de parents dépassés. Une approche dramatique très sociale, quelque peu oubliée, et pourtant marquante. 10 ans plus tard sortira QUADROPHENIA de Franc Roddam, adaptation ciné de l'album de THE WHO, qui reproduira le même schéma (précarité, défonce, bagarre, 2 roues, amour, habits) et sera une très belle réussite.




THE WANDERERS (1979, Philip Kaufman)

Rien à signaler pendant les années 70, même si CLOCKWORK ORANGE (1971) marquera profondément le futur revival skinhead tant par ses codes que son ultra-violence. Les skinheads hibernent. Le 4 juillet 1979, cet excellent film sort aux USA. Les protagonistes sont une bande d'italiens du Bronx rebaptisés "les seigneurs" mais dès le début, on les voit en découdre avec leurs rivaux des Fordham Baldies, une équipe de monstrueux skinheads rôdant sur le boulevard. Ils ont le même look loubard que la GLATZPOFBANDE, blousons de cuirs noirs et équipement motard.

L'histoire est sensée se passer en 1963 donc tout se tient. Les réels ennemis du film sont les Ducky Boys, très malsains, qui donneront lieu à un finish incroyable. C'est certainement le meilleur film de jeunes qui existe. Gros mélange d''adolescence, de gangs, de New-Yorkeries, de rock'n'roll, d'années 60 avec des scènes cultes d'apartheid au bahut, de drague de rue ou d'excursions nocturnes. Un état des lieux social, sonore et humoristique de l'ancienne nouvelle jeunesse. Gros classique.

Dans ce même ordre de représentation loubarde sans pitié, on peut citer le gang des Turnbull AC's dans le mythique THE WARRIORS (1979), ils apparaissent cependant dans une infime partie du film.


Le vrai revival skinhead anglais à l'écran, même si on aperçoit des zéras de manière parsemée dans les films rock BREAKING GLASS et RUDE BOY sortis en 1980, viendra de l'initiative d'Alan Clarke qui réalise...




MADE IN BRITAIN (1982, Alan Clarke)

1er film de Tim Roth, qui assurera plus tard sa réputation glaciale chez Tarantino ou dans LITTLE ODESSA. Il campe ici un skinhead de 16 ans, adolescent violent, insoumis et incontrôlable. Trevor ne supporte aucune forme d'autorité et vit plus ou moins dans un centre de jeunes décrocheurs, préférant aller sniffer de la colle avec son poto négro, et voler des voitures, que de chercher du travail, de toute façon y'en a pas. Ses conneries sont sans limite, croyant que le monde lui appartient. Il va en faire les frais à travers plusieurs scènes d'humiliation. Puis il fera la bavure de trop... La swastika tatouée entre ses deux yeux est plus un cri de guerre contre la terre entière qu'un programme politique mais le tournant du mouvement comme des films s'y consacrant s'opère ici.



Alan Clarke qui avait déjà sorti le puissant SCUM (1979) dans ce même registre "jeunes à la dérive", réalisera le meilleur film sur le hooliganisme en 1988, THE FIRM. Tim Roth lui, jouera un garçon à moitié autiste dans le film socialement dépressif de Mike Leigh, MEANTIME (1984). Illustration de la vie de jeunes adultes sans futur, déambulant sans but dans les projets suburbains. Phil Daniels, héros de QUADROPHENIA, interprète le grand frère bien dégueulasse. Et qui joue le rôle du skinhead alcoolisé et virulent ? Gary Oldman plus grimaçant que jamais. Film TV encore une fois, ce qui n'enlève rien à sa qualité.

Fin de l'acte I.

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Commentaires

1. Le mercredi 11 mars 2009 à 03:38, par Blackseb

Made in Britain avec Tim Roth est excellent si je me souviens bien...

2. Le mercredi 11 mars 2009 à 08:40, par borria

Oi! oi! oi !


Excellent ce post...
On attends la suite avec impatience.

Acte II ou III avec "Romper Stomper" et Russel Crowe ?

3. Le mercredi 28 décembre 2011 à 12:53, par ac/dc

Dans votre liste, vous avez oublié le (tres rare) breaking of bumbo (1970)

le film commence avec des emeutes de skinheads devant le palais royal de Londres

4. Le mercredi 28 décembre 2011 à 14:15, par Patron


Merci. Mais les skinheads ne sont pas au centre de l'histoire, si ?

5. Le jeudi 29 décembre 2011 à 23:41, par Franz

Oi! Oi Patron Get Your Hair Cut

Les skins allemands s'habillent encore comme ça aujourd'hui pour beaucoup d'entre eux!

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