Fluoglacial - Tendances Négatives

L'amour, la femme, le masochisme.



L'AMOUR EST MASOCHISTE.

"Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces milles inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes même de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?"


L'HOMME ET LA FEMME NE SONT PAS FAITS POUR S'ENTENDRE...

"...s'aimer, se fondre et se confondre. Au contraire, ils se détestent et s'entre-déchirent; et si, dans cette lutte qui a nom l'amour, la femme passe pour être l'éternelle victime, en réalité c'est l'homme qu'on tue et qu'on retue. Car le mâle c'est l'ennemi, un ennemi maladroit, gauche, pas trop spécialisé. La femme est toute puissante, elle est mieux assise dans la vie, elle a plusieurs centres étérogènes, elle sait donc mieux souffrir, elle a plus de résistance, sa libido lui donne du poids, elle est la plus forte. L'homme est son esclave, il se rend, se vautre à ses pieds, abdique passivement. Il subit. La femme est masochiste. Le seul principe de vie est le masochisme et le masochisme est un principe de mort. C'est pourquoi l'existence est idiote, imbécile, vaine, n'a aucune raison d'être et que la vie est inutile."


LA FEMME EST MALÉFIQUE.

"L'histoire des civilisations nous montre les moyens mis en oeuvre par les hommes pour se défendre contre l'avachissement et l'effémination. Arts, religions, doctrines, lois, immortalité ne sont que des armes inventées par les mâles pour résister au prestige universel de la femme. Hélas! cette vaine tentative est et sera toujours sans résultat aucun, car la femme triomphe de toutes les abstractions.

Il n'y a pas un homme sur dix millions qui échappe à cette hantise de la femme et qui, en l'assassinant, lui porterait un coup direct; et l'assassinat est encore le seul moyen efficace que cent milliards de générations de mâles et mille et mille siècles de civilisation humaine ont trouvé pour ne pas subir l'empire de la femme. C'est dire que la nature ne connait pas le sadisme et que la grande loi de l'univers, création et destruction, est le masochisme."



LES FEMMES ONT LE GOÛT DU MALHEUR.

"Elles ne sont heureuses que quand elles peuvent se plaindre, quand elles ont raison, quand elles ont cent fois raison d'avoir raison de se plaindre, quand elles peuvent s'avilir avec volupté, avec frénésie, passionnément, dramatiquement. Et comme elles sont cabotines dans l'âme, il leur faut une galerie, un public, même imaginaire, avant de s'offrir en holocauste. Une femme ne se donne jamais, elle s'offre toujours en sacrifice. C'est pourquoi elle croit toujours agir selon un principe supérieur. C'est pourquoi chacune d'elles est intimement convaincue que tu lui fais violence et prend le monde entier à témoin de la pureté de ses intentions. La prostitution s'explique non pas par un besoin de dépravation, mais par ce sentiment égocentrique qui ramène tout à soi et qui fait que les femmes considèrent leur corps comme le bien le plus précieux, unique, rare; aussi elles y mettent le prix, c'est une question d'honneur. Ceci explique ce fond de vulgarité que l'on trouve même chez les plus distinguées et ces aventures de cuisinière qui arrivent communément aux plus nobles. Comme son rôle est de séduire, la femme se croit toujours au centre de l'univers, surtout quand elle est tombée très bas. L'avilissement de la femme est sans fond, de même sa vanité. Comme les pédérastes de leur turpitude, la femme reste victime de ses illusions et de ses vaines imaginations passionnelles. D'où drame, drame perpétuel."

"Maintenant, je comprends que le Marquis de Sade était innocent. Le plus grand malheur qui puisse arriver à un homme, et ce n'est pas tant un désastre moral qu'un signe de vieillesse prématurée, c'est de prendre une femme au sérieux. La femme est un joujou. Tout être intellectuel - l'intelligence est un jeu, n'est-ce pas, un jeu désintéressé, c'est-à-dire divin - tout être intellectuel a le devoir de lui ouvrir le ventre pour voir ce qu'il y a dedans, et s'il y trouve un enfant, n'est-ce pas, ça c'est triché !"

Moravagine, Blaise Cendrars, 1926.

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Commentaires

1. Le mardi 2 novembre 2010 à 14:37, par K

il faudra que je reste toujours bien dur

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