Fluoglacial - Tendances Négatives

Fernando Arrabal (1971-1975) : Panique !



Dans l'ombre de l'illuminé Alejandro Jodoroswky, on parle moins du cinéma de Fernando Arrabal, plus connu pour ses romans ou ses pièces de théâtre. Moins prétentieux et difficile d'accès que Jodoroswky, mais plus frappant visuellement, le deuxième pilier du groupe surréaliste Panique (le 3ème étant le dessinateur Roland Topor) s'en est pourtant donné à cœur joie dans la discipline. La reconnaissance de son triptyque dévastateur n'égale malheureusement pas EL TOPO (1971), ni la dimension mystique de THE HOLY MOUNTAIN (1973), mais le résultat est tellement timbré qu'il est nécessaire de s'y aventurer.


VIVA LA MUERTE (1971)



Un film engagé sans morale, c'est pas donné à tout le monde. Religion est ici synonyme de punition. L'Ancien Testament en plein dans ta face. C'est la guerre civile en Espagne et l'association curés/fascistes performe. Pédé, anar, "rouge, rouge, fils de rouge", t'as intérêt à te tenir à carreau si tu veux pas finir pendu, fusillé ou écartelé. Le sacré en prend un bon coup dans la face, et le clergé n'en parlons pas ! Franco est un tyran. Fando (sans Lys) est un enfant, et il se questionne sur les choses des grands. Pourquoi ma maitresse ne m'aime pas ? Pourquoi la milice est venu cherché papa ? Pourquoi j'ai envie de baiser maman ? Pourquoi tantine veut que je la fouette ?



Sa copine Thérèse se promène avec un dindon, ils jouent avec toutes sortes d'insectes et reptiles, eh ben dis donc. Un jour, il monte sur le toit de l'église et pisse sur la ville. C'est bien puissant. A l'image de ce curé se faisant subtiliser ses deux précieux bijoux. Un autre jour, sa mère subit une opération chirurgicale à cœur ouvert. Et un autre jour encore, elle se lave dans le sang d'un taureau. Ne mangez pas devant ce film. C'est pas ce gros porc de sergent qui me contredira. La bande son enfantine est géniale. Flashbacks psychédéliques absurdes, malaise, torture, prison, humiliations. C'est l'histoire d'un homme trahi par sa femme, pute du pouvoir. LONG LIVE DEATH.

LE GÉNÉRIQUE SIGNÉ TOPOR



J'IRAI COMME UN CHEVAL FOU (1973)



Le choc des civilisations. Le complexe œdipien. La fascination des nains. Dans la lignée d'EL TOPO, Arrabal décide de filmer dans le désert. Aden, jeune bourgeois instable et épileptique, tue sa mère. Déboussolé, il s'aventure dans le désert pour échapper à la police. Marvel est arabe. Nain. Et mange du sable. La nature lui appartient. Il domine les éléments. Il va initier Aden à son monde. Un monde simple, évident, sans stress ni problèmes. Aden tombe sous le charme. L'expérience homosexuelle qu'il va vivre sera unique. L'enquête policière tout comme les flashbacks au galop continuent leurs poussées. Mère, Christ, sexe, enfants nus. Les symboles s'affolent.



C'est l'heure d'inverser les rôles. Aden va conduire cet être pur et innocent dans le fatras de la civilisation occidentale (sous fond de chansonnette nazie!). C'est quoi l'argent ? A quoi ça sert ? Comme dans les films de Jodoroswky, une place est accordée au spectacle de rue. À nos dépends. Marvel se sent mal à l'aise dans l'appartement qu'Aden lui a offert. Ils mettent de la terre dedans et en font un jardin. Aden lui trouve une femme. Il ne sait pas quoi faire avec. Mais il ne va pas tarder à découvrir l'amour, même s'il ne saura jamais qu'elle possédait en fait un pénis ! Qui est savant ? Qui est ignorant ? La fin est hallucinante mais je la tais. Tout ça est scandaleux et merveilleux.

L'EXTRAIT



L'ARBRE DE GUERNICA (1975)



Le retour des nains ! Plus nombreux, plus vilains (n'égalant toutefois pas le record de SANTA SANGRE de Jodorowsky). Guerre civile part.2. Fiction, réalité, surréalisme. C'est encore le carnaval à l'écran. Images d'archives de guerre en pagaille. Tu croyais avoir tout vu dans VIVA LA MUERTE mais l'extase intervient après la mort. L'aristocratie fasciste a du mal à contenir le soulèvement du peuple. Des contre-opposants s'organisent, c'est la débandade complète à Villa Ramiro. IN-QUI-SI-CION. Les catholiques prennent cher. Jésus se fait sucer et se fait pisser dessus à quelques minutes d'intervalle. Dur.



L'absurdité de cette lutte politique et sanglante est mise en évidence par le fils du comte. Trentenaire surréaliste donnant dans la subversion à tous les étages. L'amour est donné par ce jeune professeur utopique, par la galoche d'anthologie entre ce prêtre et ce soldat, et aussi par cette femme qui se donne à deux nains. De toute façon, ils finiront crucifiés ou sur un taureau en bois, piqués par des banderilles dans l'arène. Alors ils ont bien raison de se faire plaisir. On ne sait plus qui complote, qui fait le bien et le mal. La confusion totale. Tout est symbolique et sujet à interprétation. La musique est classique et haut de gamme. C'est beau. C'était l'Histoire de l'Espagne, par Arrabal.

LA BANDE-ANNONCE


Claude Chabrol (1969-1971) : La Trilogie du Mal


QUE LA BÊTE MEURE (1969)



La vengeance avec un grand V est la trame de ce génial film de Claude Chabrol. Charles Thénier (Michel Duchaussoy) est un écrivain pour enfants qui passe ses vacances du côté de Quimper avec son fiston. Un matin, dans un bourg désert, le petit Michel revient de la pêche avec son épuisette... Et au carrefour, BOUM! Un taré le prend de plein fouet et continue sa route. Ce taré, Charles va essayer de le retrouver, de le traquer, pendant des mois et des mois, sans succès. La police n'a rien. Et c'est le hasard, le formidable hasard, qui va faire la différence. Une voiture embourbée ? Une aile endommagée ? Une actrice télé ? Le jour même du drame ? Le paysan qu'il croise sur sa route lui raconte tout sans se forcer, les assassins de son enfant sont passés ici-même il y a des mois de ça...



Charles va retrouver cette Hélène Lanson (Caroline Cellier), lui faire la cour et son œil va se remettre à briller à l'approche de la vérité. Elle a de la famille à Quimper et son beau-frère est garagiste, tout concorde merveilleusement. Elle sort en plus d'une grave dépression nerveuse, ce qui écarte visiblement sa culpabilité. Hélène qui n'apprécie pourtant pas sa famille va retourner passer quelques jours chez eux avec Charles. L'homme meurtri va enfin rencontrer le criminel, l'être abject qui a détruit son existence, Paul Decourt (Jean Yanne). C'est un homme invivable, cruel et injuste avec sa femme et son fils, distille sa haine et sa brutalité à chaque parole, l'antipathique total. Charles avait peur de rencontrer quelqu'un de charmant, là il n'a plus aucun doute, il le tuera sans sourciller, c'est certain. Cependant, le démon est plus malin que ça...



Charles écrit un journal depuis la mort de son fils, où il raconte dans les détails sa chasse au meurtrier et son souhait de vengeance mortelle. Paul lui vole et le dépose chez son avocat, au cas où il lui arriverait quelque chose Charles serait le suspect n°1. Lors d'une balade en voilier, Charles a planifié la mort de Paul qui ne sait pas nager, le temps se dégrade, parfait. Seulement, Paul sort son revolver, retour à la côte immédiat. Charles & Hélène sont mis dehors. La tentative a échoué. Ils reçoivent pourtant la visite de la police dans la soirée. Paul est mort. Empoisonné. Charles est questionné et son contre-alibi de suspect n°1 semble l'écarter. Pour couronner le tout, le fils Decourt se dénonce lui-même témoignant la haine de son paternel. Le coup de Charles est parfait, digne d'une tragédie grecque. Il rédige une dernière lettre signant ses aveux avant de s'enfuir en mer. Subtil, brut et tragique, le cinéma français au top.



LE BOUCHER (1970)



La folie amoureuse meurtrière est au cœur de ce film tourné du côté de Sarlat en Dordogne. Stéphane Audran (Hélène), l'institutrice du village rencontre Popaul (Jean Yanne), le boucher, à un mariage. Celui-ci chope le coup de foudre. Il la suit partout, lui fait des cadeaux, lui offre ses services et parvient même à obtenir son amitié. Mystérieusement, à chaque fois qu'elle se rend quelque part, en promenade scolaire, dans une autre ville ou ailleurs, une femme est retrouvée assassinée après son passage. La tension au fond de ce bourg isolé va croître tout au long du film, façon Hitchcock.



Popaul a vu les atrocités de la guerre et se plaît à déballer ses spectacles verbaux répugnants à chaque nouvelle d'un nouveau crime. Seulement un jour, Hélène fait visiter les fameuses grottes à ses élèves et est la première à découvrir le corps mutilé de cette jeune fille ("Il pleut ?" "Non c'est du sang!!"). Celle-là même qui s'est mariée quelques temps plutôt et a provoqué leur rencontre. Elle trouve par hasard le briquet offert à Popaul quelques jours auparavant sous une pierre. Le frisson s'installe. Mais le boucher démoniaque s'est re-procuré le même, ce qui éloigne temporairement ses soupçons. Elle ne sait plus.



Un samedi soir (en province), Popaul se fait plus pressant, lui avouant qu'il doit absolument lui parler. Il EST LÀ, frappant au carreau. C'est la grosse panique, les escaliers, les verrous, les fenêtres. Mais il est déjà à l'intérieur. L'amour profond est avoué, les crimes passionnels aussi. Devant la froideur et l'impassibilité de l'institutrice, dépourvue de sentiments depuis une relation antérieure, le boucher devenait fou et tuait, violait, démembrait, faute d'amour réciproque. La fin est tragique une fois de plus, avec un suicide inattendu à la clé. Une atmosphère unique, un suspense haletant, à voir vraiment.



JUSTE AVANT LA NUIT (1970)



Je termine avec, pour moi, le chef d'œuvre ultime de Chabrol. Tous les ingrédients qui ont fait sa renommée sont ici: les restes de la nouvelle vague, la satire de la bourgeoisie, l'infidélité et les jeux interdits, la noirceur, l'angoisse perpétuelle, la beauté déconcertante de ses actrices (Stéphane Audran) et la froideur incommensurable de ses acteurs (Michel Bouquet l'esquimau), déjà en couple dans LA FEMME INFIDÈLE. Charles Masson (Bouquet) est un publicitaire embourgeoisé qui s'adonne à des jeux SM avec la femme de son meilleur ami François (Périer). Mais un jour, alors qu'il l'étrangle pour la faire jouir, il perd le contrôle... Laura est étendue sur le lit, complètement inerte. Il quitte la chambre, abasourdi. Au comptoir d'un troquet du quartier, il tombe par HASARD sur François, le malaise...



Ils vont manger ensemble et François reçoit un coup de fil, Laura a eu un accident. Il part sur les lieux, Charles rentre chez lui après lui avoir proposé de l'accompagner. Dans un premier temps, Charles va prendre sur lui et ne rien dire à personne. Cependant, une amie de Laura le fixe durant l'enterrement, Hélène (Audran), sa femme, le remarque. Cette amie va attendre quelques jours puis va faire part de ses doutes à François, désemparé. Elle est certaine d'avoir vu ce Charles avec Laura à la porte de cette chambre. François ne veut rien savoir, il le connait depuis 25 ans, et lui prie de ne pas aller à la police, elle accepte. Mais c'est Charles qui perd le premier les pédales alors que François fait progressivement le deuil de sa femme.



Il avoue d'abord à Hélène qu'il l'a trompé, avec Laura, puis ensuite que c'est lui l'assassin. Celle-ci est de tout cœur avec lui. Déçu de cette absence de châtiment et de souffrance, le remord le ronge entièrement. Il ne veut plus aller au travail, devient instable, suant, glacé avec ses enfants et sa femme, ne dort plus. Il décide d'avouer les faits à François, qui lui aussi reste impassible et sans animosité aucune. Incroyable. Il a commis un meurtre, de sang froid, et personne ne veut le punir. C'est décidé, demain matin, il ira se dénoncer lui-même à la police, qui a presque classé l'affaire. Mais Hélène va décider de son destin à sa place, privilégiant la mort à l'isolement. C'est un des films les plus froids et noirs de France, rien qu'une fraction de seconde dans le regard de Michel te glace le sang. IMMANQUABLE.

Route 69 : Les USA en 3 dimensions

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SKINHEADS: Ennemis pour l'éternité (Acte III)


ACTE III: Crise Identitaire & Réhabilitation (1999-2008)

Les années psychologie. Et le constat que derrière la violence brute, il y a un petit coeur à bretelles qui bat. Le cinéma s'élève, du moins essaie, et on obtient de belles réussites. Les réalisateurs reviennent aux racines ou tentent autre chose, et dans les deux cas, ça vaut le coup d'oeil.


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SKINHEADS: Ennemis pour l'éternité (Acte II)


ACTE II : Être nazi ou ne pas être (1989-1998)

Au début des années 90 va apparaître toute une série de films, plus ou moins merdiques, laissant un même constat: les skinheads sont tous des abrutis, fanatiques du 3ème Reich. Et évidemment, le premier "joyau" du genre vient des Amériques et s'appelle originalement...


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SKINHEADS: Ennemis pour l'éternité (Acte I)

ACTE I : Prémisses & Renouveau (1963-1982)

Les skinheads derrière l'écran ne se résument pas à des documentaires politiques, musicaux ou footbalistiques. En 3 actes, je vais vous parler de "vrais" films où les vilains chauves occupent une place récurrente, voire même les rôles principaux, et ça commence très tôt...


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Nouvelles Vagues (2004-2008)

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Durant la seconde partie de la décennie 2000 est sortie une pelleté de compilations remettant les vieilleries françaises au goût du jour, sous forme de classiques, de titres modifiés ou carrément de nouveaux morceaux. En voici huit, de qualité vérifiée, QUE VOUS POUVEZ ACHETER AUX LABELS CITÉS. En supplément, un support vidéo offert par le DVD RVB TRANSFERT sorti en 2006 et proposant une cinquantaine de clips tournés dans tous les sous-sols français de l'hexagone de 1979 à 1991. Allez allez allez.

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ADOPTE UN MEC: L'enquête corsée


Attention. Tout ce que tu vas lire ici est vrai, seuls les noms ont été changés pour protéger les innocentes. Pour ponctuer les mots, quelques clichés distingués, t'invitant à l'étreinte et aux joies de la vie à deux.

(Enquête réalisée début décembre et comprenant 8 questions. Panel représentatif de 18 à 44 ans. 500 envois, 50 témoignages recueillis.)


DÉCOUVERTE ET ALIBI

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Les femmes ne sont pas trop bavardes à ce propos. 65% d'entre elles ont découvert le site grâce à un ou une amie (ou plus rarement un membre de leur famille). Les amis ont bon dos.

La "curiosité" est le facteur principal de la plongée d'un tiers d'entre elles dans la spirale Adopte. 20% y sont venues pour "délirer". Le concept original, amusant, voire novateur étant unanimement reconnu par toutes.

J'aimais le concept d'homme-objet. Quand je suis arrivée sur la page de présentation j'me suis dit "wow mais c'est trop bien pensé, les trucs promo du jour, tombé du camion, etc. (Michelle, 21 ans, Rennes)

J'aime le concept ça évite d'être harcelée par des mecs avec qui on veut pas parler. (Véronique, 21 ans, Loiret)


10% avouent s'y être inscrites à la suite d'une rupture ou par chagrin d'amour, tandis que MOINS DE 10% DES FEMMES RECONNAISSENT ÊTRE LÀ POUR FAIRE DES RENCONTRES.

C'est des amies qui s'étaient inscrites comme ça, et elles tenaient à c'que je fasse partie du lot, donc j'ai pas refusé. Mais c'est pas parce que je veux me trouver quelqu'un. (Catherine, 20 ans, Rouen)

Je m'y suis inscrite par désœuvrement sexuel et sentimental. Je suis une fille beaucoup trop impressionnante c'est pour ça... (Candice, 24 ans, Val-de-Marne)

Pour le reste, ennui, pari, publicité ou gratuité sont les raisons de leur passage à l'acte.

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ADOPTE UN MEC: Rencontres du 3ème type



Voilà plus d'un an que ce merveilleux site a été créé.
Il est donc temps de faire un bilan, calmement.



Le fantasme de l'homme-objet mis en avant par le site se révèle plus compliqué que ça. Les femmes du site peuvent ajouter des hommes dans leur panier mais ce sont surtout les hommes qui se rendent sur la page des femmes pour leur laisser un charme (sorte de poke si tu préfères, connard). La femme a ensuite le choix entre ignorer le charmeur ou bien l'autoriser à lui parler. Et c'est encore l'homme qui doit se vendre dans un premier message décisif, auquel dans 80% des cas la femme ne répondra pas, parce que bien trop sollicitée, pas intéressée, ou juste désireuse de se venger d'un ex. L'opération se renouvelle donc à l'infini en sachant que le nombre de charmes journalier étant limité et les heures d'accès au site aussi pour les hommes, il faut viser juste et frapper fort.

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Alain Corneau (1977-1981) : Une décennie finie au flingue


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