Fluoglacial - Tendances Négatives

GOD BLESS AMERICA (2011)



Bobcath Goldwaith est un acteur comique américain qui s'est fait connaître grâce au rôle de Zed qu'il incarnait dans les Police Academy. Après avoir joué dans plusieurs demi-classiques des années 80 (One Crazy Summer, Tapeheads, Scrooged), il passe la décennie suivante à la télé. Sans doute un peu déçu par l'accueil de son Shakes The Clown en 1991 (les enfants n'aiment pas les clowns alcooliques), il attend 15 ans pour se remettre derrière la caméra, et depuis World's Greatest Dad, il semble retrouver le chemin du succès. Ce film ne m'aide pas trop à comprendre comment. Avec ses références à Network ou Natural Born Killers, ça aurait pu marcher, mais son discours trop facile et faussement engagé (une simple farce aurait mieux fait l'affaire) ainsi que l'aura indé qui plane autour n'apporte aucun regard neuf sur la société.



Cette "dénonciation colorée de la société américaine" joue dans la surenchère non-stop, à la manière du dernier Todd Solondz, et ne vole finalement pas très haut, moins haut que le bébé que Joel Murray explose dans la première scène du film, qui aurait pu être signé Rodriguez ou Tarantino. Frank en a ras le cul de sa vie, et on peut le comprendre. D'autant que la bonhommie de Joel Murray, frère de Bill Murray en un peu plus gros, donne tout de suite envie d'être dans son camp. C'est plus fort que lui, il ne peut s'empêcher de regarder la télé (réalité ou pas) et en vient à avoir des envies de faire souffrir les gens à l'écran, tout le monde a déjà vécu ça. Frank ne veut pas envoyer PIG par sms pour avoir la sonnerie cochon péteur. Contrairement à Michael Douglas dans "Falling Down", aliéné par le système, décidé, habité, le duo vengeur va ici cruellement manquer de saveur (couilles ?). Frank va pourtant se débarrasser des gens qui l'emmerdent, indirectement ou directement, en s'encombrant de Roxy...



Roxy est une ado "qui s'en fout de crever". Frank la rencontre à la sortie d'un lycée, où il remplit son premier contrat avec Dieu: tuer l'infernale gosse de riche d'une émission qu'il a l'habitude de regarder. Si les monologues politiquement incorrects de Frank frôlaient le placement de slogans, emmagasinés depuis plusieurs années dans le carnet de Goldwaith, là ça empire. Quand Roxy lui apprend façon Wikipedia que Alice Cooper a inventé le rock et que le reste est pédé, même si l'on peut être que ok de voir Bowie taclé, la scène frise le ridicule. J'ai oublié de préciser que Frank, seul et divorcé, venait de perdre son emploi, que sa fille ne voulait plus le voir avant qu'il lui offre un smartphone et qu'on venait de lui diagnostiquer un cancer (évident non ?). Alors qu'est-ce qu'il en a à foutre d'Alice Cooper, franchement.



En fait, le film ne se veut pas crédible, même s'il possède un bon potentiel de départ. On le suit jusqu'à la salle de cinéma, où des jeunes qui ne respectent pas le silence se font flingués pendant la séance. Le tournant road-movie entre violence et émotion, on tire par la fenêtre sur les vilains manifestants extrémistes ou sur un présentateur de télé anti-féministe, ramène vite le film dans le politiquement correct et le déjà-vu. Tara Lynne Barr me rappelle en plus une version miniature de Florence Foresti, dur. Pour résumer, 3 ou 4 courts métrages auraient mieux fonctionné qu'un long métrage foireux. Le finish sur le plateau télé de American Superstar, fil rouge du scénario, ne fait même plus marrer, à l'image du rire en diagonal de Murray. L'apprenti-chanteur moqué par le world wide web et le jury de l'émission va casser les oreilles des téléspectateurs une dernière fois avant que Frank & Roxy l'allument, lui et le public. Ils meurent ensuite en martyrs dans la quête d'un monde moins médiocre. Ce n'est malheureusement ni Ted ni Bobcat qui vont nous en sortir.

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Commentaires

1. Le lundi 15 octobre 2012 à 16:07, par Pom

Un regard neuf sur la société. On y revient toujours!

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