Fluoglacial - Tendances Négatives

Le dégoût comme moteur



« Le cinéma tragique devient effectivement une institution favorisant le progrès moral. Les masses démoralisées par une vie soumise sans cesse aux pressions du système, dont le seul signe de civilisation est un comportement d'automate susceptible de rares sursauts de colère ou de rébellion, doivent être incitées à la discipline devant le spectacle de la vie inexorable et du comportement exemplaire des victimes. La civilisation a de tout temps contribué à dompter les instincts révolutionnaires aussi bien que les instincts barbares. La civilisation industrialisée fait quelque chose de plus. Elle montre les seules conditions dans lesquelles nous sommes autorisés à vivre cette vie impitoyable. L'individu doit utiliser le dégoût que lui inspirent les choses pour en faire de l'énergie qui lui permet de s'abandonner au pouvoir collectif dont il est dégoûté. Transposées au cinéma, les situations qui accablent constamment le spectateur dans la vie quotidienne le rassurent en lui promettant, on ne sait comment, qu'il continuera son petit bonhomme de chemin. Il suffit de rendre compte de sa propre nullité, de reconnaîte la défaite pour "être dans le coup". »

Kulturindustrie, Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, 1944/2012.
(Picture: La Promesse, 1996)

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