RAPT (2009)
Par ROD, mercredi 25 novembre 2009 à 00:17 :: FILMS NOUVEAUX :: #615 :: rss

Du social au sentimental, Lucas Belvaux franchit franchement le pas. Déçu, j'étais obligé de l'être après son précédent coup de poing LA RAISON DU PLUS FAIBLE. J'espère d'ailleurs que son rapt de spectateurs les conduiront à fouiner dans sa filmographie. Yvan Attal le performeur est Stanislas Graff, riche héritier à la ruine et à la tête d'un grand groupe industriel pesant 10 zéros sur la balance. Bref état des lieux, entre déjeuners ministériels, après-midi à l'horizontal et soirées tapis vert, le peu de temps restant de ce puissant, déconnecté de la réalité, est imparti à la famille. Mais cette réalité va lui sauter au visage...

Brutalement enlevé avenue Foch à la sortie de chez lui, la vie de Graff va basculer. Emmené d'abord dans une cave, il est séquestré dans une toile de tente, enchainé, bâillonné, nourri au pain sec et à l'eau (Attal a perdu 20 kilos pour le rôle). Les truands lui coupent une phalange qu'ils envoient à la famille pour montrer qu'ils ne sont pas là pour plaisanter. Sa vie est estimée à 50 millions d'euros (qu'il n'a pas) et pas un de moins. Le bras de fer commence entre sa femme choquée, qui accepte aussitôt de payer, sa mère cynique, le groupe d'actionnaires requins à qui Graff est lié, la presse déchainée qui déballe la vie de flambeur de Graff aux yeux du monde, et la police, tiraillée entre le ministre voulant étouffer l'affaire, la famille voulant récupérer le leur et les puissants patrons qui ne mettent pas longtemps à céder le siège de N°1.
Plusieurs rendez-vous rançon vont être fixés, tous échoueront. D'abord la fille aînée de Graff, trop de panique, et ensuite son avocat, trop de flics. Puis les truands prennent leur temps, patiemment, laissant s'écouler plusieurs semaines sans nouvelles. Seulement lors de la dernière remise, et après un jeu de piste déroutant tout autour de Paris, les plus malins auront raison des autres. Police 1 - 0 Bandits. Un mort, une détention, qui ne veut pas parler. Les rapteurs n'ont plus d'autre solution que de libérer Graff, déplacé entre temps pour assurer leur sécurité, ils réalisent que depuis le début personne n'avait l'intention de payer. Le lendemain soir ils le lâchent en banlieue parisienne.

Quand Graff retrouve sa vie d'avant, c'est le choc. La victime est devenue coupable. L'égoïsme et l'intéressement opposés à la liberté sans limites. Plus aucune valeur n'existe. Les médias ayant fait leur travail de sape, son couple et ses affaires sont anéanties. On le prie de bien vouloir changer de vie. L'homme brisé ne communique plus qu'avec son chien. Les ravisseurs paraissent maintenant plus humains que l'entourage cravaté de Stanislas, ils l'ont toutefois relâché sous une condition, une reconnaissance de dette de 50 millions d'€ comme prévu au départ, débitable à tout moment. Quelques matins plus tard, un courrier arrive, nom de code : CALYPSO ...

Le rythme du film est efficace, le ton grave, les personnages austères, comme toujours chez Belvaux, malgré quelques lenteurs qui rajoutent un sentiment général de froideur. Cette libre inspiration de l'affaire Empain, 30 ans après, est intelligemment ramenée à notre époque où l'on n'enlève plus les patrons. Si quelques détails précis ont été sauvegardés, c'est un peu dommage que les premières revendications autonomes de la bande criminelle ainsi que la course poursuite beaucoup plus mouvementée dans le faits divers n'aient pas été transposés tels quels à l'écran. Belvaux échappe au spectacle pour se concentrer sur l'abattage et l'abattement d'un homme. Défendre l'indéfendable, pari réussi.

Brutalement enlevé avenue Foch à la sortie de chez lui, la vie de Graff va basculer. Emmené d'abord dans une cave, il est séquestré dans une toile de tente, enchainé, bâillonné, nourri au pain sec et à l'eau (Attal a perdu 20 kilos pour le rôle). Les truands lui coupent une phalange qu'ils envoient à la famille pour montrer qu'ils ne sont pas là pour plaisanter. Sa vie est estimée à 50 millions d'euros (qu'il n'a pas) et pas un de moins. Le bras de fer commence entre sa femme choquée, qui accepte aussitôt de payer, sa mère cynique, le groupe d'actionnaires requins à qui Graff est lié, la presse déchainée qui déballe la vie de flambeur de Graff aux yeux du monde, et la police, tiraillée entre le ministre voulant étouffer l'affaire, la famille voulant récupérer le leur et les puissants patrons qui ne mettent pas longtemps à céder le siège de N°1.
Plusieurs rendez-vous rançon vont être fixés, tous échoueront. D'abord la fille aînée de Graff, trop de panique, et ensuite son avocat, trop de flics. Puis les truands prennent leur temps, patiemment, laissant s'écouler plusieurs semaines sans nouvelles. Seulement lors de la dernière remise, et après un jeu de piste déroutant tout autour de Paris, les plus malins auront raison des autres. Police 1 - 0 Bandits. Un mort, une détention, qui ne veut pas parler. Les rapteurs n'ont plus d'autre solution que de libérer Graff, déplacé entre temps pour assurer leur sécurité, ils réalisent que depuis le début personne n'avait l'intention de payer. Le lendemain soir ils le lâchent en banlieue parisienne.

Quand Graff retrouve sa vie d'avant, c'est le choc. La victime est devenue coupable. L'égoïsme et l'intéressement opposés à la liberté sans limites. Plus aucune valeur n'existe. Les médias ayant fait leur travail de sape, son couple et ses affaires sont anéanties. On le prie de bien vouloir changer de vie. L'homme brisé ne communique plus qu'avec son chien. Les ravisseurs paraissent maintenant plus humains que l'entourage cravaté de Stanislas, ils l'ont toutefois relâché sous une condition, une reconnaissance de dette de 50 millions d'€ comme prévu au départ, débitable à tout moment. Quelques matins plus tard, un courrier arrive, nom de code : CALYPSO ...

Le rythme du film est efficace, le ton grave, les personnages austères, comme toujours chez Belvaux, malgré quelques lenteurs qui rajoutent un sentiment général de froideur. Cette libre inspiration de l'affaire Empain, 30 ans après, est intelligemment ramenée à notre époque où l'on n'enlève plus les patrons. Si quelques détails précis ont été sauvegardés, c'est un peu dommage que les premières revendications autonomes de la bande criminelle ainsi que la course poursuite beaucoup plus mouvementée dans le faits divers n'aient pas été transposés tels quels à l'écran. Belvaux échappe au spectacle pour se concentrer sur l'abattage et l'abattement d'un homme. Défendre l'indéfendable, pari réussi.

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