Ce qu'il nous faut c'est la haine...
Par ROD, mardi 9 mars 2010 à 18:01 :: LECTURES :: #687 :: rss
Mon art consistant à exploiter le mal, puisque je suis poète, on ne peut s'étonner que je m'occupe de ces choses, des conflits par quoi se caractérise la plus pathétique des époques. Le poète s'occupe du mal. C'est son rôle de voir la beauté qui s'y trouve, de l'en extraire (ou d'y mettre celle qu'il désire, par orgueil?) et de l'utiliser. L'erreur intéresse le poète, puisque l'erreur seule enseigne la vérité. Je répète ici que le poète est asocial (apparemment), il chante les erreurs, il les enchante ensuite afin qu'elles servent - ou la soient - la beauté du lendemain. La définition du mal me fait croire qu'il n'est que le résidu de Dieu. La poésie ou l'art d'utiliser les restes. D'utiliser la merde et de vous la faire bouffer. Par mal, j'entends ici le péché contre les lois sociales ou religieuses (de la religion d'État) alors que le Mal n'existe que dans le fait de donner la mort, ou d'empêcher la vie. N'essayez pas de prendre appui sur cette définition rapide pour condamner les meurtres. Tuer c'est souvent donner la vie. Tuer peut être bien. On le reconnait à l'exaltation joyeuse du meurtrier. [...] Il tue pour qu'il vive puisque ces meurtres sont le prétexte et le moyen d'une vie plus haute. Le seul crime serait de se détruire soi-même car du coup c'est tuer la seule vie qui compte, celle de son esprit.
Pompes Funèbres, Jean Genet, 1947.
Commentaires
1. Le mardi 9 mars 2010 à 22:41, par non
2. Le mercredi 10 mars 2010 à 08:18, par Piggy
3. Le mercredi 10 mars 2010 à 08:51, par non
4. Le mercredi 10 mars 2010 à 23:06, par Piggy
5. Le jeudi 11 mars 2010 à 10:04, par Bernard B.
6. Le jeudi 11 mars 2010 à 19:30, par non
7. Le lundi 15 mars 2010 à 06:14, par Cochon mon cul ouais
8. Le mercredi 17 mars 2010 à 09:48, par lol
9. Le mercredi 17 mars 2010 à 11:07, par ptdr
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