Le décor est planté dès le commencement. Deux jeunes rockers pauvres (pléonasme), Yvan (Wadeck Stanczak), Henri (Lucas Belvaux), et leur copine Anne (Gisel Glass), commettent un casse dans un magasin de musique pour chouraver 2-3 guitares. Manque de bol, le patron est là et fait une crise d'épilepsie au moment où ils l'agressent. Ils se barrent en courant sous la pluie battante et la trame est lancée. Pendant 1h30, le film ne baisse pas en intensité, sous fond de rock 80's et de post-punk (NEW ORDER, WOODENTOPS, LES AVIONS, apparition d'ETIENNE DAHO plein d'opium). Les trois inséparables, torturés par la mort de ce type, finissent par se démolir mutuellement, faisant tomber à l'eau leur amitié, leur amour et le groupe pour lequel ils avaient tant de projets.



Olivier Assayas, fan de punk rock, répond d'ailleurs à une entrevue sur le sujet dans les bonus du DVD (accompagnée de ses premiers courts-métrages avec ELLI & JACNO!). Le parcours du groupe du film correspond au chemin rêvé du groupe rock français de l'époque : répètes à Paris-Banlieue, concert au Gibus, concert au Marquee à Londres (avorté), et enfin le studio d'enregistrement à New-York (c'est d'ailleurs là que la non-professionnalisation du rocker porte préjudice à Henri). Un film très noir, romantique dans le vrai sens du terme, parfois maladroit mais sincère, et surtout rare dans cette mouvance, où se mêlent rapports humains extrêmes et milieu underground. La dernière scène qui laisse planer un peu d'espoir voit NY plonger dans la nuit, sublime.