Fluoglacial - Tendances Négatives

LA VILLE-BIDON (1971)



Ce film de Jacques Baratier ne sort réellement qu'en 1976, après un passage télé en 1973. Tourné comme un faux-documentaire, il filme la banlieue en pleine mutation et plus précisément, les fameux choux fleurs de Créteil et la zone du Val de Marne. Un député-maire cynique veut vider les bidonvilles qui jonchent l'immense terrain vague pour construire la ville nouvelle, "la cité de verre". Un endroit que les futurs citoyens n'auront plus à quitter car il subviendra à chacun de leurs besoin. Une magouille entre l'élu, le propriétaire et un sociologue va tenter de donner de la raison aux expulsions. Relogées à 12 dans les HLM voisins, les familles sont en proie à la difficile promiscuité, au chômage, à l'alcoolisme... C'est ce gardien d'immeuble complètement désabusé (joué par Roland Dubillard) qui en parle le mieux.



En parallèle, les casseurs du terrain vague (autrement dit les ferrailleurs qui désossent les bagnoles et fouinassent jour et nuit) s'adonnent au rodéo rebelle: le ski tellurique. Une DS sans toit tire un capot ou une portière attachée par une corde. Le jeu est de tenir debout et de ne pas lâcher prise. Mario (Daniel Duval) est le meneur du groupe. Il fricote avec Fiona (Bernadette Lafont) qui vit à côté. La nuit ils font des concerts noise industriel dans la décharge. C'est le passage le plus pénible du film, quand Bernadette se prend pour la diva de la taule ondulée, on lorgne vers le cinéma expérimental germanopratin (Le cimetière des voitures ?). Un faits divers vient clôturer tout l'basstringue. Une fille est retrouvée assassinée, les ferrailleurs seuls contre tous (ennemis du "portos", des flics ou de l'ouvrier) sont accusés mais ne veulent pas renoncer à leur liberté. C'est la fête du feu dans la zone et ça finira mal.

A la fin, le gardien de la cité a de nouveau la parole, la ville nouvelle se dresse désormais devant l'horizon. « La qualité de la vie, qu’ils disent. Là où il y avait des trous pleins d’ordures, ils ont bâti des grandes bites en ciment, et ils croient que c’est pour toujours. Moi, j’attends même pas vingt ans pour voir comment tout ça va pourrir ». Visionnaire. Le film a vachement influencé "Les démons de Jésus" de Bernie Bonvoisin, pour se situer. La chanson originale a été écrite par Nougaro, "La décharge", avec un refrain ode aux loubards de la ferraille, "rrrroi de la boue, prince du feeer" ! A voir absolument.







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Commentaires

1. Le lundi 30 avril 2012 à 20:42, par Steeve

Ça a l'air terrible. Tu sais où on peut se procurer ce film?

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