Les années psychologie. Et le constat que derrière la violence brute, il y a un petit coeur à bretelles qui bat. Le cinéma s'élève, du moins essaie, et on obtient de belles réussites. Les réalisateurs reviennent aux racines ou tentent autre chose, et dans les deux cas, ça vaut le coup d'oeil.

[ACTE I - ACTE II]




OI! WARNING (1999, Ben & Dominik Reding)

Étrange film allemand. Janosh fugue, et se réfugie chez Koma, ex-ami scout devenu skinhead, vivant avec sa meuf qui attend un enfant. Janosh, fan du style brutal de Koma, va lui aussi se skinheadiser et tenter de se faire accepter dans la bande à bretelles. En crise d'identité totale, il va tomber amoureux d'un punk (?), ce qui évidemment, va très mal se terminer. Boue, bière, boxe, concert (SMEGMA), et pas de politique. Les personnages évoluent dans un univers déshumanisé (la Ruhr). C'est tourné en noir & blanc. Violent.




THE BELIEVER (2001, Henry Bean)

Histoire vraie! Aussi taré que ça puisse paraître. Un étudiant avec son sac à dos rempli de bouquins se proclame skin yahoudi et lit en simultané la Torah et Mein Kampf, ouh! Le jeune juif se promène dans New-York cité avec un t-shirt croix gammée. C'est le bordel. Il rencontre une fille (Summer Phoenix xxx) et ça empire (sa mère c'est Theresa Russell!). Un journaliste s'emmêle. Convaincu de la supériorité de la race aryenne et de son intellect, il va prier tranquillement à la synagogue... Puis Danny Balint perd les pédales et finit façon kamikaze dans une morale très judéo-chrétienne. Film confus mais pas inintéressant. C'est Ryan BoGosling qui interprète fort bien Danny, nom visiblement en vogue chez les jeunes skins américains.




FÜRHER EX (2002, Winfried Bonengel)

Encore un film expérimental germain. 1986. République Démocratique Allemande. Tommy et Heiko ont des envies de liberté (Coca et Big Mac). Une nuit ils essaient de franchir le mur. VERBAUTEN. Au cachot. Viol et violence s'enchainent. Tommy va faire copain-copain avec les nazis du coin tandis que Heiko va réussir à se faire la malle. À sa sortie, Tommy, plus nazi que nazi, va s'engager à fond dans le socialisme-national et va s'encanailler avec les skins du district. Mais quand Heiko va repointer son museau, il va falloir choisir, croix de bois ou croix de fer ? Bon, c'est pas fantastique, on a souvent du mal à y croire, mais ça reste avérage dans le registre "film de jeunes".




16 YEARS OF ALCOHOL (2003, Richard Jobson)

Un ancien skinhead essaie de surmonter son addiction à l'alcool et à la toltchoke. Le film commence lourdement, aussi lent que SPIDER de Cronenberg, avec la même situation d'adultère au pub. L'enfant meurtri bascule, et soudain, changement radical de rythme, SYMARYP à fond, la bande des 4 est dans ses œuvres. ORANGE MÉCANIQUE à l'identique. Frankie (Kevin Mc Kidd qui jouait dans TRAINSPOTTING, et son charisme à la Dolph Lundgren) est le maitre violent façon Alex De Large tandis que Miller joue Dim, l'abruti qui prend. Les 2 autres tchevoleks ne servent à rien.



Et comme dans le bijou de Kubrick, c'est le sot qui aura le dernier mot. La tentative de féminisation de Frankie par sa copine, Helen (Laura Fraser mmm), est amusante. Changement de look, d'attitude, de goûts musicaux et artistiques, ce qui donne d'amusantes discussions et une excellente scène dans une galerie d'art ! Mais ça ne fonctionne pas et son ultime recours est la thérapie de groupe. La fin redevient un peu prétentieuse, dû à tous ses plans photos avec voix off qui philosophe sur l'espoir et l'amour, mais ça reste beau. Pas une trace de nazi. Une fin injuste. Bien vu.




ADAM'S APPLES (2005, Anders Thomas Jensen)

Adam, skinhead apôtre du mal et fan des disques d'Adolf, doit purger sa peine de travaux d'intérêts généraux dans une chapelle au milieu de nulle part. Il se heurte d'entrée au fanatisme d'Ivan (Mads Mikkelsen, découvert dans la trilogie PUSHER), le prêtre de la paroisse. Défenseur du bien à tout prix, quitte à se voiler la vérité depuis des années, Ivan va se révéler être complètement timbré. Adam rencontre les autres "détenus". Gunnar, ex-tennisman devenu obèse, et Khalid, terroriste militant qui braque la même station service depuis des années. La fine équipe.

Au moment de choisir le but à atteindre pendant son séjour, Adam balance "faire un gateau aux pommes" pour le fun, et Ivan le prend au mot. C'est alors que les éléments vont se dresser contre la confection du gâteau. Adam va tout faire pour prouver à Ivan que ce n'est pas Satan qui lutte contre eux mais Dieu qui le déteste (référence au Livre de Job, dans l'Ancien Testament). Jusqu'à ce qu'Ivan en meurt... enfin presque. Une comédie danoise au top, crue et directe (par le réalisateur des BOUCHERS VERTS). À voir vite.




STEEL TOES (2006, Mark Adam & David Gow)

Rien de nouveau sous la lune canadienne. Toujours le sempiternel triptyque Exaction-Punition-Rédemption. Mike (Andrew Walker) se fait arrêté pour avoir essuyer ses bottines d'acier sur un pakistanais. Celui-ci meurt à l'hopital. Aïe. Pas de détour par la case départ. Mike se retrouve seul dans sa prison (??). L'avocat commis d'office est juif (David Strathairn), il va donc y avoir des étincelles. Puis l'isolement va faire réfléchir Mike, pendant qu'à l'extérieur, le "dossier skinhead" de Dunkelman l'humaniste va l'entrainer dans la tourmente. Tout est bien qui finit bien, la réhabilitation est au bout du tunnel. C'est beaucoup trop prévisible. Et c'est très chiant comme film.




THIS IS ENGLAND (2007, Shane Meadows)

Shaun est un gosse de 8 ans qui a perdu son père (tué dans le conflit aux Malouines). Lui et sa mère ont déménagé et ce nouvel environnement anglo-nordique l'oppresse (Les kids se moquent de son futal pattes d'eff!). Un soir, il tombe sur la bande de skins locale. Il est séduit et succombe à la mode quelques jours plus tard, en devenant la mascotte du crew. Tout se passe bien, on est jeunes, on rigole, on tripote les filles. Et puis ça devient vrai quand Combo, l’ex-boss, sort de prison et abreuve la banda de ses récits nationalistes et racistes.



Le groupe se scinde alors en 2, ceux qui veulent s’engager dans le combat et ceux qui veulent continuer à rouler des buzz tranquille. Rien ne va plus et tout le monde se tire dans les pattes. La fin est relativement exagérée (la violence de Combo) et la morale très simpliste (Shaun jetant le drapeau anglais à l’eau) = la politique détruit tout. L’atmosphère reste anglaise donc réelle et froide. La bande son reggae n’est pas déplaisante mais manque cruellement de Oi!, on est en 1983 je vous le rappelle. A voir pour la belle Lol (je sais pas qui a choisi son nom...), la bird de tes rêves.




SKIN (2008, Hanro Smitsman)

Finissons en beauté avec une synthèse de tous les bons films sur le sujet. Fin des années 70, début 80, nous sommes dans un environnement faussement multiracial (THIS IS ENGLAND), catapultés en Hollande. Pas commun. La morosité est commune, elle. Frankie ne va pas à Hollywood mais aide son père à la laverie. Celui-ci est atteint de sévères traumatismes depuis la 2ème guerre mondiale. Car oui, Frankie est juif (THE BELIEVER), et roux. Sa mère tombe gravement malade (AMERICAN HISTORY X) et par solidarité avec sa chimiothérapie, il se coupe aussi les voloss.



Le petit tondu est perdu, son père impuissant ne fait rien pour arranger les choses. Un soir d'un concert keupon, Frankie le ventre plein de haine tend le bras. Bagarre. Il se fait rattraper par la bande de skins squatteurs (ROMPER STOMPER) et participe à un faits divers reconstitué de 1982, où des skins avaient pris un squat d'assaut. Les cibles ne sont pas uniquement les punks mais aussi les metalheads ahah. C'est d'ailleurs à cause d'eux que Frankie finira au trou (AMERICAN HISTORY X) et poignardé, pour seule faute d'avoir renoué avec son pote renoi d'antan. Excellent et tragique film inspiré de MADE IN BRITAIN (Frankie est un Tim Roth tout craché). C'est la FIN.