Fluoglacial - Tendances Négatives

Le gain de prestige



« En s'assimilant totalement au besoin, l'oeuvre d'art empêche d'avance les hommes de se libérer du principe de l'utilité, alors qu'elle devrait pourtant permettre cette libération. Ce que l'on pourrait qualifier de valeur d'usage dans la réception des biens culturels est remplacé par la valeur d'échange; au lieu de rechercher la jouissance on se contente d'assister aux manifestations "artistiques" et "d'être au courant", au lieu de chercher à devenir un connaisseur on se contente donc d'un gain de prestige. Le consommateur devient l'alibi de l'industrie du divertissement aux institutions de laquelle il ne peut échapper. [...] Tout est perçu sous ce seul aspect: pouvoir servir à autre chose, même si cet autre chose est aussi vague que possible. »

Kulturindustrie, Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, 1944/2012.
(Picture: Last Summer, 1969)

Bruxelles XL


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BARRES (1984)


Le swing des choses



« Et il paraît qu'il y en a qui s'emmerdent dans l'existence ! Qui se spleenifient!... J'ai vu tellement d'ennuyeux ennuyés qui se servaient de Baudelaire pour excuser leurs immenses trous d'air!... L'ennui est un effilochement psychique filandreux. Je suis l'antispleenétique typique. Je ne m'ennuie jamais parce que rien ne me paraît vide de sens. Tout mérite qu'on le haïsse et nous méritons de souffrir de tout. Le Grand Théâtre n'est jamais fermé. On peut y chialer encore. J'aime détester cette ignominie.

Jamais de ma vie je ne me suis ennuyé une seule seconde. Je ne me laisse pas souffler ainsi mon rôle. J'exècre à mort tous les radasseurs, les endivannés de l'Ennui. Ces feignasses vidées, fiers paons déchirés, oisifs éventails troués arborant un spleen du dimanche, un cafard pour rire au fond, un cafard pour les autres, une détresse de galerie. La plupart de ces paresseux cadavres trouvent dans le spleen le sceau de l'ange: on s'estampille d'art, c'est la coulure, ça a un certain cachet de se faire chier... Ils se trouvent artistes en bâillant, se targuent tels, se décochent la mâchoire en chefs-d’œuvre, ils roucoulent dans les illusoires muses vérolées que sont la Vanité du monde et l'Inintérêt pour tout ce qui existe. Quel aveu de jalousie totale ! Quelle crevure d'envie d'être passionné. Avoir la musique, voilà le péché qu'on ne vous pardonne pas. Si vous savez quoi faire de votre peau, je ne donne pas cher d'elle. Il faut s'emmerder dans la vie pour les autres ou périr sous leurs coups. »

Au régal des vermines, Marc-Edouard Nabe, 1985.
(Picture: Hans Holbein, 1538)

Jesus Loves August



AIDS side

A1 - A PLACE TO BURY STRANGERS - Dissolved
A2 - LESCOP - Tokyo, la nuit
A3 - CROCODILES - Picture my face
A4 - ZIG ZAGS - Scavenger
A5 - RIK L RIK - Teenage destiny
A6 - LUST FOR YOUTH - Solar flare
A7 - ACUTE LOGIC - Moroccan nights
A8 - YOUNG MICHELIN - Les copains

ACID side

B1 - STEVE SUMMERS - The sunrise in your eyes
B2 - FUNKINEVEN - Must move
B3 - LEGOWELT - Pussy groove
B4 - ORGUE ELECTRONIQUE - In aller welt
B5 - INNERGAZE - Relax
B6 - VIOLET TREMORS - Autosuggestion
B7 - DREXCIYA - Dead man's reef
B8 - THE HACKER - Night drive

« А за усилением незабываемой атмосферы мы обратились к очень авторитетному и талантливому французу Роду Гласиалу который любезно составил плейлист , как раз для таких вот открытых мероприятий... »

A playlist for Original Life Spotters

LIVE... SUBURBIA: The Quest for Cool



Ce livre pourrait être celui de plein de kids, américains ou pas, passés du bi-cross agressif au skate, du heavy metal au hardcore, du punk au straight edge,... entassés dans des caisses pour bouger aux concerts, chillant devant des vidéos de skate, dans des chambres de potes, des parkings... un skate sous le bras, un seveninch sous l'autre... L'histoire de la quête du cool à travers la période bénie de l'adolescence. Une génération sacrifiée ? Au-delà d'un segment de marché en tous cas, une aventure unique et obligée. Ce livre est d'ailleurs l'occasion de nous poser la question: IS THERE LIFE AFTER YOUTH ?

This book could have been the journal of a lot of kids, American or not, went from aggressive BMX to skate, from heavy metal to hardcore, from punk to straight edge... packed in cars moving to shows, watching skate videotapes, chilling in mate's bedrooms, in parking lots... a skateboard under the arm, a 12" below the other... This is the story of the quest for cool through the blessed period of teenage. A lost generation? More than a market segment, an unique and unavoidable adventure. This book is also an opportunity to ask us the question: IS THERE LIFE AFTER YOUTH?


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Naples ou Venise ?



« Je ne "suis" pas théâtre. Je ne "suis" pas blondeurs, ni Rubens. Ni Poussin. Je suis cinéma (dont l'inventeur s'appelle Il Tintoretto, et non Lumière ou Edison), brunissures, Rembrandt et Caravage. Les horizontales, les symétries et les beautés d'aplomb m'ennuient, comme les gens qui trouvent au lieu de chercher. J'aime que le temps dérange l'espace pour le déstabiliser, le zébrer d'obliques, de lignes de fuite. Je préfère l'orgueil à la vanité, l'existence à l'essence, les Dies irae aux Alleluia; le rouge au champagne, et Rimbaud à Baudelaire. En un mot comme en cent, je "suis" Naples et non Venise.
On nomme ce travers "populisme" voire démagogie. Je puis accepter le premier quolibet, non le second. Les gens sympathiques m'inspirant toujours la plus vive antipathie, je veille, quoi qu'il m'en coûte, à ne point trop caresser mes congénères dans le sens du poil. »

Contre Venise, Régis Debray, 1995.
(Illustration: Le Tintoret, 1562)

GUILLAUME PAOLI: Repos



Guillaume Paoli est le troisième membre des "chômeurs heureux", trio allemand auteur du manifeste du même nom en 1996. Français résidant à Berlin depuis 20 ans, l'essayiste-philosophe auteur de titres évocateurs comme "A bas le travail!" ou "Plus de carotte, moins de baton" s'est surtout fait (re)connaître grâce à son "Éloge de la démotivation" publié en 2008. Fin analyste de cette pathologie nommée travail, il n'en est pas moins dénué d'humour. La preuve par quatre et un entretien repos qui tombe à point nommé.

Quand et dans quelles conditions avez-vous décidé de ne plus travailler ?
J'étais dans le ventre de ma mère, je crois... En fait, je n'ai jamais songé à postuler à un emploi, à faire carrière dans quoi que ce soit, jugeant plus souhaitable de faire ce qui me plaisait, sans souci des "contraintes du marché". J'ai eu la chance d'être adolescent à une époque -les années soixante-dix- où une telle attitude existentielle était plus facile et plus répandue qu'aujourd'hui. Ceci dit, il ne s'agit pas d'un refus par principe. Lorsqu'on me propose de me payer pour que je continue à faire ce qui me convient, j'accepte volontiers. C'est le cas en ce moment, au Centraltheater de Leipzig. Mais surtout j'insiste: le souci de soi est aussi un souci des autres. Je n'ai aucune considération pour qui ne cherche que sa petite autosatisfaction narcissique, qu'il soit trader ou glandeur. Nous sommes des êtres sociaux et nous nous épanouissons en tant qu'êtres sociaux. Ce qu'il y a à critiquer dans le travail tel qu'il existe, c'est précisément qu'il pousse à des comportements antisociaux, à vivre au détriment des autres, que ce soient les clients qu'on arnaque avec le sourire, les subordonnés qu'on piétine ou les collègues sur la tête de qui on grimpe.

Le manifeste des "chômeurs heureux" a été écrit il y a plus de 15 ans. Le jugez-vous plus crédible que jamais ?
Sur le plan pratique, il était certainement plus facile alors (du moins là où j'habite, à Berlin) d'esquiver la contrainte salariale sans pour autant sombrer dans la misère et les tracasseries administratives. De ce point de vue, ce qui était la description d'un mode de vie effectif est devenu une sorte d'idéal difficile d'accès. En revanche sur le plan des idées, rien n'est venu contredire notre exposé, au contraire: Le monde du travail devient chaque jour plus absurde et destructeur. De sorte que la question se fait toujours plus pressante: Comment désirons-nous vivre vraiment?

Que sont devenus les autres membres ?
En tant que groupe intervenant publiquement, les Chômeurs Heureux ont cessé d'exister vers 2002, simplement parce que nous avions l'impression d'avoir fait le tour de la question et l'envie de vaquer à d'autres occupations. Ce qui ne veut pas dire qu'il s'en niche encore dans les replis du système. Que sont-ils devenus? À ce que je sais, l'un s'est converti à l'Islam et vit à Dubai, l'autre en Chine, un troisième se voue à l'architecture critique, une autre photographie, une vit à la campagne et cultive son jardin, etc.

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Bodies Melt



ANTONI MAIOVVI - Slogun assassin (Low on rent)




CRIME SCENE - Street gang (Beats from the street)




DANIEL AVERY - Light into dark (Movement)



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On ne choisit pas sa famille