Jobs are for losers !
Par ROD, vendredi 29 juin 2012 à 15:20 :: LECTURES :: #1281 :: rss
« Au cours des discussions menées par les Chômeurs Heureux, nous avions pu constater que la souffrance due à la privation d'emploi n'est pas proportionnelle au montant des allocations. Ceux pour lesquels celles-ci sont faibles souffrent, certes, de manque d'argent. Mais souvent le travail qu'ils ont perdu (ou auquel ils étaient destinés) n'était pas assez gratifiant pour qu'ils en aient la nostalgie. Il en va autrement de ceux qui, bien qu'étant mieux indemnisés, ne se remettent pas de la perte de leur statut social. Le chômage, ils le vivent comme un sevrage forcé. Par-dessus le marché, leur famille, leurs amis, les médias ne cessent de plaindre leur désœuvrement, ou bien de le stigmatiser. Oui, ceux-là sont bien en manque de travail, mais comme un camé est en manque de poudre! Et pourtant, personne ne va manifester dans les rues pour revendiquer "de l'héroïne pour tous!" On entend souvent dire qu'une moitié de la population se crève au boulot, tandis que l'autre s'ennuie à mourir. La chose peut être formulée autrement: une moitié est accoutumée à une dose croissante de la drogue travail, tandis que l'autre souffre de symptômes de manque. Ce sont les deux côtés d'une même médaille. Et nous n'avancerons pas d'un pouce en revendiquant la même dose, équitablement répartie entre tous, accompagnée le cas échéant d'une thérapie de substitution citoyenne. »
Éloge de la démotivation, Guillaume Paoli, 2008.
Commentaires
1. Le dimanche 1 juillet 2012 à 08:30, par crapaud
2. Le mardi 3 juillet 2012 à 21:45, par MattH
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