Je n'avais pas encore vu le dernier film de Bruno Dumont, mais comme la qualité n'est jamais périmée, c'est désormais chose faite. Le réalisateur du mythique "La Vie de Jésus" et aussi du merdique "Twentynine Palms" est clairement à part dans le paysage haïssable du cinéma français. Son "Hadewijch" sorti il y a deux ans était très fort, et désarçonnant, le concept de la foi mis à nu devant les caméras. Comment une jeune fille amoureuse du Christ, rejetée du couvent où elle était entrée de son gré, décide de tourner le dos à l’Église et se convertit à l'Islam, pour le meilleur et surtout pour le pire. On est loin des galipettes de Gilles Lellouche et des blagues de Bruno Solo. Dans "Hors Satan", dont les lenteurs et les prairies ramènent au précédent "L'Humanité", Dumont tourne toujours dans le Nord, fidèle à son patelin, tout comme aux acteurs du cru (David Dewaele!).
Le film ne possède pas de bande-son, les personnages ne possèdent pas de nom, afin de mieux se consacrer à la fresque dépeinte. Dumont revisite la Bible à travers un illuminé vagabond, "le gars", déposé sur les plages de la Cote d'Opale par miracle. "Le gars" entretient une liaison amicale avec "la fille", qu'il venge en fusillant son pervers beau-père. Nord. Le mystique est aussi exorciste et aspire le démon d'une fillette prostrée, pour ensuite le recracher dans une version Quechua de Marie-Madeleine. Une scène bien... Nord. Deux faits divers cruels vont mettre "le gars", rattrapé par ses errances animal, entre les mains des forces (de police) du Mal... mais justice sera faite. Le film est au ralenti ou plutôt en vitesse normale de vie. Les jours se suivent et se ressemblent, casse-croûte, promenades dans l'herbe, le sable, recueillements, puis la solitude, le feu et la nuit. On dirait du Bernanos. La fin, quoique attendue, arrive même à être belle. Voilà, enfin un film qui fait du bien.
Jeff Nichols, tout juste l'âge du Christ, assure encore avec son second film. Après Shotgun Stories, il propose sa vision de l'apocalypse à travers Curtis, américain moyen, foreur, mari d'une belle rousse et père d'une fillette devenue sourde. Repas familiaux, scènes de chantier, temps arrêté, c'est toujours l'Amérique profonde en direct. Le chaos mental commence lorsque Curtis expérimente ses premiers cauchemars. Le prophète de l'Ohio voit une tempête arriver, gigantesque, des orages majestueux, et aussi des pluies d'oiseaux morts (les américains aiment bien faire tomber des merdes du ciel).
Le problème est qu'il rêve aussi de jour. Sa krankheit semble héréditaire, sa mère étant internée pour paranoïa schizophrénique, il refuse d'aller voir un psy pour terminer comme elle. Afin de protéger sa famille, il devient obsédé par l'agrandissement de son "tornado shelter", l'abri anti-tornade. Creusant dans le pécule du couple pour ses lubies personnelles, sa lente dérive lui fera perdre son job, son meilleur ami (le beau Dewart) et presque sa femme. On se serait bien passé des quelques effets spéciaux à la Inception mais ça va. Michael Shannon est un gars cool -> la scène du Lions club. La fin est un beau pied de nez aux sceptiques et vaudra sûrement à Jeff Nichols sa place sur l'arche en décembre prochain.
Jeff Nichols, just the age of Christ, still provides good stuff with his second film. After Shotgun Stories, he offers his vision of the Apocalypse through Curtis, an average American, driller, husband of a nice redhead girl and father of a deafened little girl. Family meals, construction scenes, killing time, it's always the American heartland live and direct. The mental chaos begins when Curtis experiences his first nightmares. The prophet of Ohio sees a storm coming, gigantic, majestic thunders, and also a rain of dead birds (the Americans like to bring some shit from the sky).
The problem is he also dreams at day. Its krankheit seems hereditary, his mother being interned for schizophrenic paranoia, he refuses to go see a shrink to finish like her. To protect his family, he becomes obsessed with the expansion of its "tornado shelter". Digging in the couple's money for his personal whims, its slow drift will make him lose his job, his best friend (the beautiful Dewart) and almost his wife. The special effects ala Inception are not very useful but it's OK. Michael Shannon is a cool guy -> the Lions club scene. The ending is a nice snook and Jeff Nichols surely worth his place in the ark for next december.
Boyd zone. 240 minutes de documentaire, il faut être prêt. C'est tout juste suffisant pour alimenter tous les penchants de Boyd Blake Rice, "l'artiste le plus dangereux du monde"... Avant tout, il faut savoir que Boyd est son vrai blase, son père tellement frustré d'avoir dû porté un nom de meuf toute sa vie (Beverly) lui a donné le prénom le plus viril qui soit, ça nous renseigne beaucoup sur l'identité future du personnage. Et pourtant, sa première mode adolescente sera celle du glam, longue mulette et platform boots en Sud Californie, ses héros sont New York Dolls. Il est déjà dans son bunker mental quand en projet de fin d'année, pendant que ses camarades de classe construisent une table ou une étagère, Boydy ramène d'énormes planches pour confectionner la croix de Jésus.
Boyd zone. 240 minutes documentary, you must be ready. It's just enough to feed all the fondnesses of Blake Boyd Rice, "the most dangerous artist in the world" ... Above all, we must know that Boyd is his real name, his father so frustrated to have carried a girl name all his life (Beverly) gave him the most virile name to be, it tells us much about the future identity of the character. Nevertheless, his first teenage trend will be glam, brushed hair and platform boots in SoCal, his heroes are New York Dolls. He's already in his mental bunker when during the school year-end project, while his classmates are building tables or shelfs, Boydy brings huge planks in class to make the Jesus cross.
Essential Kidding. Vincent Gallo joue un taliban traqué par les soldats de l'axe du Bien. Vincent Gallo joue la peur. Vincent Gallo joue la douleur. Vincent Gallo joue le froid. Vincent Gallo joue la faim. Vincent Gallo joue la fatigue. Vincent Gallo joue la tristesse. Vincent Gallo danse avec les chiens-loups. Vincent Gallo grimpe aux arbres. Vincent Gallo conduit un 4x4 en écoutant du metal. Chuck No... non, Vincent Gallo tronçonne un bucheron. Vincent Gallo tue un chien au couteau. Vincent Gallo marche dans un piège à loup. Vincent Gallo tète une femme pour en extraire du lait. Vincent Gallo a des visions dictées par Allah. Vincent Gallo est en Israel. Vincent Gallo est en Norvège. Vincent Gallo est en Pologne. Mais où est Jerzy Skolimowski ?