Fluoglacial - Tendances Négatives

UGC Illimité



COGAN (KILLING THEM SOFTLY), Andrew Dominik (2012)

"Une classe affolante"

Certains films sont aussi vite oubliés que vus. Cogan en fait partie. C'est pas nul pourtant, ni bon, ni mauvais. Andrew Dominik, le néo-zélandais, avait réalisé un film de tueur qui tuait il y a de ça 10 ans, ça s'appelait CHOPPER. Ici, Brad Pitt, soit-disant au climax de sa carrière, joue à Lorenzo Lamas et est l'élément rebelle au sein d'une organisation mafieuse qui bat de l'aile. Ça parle beaucoup, trop peut-être. Trop Tarantino. C'est le loserdome, comme en témoigne le gros Jame Gandolfi jadis nettoyeur, qui n'est plus capable de rien tirer à part des putes bon marché dans sa chambre d'hôtel. Et tout le long du film, quelque soit le lieu, ces téléviseurs allumés qui diffusent le bruit Obama. Il faudra attendre la dernière scène pour entendre la punchline tant attendue de Jackie Cogan, personnification du cauchemar américain, "America is not a country it's a business". Pas sûr que les spectateurs marchent.

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LOOKIN4GALT (2012)



Le gang des lyonnais est devenu instoppable. Depuis l'arrêt de leur magazine Gasface en 2008 (je ne comprends d'ailleurs plus l'agencement de votre site les gars), Nico et Groswift sont partis conquérir l'Amérique façon Charles Aznavour. Ça a commencé par les programmes courts en 6 épisodes baptisés "New York Minute" dans lesquels ils exploraient plusieurs facettes de la Grosse Ville, toujours agrémentées de rencontres improbables. Arte les a poussé au derrière. Dernièrement, ces "deux enculés de blancs" sont revenus avec "Think B.I.G.", plus axé sur certains personnages qui ont évolué au sein du hip hop pour en faire autre chose que des raps où ils parleraient de "grosse quéquette".



Gasface sait partenarier, et en lien étroit avec Dailymotion ils nous proposent maintenant Lookin4Galt, un documentaire DIY à 4 bras tourné comme un road-movie. Pendant 52 minutes, 2 français dans NY tentent de retrouver Galt MacDermot, ce compositeur canadien auteur de la bande originale de Hair (1967) mais aussi et surtout de centaines de pistes de classique, jazz, funk précurseur, que tous les producteurs érudits des années 90 (Buckwild, K-Def, Pete Rock, etc) ont samplé pour en faire des tubes rap. On retrouve la french touch de Gasface dans les sous-titres ou dans quelques passages cruciaux comme la scène de "Baisodrome" sortie de nulle part. Malgré ça, ils sont tellement amoureux de NYC qu'ils passent beaucoup de temps à filmer la baie, et l'eau, nourrissant d'intenses réflexions sur leur quête.



Le but étant de filmer tout le processus qui amène à l'entretien final, l'équipe réduite à 2 nous fait rencontrer des gens aussi divers que des rappeurs, passants, écrivains, gens de studios et même la mère Martine Barrat, qui doivent faire face au même dilemme: "Where is Galt?" Au milieu de l'aventure, on leur apprend qu'en fait, Galt est dans les pages blanches et qu'il habite une maison cossue de Staten Island. Lorsque que le vieux génie de 84 ans leur ouvre enfin sa porte en chêne massif, ça coupe. Ouais! Ils nous laissent sur notre faim mais évitent intelligemment à leur doc les écueils insupportables des documentaires musicaux aussi chiants que pédants car ils savent rester proche du trottoir, et ne s'attardent jamais longtemps sur chaque participant. Gasface réconcilie une fois de plus culture et divertissement.



Diffusion au Mama Shelter (Paris) le 9 décembre à 18h30.
Mise en ligne sur Dailymotion (Monde) le 21 décembre à 14h44.

LES PARADIS ARTIFICIELS (2012)


Le poster haut en sulfure que vous ne verrez malheureusement nulle part

L'Enfer Réel

Putain. Je pensais naïvement que Savages d'Oliver Stone était la pire daube internationale (je mets nos daubes françaises en suspend) sortie au cinéma en 2012. Si vous n'avez pas eu la chance d'assister à ce vivifiant plaidoyer pour le 'carpe diem' joué par un trio composé d'une blonde sotte, d'un ancien G.I. en tongs et bermuda de bain à fleurs et d'un fumeur de joints qui ne s'est jamais rasé de sa vie, voici le pitch: un ménage à trois aux frais d'un commerce de marijuana tranquillement installé en Californie est soudain menacé par des bandits à moustache; un scénario qui puait déjà bien la défaite. Mais là, c'est l'avalanche de paix sur nos têtes.

Deux meilleures-copines-pour-la-vie, une chaude, une moins, croisent Gérard Lanvin dans un bus en route pour la rave party de Recife, do Brasil. Depuis que Bernard Giraudeau l'a quitté, Gérard en a gros sur la patate et philosophe sur la vie tout en portant des santiags zébrées. Il leur file du peyotl puis les deux babz chics nous rejouent Zabriskie Point sous fond de Ash Ra Tempel en enlevant uniquement le haut, tout en flirtant avec des buffles et un iguane. En fait, cette première scène hallucinatoire était plutôt amusante parce qu'on aurait parié n'importe quoi que Marcos Prado se foutait de nous avec un bon vieux second degré brésilien (voire 'herzogien' façon Nicolas Cage en mauvais lieutenant). Mais n'est pas Joaquim Pedro de Andrade qui veut, et on apprend bien vite qu'il se fout de nous au premier degré.

En route pour la corvée du délire ! A base d'effets psychédéliques en polystyrène, le brésilien nous invite à Entrer dans le Vide par l'intermédiaire d'une carte postale digne d'un numéro de À Nous Paris. La dictature du soleil et de la fête couplées à la réussite citadine occidentale. Aussi plat que la Hollande. Le sulfureux réside en fait dans du sexe lesbien suggéré et du coït idéalisé. Très vite pourtant, un enfant fait irruption dans ce royaume jeune pour montrer que tout n'est pas si facile et que l'usage de préservatifs est plutôt une idée à méditer avant de se retrouver avec un enfant moche à 10 000 km de chez soi.

Ici personne ne mange jamais, et donc ne fait pas non plus ses besoins, ce qui aurait pourtant été bénéfique au film, c'est la fête perpétuelle et la drogue nourrit son homme. Pourtant, quand Marcos filme ces ballades langoureuses dans les canaux d'Amsterdam ou sur les vélos de loisir (le héros de Sao Paulo plongé au cœur d'un trafic de cachetons rencontre la femme de sa vie là-bas), on se dit qu'il manquait juste un petit brunch au tableau afin que tout soit complet. On apprend d'ailleurs par un savant procédé de flashbacks (2 ans avant, 4 ans après, présent) qu'en fait le héros et l'héroïne s'étaient déjà rencontrés avant, à cette fameuse rave, là où a muri le fruit de leur union de synthèse.


Concours de bolas enflammées do Brasil

L'affiche fait très collectif animal qui se produirait à Calvi On The Rocks. L'esprit est quand même plus babeloche que ça, à base de plumes, bijoux ethniques et mêmes bracelets de bras et de cheville. Surtout que notre héros est en plus doté du statut d'artiste, et passe son temps à faire des dessins pourris dans un carnet, qu'il montrera plus tard à un peintre flamand (pléonasme) lors d'une scène (dino) risible. Ce héros, qui a fait 2 ans de prison, soit dit moins que Derek Vinyard dans American History X, veut écarter son petit fréro de la came lorqu'il en sort, normal. Seulement, celui-ci est déjà dedans et planque des cachets dans sa chambre, normal. L'incompréhension naît et nous renseigne sur les rapports familiaux soumis aux tensions dans ce Brésil moderne en perte de repères... non je déconne. Rien renseigne rien. Quel est le message de ton film Marcos ? Amènes-tu une part de progrès ? Ça t'amuse de nous fais haïr les hippies encore plus qu'on pouvait le faire avant ?

Allez, c'est facile de critiquer... Mais ce n'est pas fini. Toute la bande-son a été composée par des DJ déguisés en souris, ou ce genre d'allemands chiants qui portent des maillots de foot et passent leur temps à lever les bras (Non, pas Magnetrixx). De toute façon, on n'entend quasiment que les montééééées et les breaks, quand l'héroïne, aussi DJ que moi, fait semblant de savoir se servir d'une table de mixage, et effleure un bord de platine du bout des doigts. Bien pro tout ça, comme ces ravers faux à mort qui bougent comme on leur a dit de faire en répétition (sûrement ponctués de "alleeez" criés au mégaphone).

L'alcool dans les années 40, la clope dans les années 50, la marie-jeanne dans les années 60, le LSD dans les années 70, la dope dans les années 80, l'ecstasy ans les années 90, les drogues de synthèse dans les années 2000, la drogue technologie en 2012. Les mises à jour font décidément plonger la masse de plus en plus vers le vide. A l'image de la nouvelle publicité "1 million" beauf de Paco Rabanne et du clip pour le parfum "Lolita Lempicka" réalisé par Woodkid (da génie) que l'on peut admirer dans les publicités (plus nombreuses que les bandes-annonces) d'avant film. Marcos Prado le post soixanteneufard, jadis producteur de trucs comme Troupe d'Elite ou Bus 174, nous propulse maintenant dans son Paradis, et c'est dur.

Bref, la drogue en film est définitivement un truc de bouffon. Allez le voir! Ah oui, vu que tout le monde a tout faux sur ce projet, le film est déprogrammé de tous les cinémas de Paris (à l'exception du Publicis, et ses sièges en cuir de patron) car le distributeur a eu la bonne idée (encore une!) de le mettre en ligne sur Dailymotion la veille de sa sortie. Cette tactique promotionnelle m'a quand même eu, finalement. Putain.


La DJette qui aime bien actionner son unique bouton avec 10 doigts

GOD BLESS AMERICA (2011)



Bobcath Goldwaith est un acteur comique américain qui s'est fait connaître grâce au rôle de Zed qu'il incarnait dans les Police Academy. Après avoir joué dans plusieurs demi-classiques des années 80 (One Crazy Summer, Tapeheads, Scrooged), il passe la décennie suivante à la télé. Sans doute un peu déçu par l'accueil de son Shakes The Clown en 1991 (les enfants n'aiment pas les clowns alcooliques), il attend 15 ans pour se remettre derrière la caméra, et depuis World's Greatest Dad, il semble retrouver le chemin du succès. Ce film ne m'aide pas trop à comprendre comment. Avec ses références à Network ou Natural Born Killers, ça aurait pu marcher, mais son discours trop facile et faussement engagé (une simple farce aurait mieux fait l'affaire) ainsi que l'aura indé qui plane autour n'apporte aucun regard neuf sur la société.



Cette "dénonciation colorée de la société américaine" joue dans la surenchère non-stop, à la manière du dernier Todd Solondz, et ne vole finalement pas très haut, moins haut que le bébé que Joel Murray explose dans la première scène du film, qui aurait pu être signé Rodriguez ou Tarantino. Frank en a ras le cul de sa vie, et on peut le comprendre. D'autant que la bonhommie de Joel Murray, frère de Bill Murray en un peu plus gros, donne tout de suite envie d'être dans son camp. C'est plus fort que lui, il ne peut s'empêcher de regarder la télé (réalité ou pas) et en vient à avoir des envies de faire souffrir les gens à l'écran, tout le monde a déjà vécu ça. Frank ne veut pas envoyer PIG par sms pour avoir la sonnerie cochon péteur. Contrairement à Michael Douglas dans "Falling Down", aliéné par le système, décidé, habité, le duo vengeur va ici cruellement manquer de saveur (couilles ?). Frank va pourtant se débarrasser des gens qui l'emmerdent, indirectement ou directement, en s'encombrant de Roxy...



Roxy est une ado "qui s'en fout de crever". Frank la rencontre à la sortie d'un lycée, où il remplit son premier contrat avec Dieu: tuer l'infernale gosse de riche d'une émission qu'il a l'habitude de regarder. Si les monologues politiquement incorrects de Frank frôlaient le placement de slogans, emmagasinés depuis plusieurs années dans le carnet de Goldwaith, là ça empire. Quand Roxy lui apprend façon Wikipedia que Alice Cooper a inventé le rock et que le reste est pédé, même si l'on peut être que ok de voir Bowie taclé, la scène frise le ridicule. J'ai oublié de préciser que Frank, seul et divorcé, venait de perdre son emploi, que sa fille ne voulait plus le voir avant qu'il lui offre un smartphone et qu'on venait de lui diagnostiquer un cancer (évident non ?). Alors qu'est-ce qu'il en a à foutre d'Alice Cooper, franchement.



En fait, le film ne se veut pas crédible, même s'il possède un bon potentiel de départ. On le suit jusqu'à la salle de cinéma, où des jeunes qui ne respectent pas le silence se font flingués pendant la séance. Le tournant road-movie entre violence et émotion, on tire par la fenêtre sur les vilains manifestants extrémistes ou sur un présentateur de télé anti-féministe, ramène vite le film dans le politiquement correct et le déjà-vu. Tara Lynne Barr me rappelle en plus une version miniature de Florence Foresti, dur. Pour résumer, 3 ou 4 courts métrages auraient mieux fonctionné qu'un long métrage foireux. Le finish sur le plateau télé de American Superstar, fil rouge du scénario, ne fait même plus marrer, à l'image du rire en diagonal de Murray. L'apprenti-chanteur moqué par le world wide web et le jury de l'émission va casser les oreilles des téléspectateurs une dernière fois avant que Frank & Roxy l'allument, lui et le public. Ils meurent ensuite en martyrs dans la quête d'un monde moins médiocre. Ce n'est malheureusement ni Ted ni Bobcat qui vont nous en sortir.

A.C.A.B. : ALL COPS ARE BASTARDS (2012)



Voyage au bout de la nuit avec les flics d'«ACAB»

Il est certain que ce film déplaira à tous les amateurs de manichéisme moralisateur de quelque sensibilité idéologique qu'ils soient. Car ce qui prévaut dans le brillant long métrage de Stefano Sollima c'est avant tout l'ambiguïté. Ambiguïté des personnages, ambiguïté des situations mises en scène, ambiguïté du message politique et social transmis aux spectateurs...

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IRON SKY (2012)



Pourquoi les 'magazines de cinéma' ont-ils boudé Iron Sky ? «Parce que c'est pourri» n'est pas un argument valable, «parce que c'est nazi» est déjà plus plausible. Le film finlandais de Timo Vuorensola est déjà sorti dans plus de 25 pays (dont l'Allemagne) mais n'est pas encore dispo en France, où l'on a visiblement du mal à sortir les nazis du contexte 39-45. Dans cette science-fiction rétro-futuriste, les nazis débarquent cette fois de l'espace.

Why 'french film magazines' have snubbed Iron Sky? "Because it sucks" is not a valid argument, "because it's Nazi" is already more plausible. The Finnish Timo Vuorensola's film has been released in more than 25 countries (including Germany), but is not yet available in France, where it's noticeably struggling to get out the Nazis out of their WWII context. In this retro-futuristic sci-fi movie, the Nazis are this time coming from space.


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DES JEUNES GENS MÖDERNES (2011)



Vous savez que l'entrisme fut une stratégie des trotskistes pour infiltrer et noyauter d'autres organisations (aux idées proches ou pas). Mais est-ce que vous saviez que ENTRISME fut un magazine créé pour infiltrer le "spectre culturel" et devenir leader d'opinion (de qui? de quoi?). Ceux qui ont eu le loisir de tenir un des 6 numéros (plus le numéro zéro) entre leurs mains ont pu s'imprégner des saveurs de la revue "mutante, générationnelle et transversale" et de leurs accroches "game-by-punk" à faire jalouser VICE, qui furent d'ailleurs très bien relayées par Libération ou Les Inrocks, normal. Présente partout où il fallait être (Palais de Tokyo, Colette, Agnès B, nightclubs, galeries, etc) sur le maximum de champs artistiques possibles (musique, photo, art, etc), la "communauté de l'instant" avait compris que la règle de survie en milieu hipster était clairement: "communiquer pour réussir". En guise de testament, les "entristes", génies du marketing DIY, appuyés par le réalisateur rock Jérôme de Missolz (Race d'Ep, Furie Rock, You'll never walk alone) et d'un budget de 700 000€ ont conçu leur propre film documentaire assurant pleinement leur postérité.



Le film aurait pu être nommé plus originalement, mais bon. Dans ce doc, la bande des 4 d'Entrisme, qui ne revendiquait pourtant aucun passéisme ou aucune nostalgie, part à la rencontre d'Yves Adrien (rebaptisé 69-X-69), le poète pote de Pacadis qui roulait sa bosse dans les années Palace (toujours le même refrain). L'association des jeunes gens mödernes et du vieux mec növo devait fatalement arriver. Quand on lit son livre "Növovision" sorti en 1980, on retrouve les mêmes techniques de slogans publicitaires qui sortent de la bouche des intervenants de ce document. Le critique rock transformé en poète mou nous abreuve de sa pataphysique dans de longs monologues fatigants, et les hommes-médias n'ont rien à ajouter ni échanger, évidemment. Le passé ressurgit encore par deux fois, Edwige Belmore (la reine des punks) massacre Brel et Lio verse sa larme sur le bord d'un lit. Le dandy à la rencontre du trash et l'idolisme surpasse vite le clash (qui consiste simplement à jouer au plus arrogant). C'est le superficialisme assumé dans toute sa laideur, comme les tatouages ratés dont la bande s'orne pour se convaincre de sa subversion. D'apparts en apparts, de conversations facebook en soirées Adrien, de New York au Japon (merci le mécénat), la classe créative tente d'analyser son époque sous fond de montage bordel-geek appuyé par tous leurs groupes fétiches (the death set, crystal castles, fuck buttons, poni hoax, this is pop), qui a dit le pire de la décennie ?



Nous sommes en 2012, Entrisme a cessé d'exister depuis la sortie du film et sa présentation au festival de Cannes 2011. Même si le souhait d'être "diffusé dans tous les Leclerc de France" comme fantasmait un des membres ne s'est pas réalisé, ils ont réussi leur pari. Faire parler d'eux. Et ouais, nous sommes maintenant dans l'ère où la visibilité est devenue la seule velléité des protagonistes de cette putain de "sphère culturelle"...

Nabe avait déjà prévu la rencontre des deux mondes, 30 ans avant la sortie du film, en 1984... le voilà le futur d'avant !

« Vous qui entrez, laissez toute élégance ! Voici l'escouade des jeunes gens modernes. Tous le même regard. Ne cherchez pas d'innocence sur leurs visages. Les filles de treize ans ressemblent aux putes de dix-huit. [...] Pour elles, avoir de la classe c'est être vulgaire. On a l'impression d'être toujours au bordel dans la rue.
C'est la génération des magazines. Tout ce qu'il y a de nouveau est beau. L'Histoire commence à partir d'eux. C'est la haine de la continuité. La haine des autres.
C'est l'extravagant cortège hargneux des New-Larves. Ils se rendent vite dans un hangar pour y dégorger leurs énormes manques. C'est la brutalité de la mièvrerie viandée, du fade imberbe, imbu, de la plus effarante singerie de vieilles modes de tous les temps. Nous voici absolument en pleine anthologie de modes. C'est fantastique! On change de mode comme de chemise. Nous en sommes aux ablettes bordées de nouilles qui vont poser leurs pêches aux Ex-Bains ou dans un quelque autre Hall de Gare aux couleurs électriques. [...]
Se faire pédé maintenant est une véritable mode: peut-être la plus tenace de nos années. [...] Les jeunes se font pédés par goût de la minorité d'abord et par mimétisme bêta ensuite, comme des phasmes qui se montent pour faire comme les autres. Pas le quart des pédés d'aujourd'hui est pédé, maladivement pédé, incurable à vomir, tendancieux du berceau... Que les mères se rassurent: dans cinq-six ans leur bambin refermera son paquet de pâtes, il fondera - graphiste ou attaché de presse - une famille normale. Beaucoup d'Undergrounds jointés des années soixante-dix s'en sont très bien sortis, pourquoi pas les tantouzes d'occase ? La folle jeunesse fait son temps: il faut qu'enculage se passe. »

On ne choisit pas sa famille


THE INNKEEPERS (2011)


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They come in peace !