Fluoglacial - Tendances Négatives

1.2



Les médias franciliens érudits se sont déjà enflammés sur cette sortie et pour une fois, ce n'était pas vain. Le maxi "Tapes" de IUEKE (oui, le même type que le disquaire pointu en ligne) est le résultat de triturages électroniques de Gwen Jamois, alors en vacances de Noël à Londres en 1991. "En cadeau on te laisse le studio". Ce fut une bonne idée. Les 3 pistes de la cassette originale sont surpuissantes, surtout quand on pense que les références existaient à peine à l'époque. Une sorte de techno industrielle produite par les fréquences HAARP dans les fonds marins. Ça ressemble aux débuts du genre dans les caveaux de Berlin et à une version blanche de Detroit. Brut. Le disque est sorti sur ANTINOTE, le nouveau label de Quentin Rollet, qui se destine à dépoussiérer de vieilles friandises dans cette lignée. Les poissons n'ont pas fini de remonter à la surface.



All streetwise french medias have already ignited this record and for once, it wasn't vain. The "Tapes" maxi from IUEKE (the same guy behind the online specialized record store of the same name) is the result of electronic beatings by Gwen Jamois, then spending Christmas holidays in London, in 1991. "As a gift, we leave you the studio." It was a good idea. The three tracks of the original tape are overpowering, especially when we consider that references barely existed at the time. A kind of industrial techno produceds by HAARP frequencies on the seabed. It reminds the beginnings of the genre in the Berlin vaults of Berlin or a white version of Detroit. Raw. The record was released on ANTINOTE, the new record label of Quentin Rollet, that plans to get old goodies of this type out of the closet. The fishes haven't finished to surface.

Arbeitslosigkeit Macht Frei



« Après des siècles de dressage, l'homme moderne est tout simplement devenu incapable de concevoir une vie au-delà du travail. En tant que principe tout puissant, le travail domine non seulement la sphère de l'économie au sens étroit du terme, mais pénètre l'existence sociale jusque dans les pores de la vie quotidienne et de l'existence privée. Le "temps libre" (l'expression évoque déjà la prison) sert lui-même depuis longtemps à consommer des marchandises pour créer ainsi les débouchés nécessaires.

Mais par-delà même le devoir de consommation marchande intériorisé et érigé en fin en soi, l'ombre du travail s'abat sur l'individu moderne en dehors du bureau et de l'usine. Dès qu'il quitte son fauteuil télé pour devenir actif, tout ce qu'il fait prend aussitôt l'allure du travail. Le jogger remplace la pointeuse par le chronomètre, le turbin connaît sa renaissance post-moderne dans les clubs de gym rutilants et, au volant de leurs voitures, les vacanciers avalent du kilomètre comme s'il s'agissait d'accomplir la performance annuelle d'un routier. Même le sexe suit les normes industrielles de la sexologie et obéit à la logique concurrentielle des vantardises de talk-shows.

Chaque fois que l'homme moderne veut insister sur le sérieux de son activité, il a le mot "travail" à la bouche.

L'impérialisme du travail se traduit ainsi dans la langue de tous les jours. Nous sommes habitués à employer le mot "travail" non seulement à tout va, mais aussi à deux niveaux de signification différents. Depuis longtemps, le "travail" ne désigne plus seulement (comme ce serait plus juste) la forme d'activité capitaliste dans le turbin devenu sa propre fin, il est devenu synonyme de tout effort dirigé vers un but, faisant ainsi disparaître ses traces. »

Manifest gegen die Arbeit, Krisis, 1999.
(Illustration: Pieter Brueghel L'Ancien, 1567)

Les Jeunes

LA VILLE-BIDON (1971)



Ce film de Jacques Baratier ne sort réellement qu'en 1976, après un passage télé en 1973. Tourné comme un faux-documentaire, il filme la banlieue en pleine mutation et plus précisément, les fameux choux fleurs de Créteil et la zone du Val de Marne. Un député-maire cynique veut vider les bidonvilles qui jonchent l'immense terrain vague pour construire la ville nouvelle, "la cité de verre". Un endroit que les futurs citoyens n'auront plus à quitter car il subviendra à chacun de leurs besoin. Une magouille entre l'élu, le propriétaire et un sociologue va tenter de donner de la raison aux expulsions. Relogées à 12 dans les HLM voisins, les familles sont en proie à la difficile promiscuité, au chômage, à l'alcoolisme... C'est ce gardien d'immeuble complètement désabusé (joué par Roland Dubillard) qui en parle le mieux.


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La chaîne des idées



« Un despote imbécile peut contraindre des esclaves avec des chaînes de fer; mais un vrai politique les lie bien plus fortement par la chaîne de leurs propres idées; c'est au plan fixe de la raison qu'il en attache le premier bout; lien d'autant plus fort que nous en ignorons la texture et que nous le croyons notre ouvrage; le désespoir et le temps rongent les liens de fer et d'acier, mais il ne peut rien contre l'union habituelle des idées, il ne fait que la resserrer davantage; et sur les molles fibres du cerveau est fondée la base inébranlable des plus fermes Empires. »

Joseph Servan, 1767. (Picture: O Lucky Man, 1973)

This was Boston, not L.A. !


La fin de l'espèce.



"Quelqu'un est mort, non pas quand il cesse d'aimer mais quand il cesse d'haïr."

Fuzati est donc toujours vivant et se pavane même sur une pochette dada. Ça fait 8 ans que le 'meilleur rappeur versaillais' (pas trop difficile en même temps) n'avait rien sorti. Il devait être en couple, se mettait bien, puis elle s'est barrée avec un de ses potes... Klub Des Loosers s'est alors remis à la tâche, ruminant les textes les plus tristes possibles en vue de son second testament. C'est pas la fin des temps mais "la fin de l'espèce" qui sort sur Les Disques du Manoir. "L'indien", le maudit, s'est-il fait lâché par les apôtres de la 'street culture' ? Ou l'inverse. Orgasmic étant parti, c'est Fuzati qui produit les sons pleins d'âme (un album instrumental était d'ailleurs sorti, 'Spring tales') et la sauce resplendit sur 'Volutes', un putain de morceau. "Si l'amour est une série, j'ai dû rater une saison". Les attaques de Fuz balancent toujours à Paris extra-muros. "Destin d'hymen" suivi de "L'animal" nous amènent sur le terrain du spleen porno, un truc qu'il maîtrise bien mais qui sent un peu le foutre séché.



"J’enfonce mes doigts dans l’origine du monde, lui fais lécher...", après le smooth "Encore merci", le titre éponyme façon slam au piano (je supporte pas trop cette initiative) pue bien la rancœur et la frustration, c'est vraiment l'étape d'après "Vive la vie" qui était empreint d'un cynisme plutôt printanier. Là y'a vraiment plus d'espoir. C'est comme un Caraco qui porterait des polos et parlerait que de cul. Le flot a toujours le même flux, mais c'est pas ça qui nous intéresse de toute façon, le nœud est déjà sur la corde. Le rap classe-moyenne avec pistolets en plastique manquait. "A quoi bon traverser le monde? On retourne toujours dans sa rue", pas de "carte postale" donc, pas d'enfant non plus, et pas de meuf (si c'est pour finir cocu), encore moins de fun, bienvenue en 2012. Vas-y chiale baby chiale chiale, tu vas chialer!



MAKING A (NYHC) SCENE



Bri Hurley débarque à NYC en 1983, avant ses 21 ans, elle découvre alors la scène hardcore, et les sauvages qui la composent; ceux qui jonchent les trottoirs du CBGB tous les dimanches après-midis. Après un début timide dans la photo à San Francisco, elle passe à l'action et décide d'immortaliser ces tronches et ces tranches de vie, puis commence à traîner avec tous les groupes et futures légendes de l'époque. En 1989, elle sort un livre intitulé "MAKING A SCENE" qui regroupe des clichés et témoignages capturés entre 1985 et 1988, l'âge d'or de la scène hardcore New-Yorkaise. Le livre vite épuisé tombe dans l'oubli. L'année dernière, Chris Daily, de Butter Goose Press, décide de redonner une chance à ces photos en proposant une version actualisée et agrémentée du bouquin, il sort en octobre dernier. Préfacé par Freddy 'Créatine' Madball, l'ouvrage se refait une peau neuve. J'ai posé quelques questions à Bri, qui fait maintenant de la gym en Californie.

Bri Hurley arrived in NYC in 1983, before her 21st birthday, then she discovers the hardcore scene, and the wilderness around; littering the CBGB's sidewalks on sunday afternoons. After a shy start in photography back in San Francisco, she takes action and decides to immortalize these ugly faces and these slices of life, and begins to hang out with all bands and next legends of that time. In 1989, she released a book entitled "MAKING A SCENE" which includes photographs and stories captured between 1985 and 1988, the golden age of NYHC. The book sold out quickly and fell into oblivion. Last year, Chris Daily, from Butter Goose Press, decided to give back a chance to these pictures by offering an updated and embellished version, that came out last october. Foreworded by Freddy 'Creatine' Madball, the book is getting a makeover. I asked a few questions to Bri, now practing gym in California.


L'INTERVIEW EST À LIRE ICI (ET DANS LE N° V6N4 DE VICE)

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RAS



« Vous ne croyez pas aux valeurs, vous doutez de tout, vous êtes totalement incapable de dire ce qu'est le bien et ce qu'est le mal, vous êtes convaincu de l'irrationalité organique de la vie, et voilà qu'on exige que vous souteniez un groupuscule ou que vous militiez jusqu'au sacrifice pour un idéal historique éphémère, alors que votre scepticisme et votre pessimisme ne vous permettent pas de tirer d'autres conclusions sur la société que celles qui sont impliquées dans les prémisses et les considérations métaphysiques. Pour ma part, je ne crois à aucune doctrine sociale ni à aucune orientation politique, car les impératifs de l'histoire ne peuvent pas entamer ma vision anthropologique, selon laquelle la source de l'inconsistance du monde social et historique se trouve moins dans l'insuffisance des systèmes idéologiques que dans celle, irrémédiable, de l'homme et de la vie. Et puis, du moment que quelqu'un ne croit pas au progrès, n'admet pas de finalité ni de convergence dans le monde historique, je ne vois pas pourquoi il serait préférable pour lui de vivre en notre siècle plutôt qu'il y a quatre mille ans. »

Solitude et destin: Entre le spirituel et le politique, Emil Cioran, 1932.
(Picture: R.A.S., 1984)

What time is it?