Fluoglacial - Tendances Négatives

L'affront



Le catholicisme n'est pas une religion, il est l'affront de toutes les religions, et une guerre perpétuelle contre tout l'esprit de ferveur ou de spirituel de l'humanité, contre tous les pèlerinages occultistes et progressistes du vaudeville social. Dans l'ordre des représentations, celui qui a montré ça avec le plus d'insolence opulente c'est Rubens, au Prado, avec son Triomphe de l’Église catholique. Celle-ci y fait une entrée de music-hall de légende, grimpée comme un nabab sur son char que tirent quatre chevaux guidés par des victoires très décolletées, et brandissant l'Eucharistie dans son ciboire ciselé, tout en renversant sous ses roues les réfractaires tordus de rage. On se demande avec quel pouvoir une telle splendeur pourrait se compromettre longtemps...

Désaccord parfait, Philippe Murray, 1985/2000.
(Illustration: Peter Paul Rubens, 1626)

Âge Noir


Triuuuumph! Et dégoût. KICKBACK devient de moins en moins accessible et de plus en plus désaxé depuis l'infameux "Forever war". 20 ans déjà, les temps changent, la vision du monde de KKK elle ne bouge pas. Un pilier recouvert de crachats, tel un ouvrage d'Evola jeté dans une manif. Les parisiens-thaïlandais chevauchent une fois de plus le tigre de papier du hardcore et lui plantent leurs griffes dedans, au cas où. L'approche musicale de "Et le diable rit avec nous" est encore plus free jazz que sur "No surrender". Punk quoi. Impossible de catégoriser des titres comme "Le chant du diable" et c'est bien ça qui les fait jouir. Metal noir, noise blanche. Ça laisse des tâches, deux fois des tâches, et deux reprises, Brainbombs et Geto Boys ! J'ai jamais entendu un truc pareil, je suis pas sûr, mais c'est égal, puisque la destruction du monde moderne est la seule règle. Hey, comme dirait l'autre : mieux vaut être un lion mort qu'un rat vivant.



Triuuuumph! And disgust. KICKBACK becomes less and less accessible and more and more screwed since the infamous "Forever war". Already 20 years, times changed, the philosophy of life of KKK did not move. A pillar covered with spits, like a work of Evola thrown into a demonstration. The Parisians-Thai overlap once again the hardcore paper tiger and plant their claws in it. Just in case. The musical approach of "Et le diable rit avec nous" is more free jazz than "No surrender", for real. Punk. Impossible to categorize tracks like "Le chant du diable" and that's what they're about. Black metal, white noise. That leaves some stains, stains twice, and twice covers from Brainbombs and Geto Boys! I never heard such a thing, I'm not sure, but I don't care 'cause the destruction of the modern world is the only rule. Hey, as they say, better be a dead lion than a live rat.

HAL HARTLEY : Everything is Possible (1988-1998)



Hal Hartley est un pur produit de Long Island, NY. N'ayant pas eu accès à l'intelligentsia artistique du centre de la ville, il va créer son cinéma indépendant tout seul, fidèle à la même équipe d'acteurs pendant près d'une décennie. Après des courts-métrages post-diplôme, le SUNY (Purchase college) est bien fini. Wesley Snipes qui fréquente aussi ses murs accédera bientôt au statut de noir cool et de la meilleure coupe de cheveux des 90's, Hal lui, prépare son premier film : THE UNBELIEVABLE TRUTH. C'est l'année 1989 et le premier vrai rôle de Robert John Burke qu'on retrouvera plus tard dans SIMPLE MEN et FLIRT (et aussi dans Robocop 3, c'est pas ce qui nous intéresse ici mais quand même). Il interprète le parfait héros ténébreux et flegmatique qui sera la figure de proue de chaque film de Hartley. Mais attention, le héros de Hartley est anti.

Hal Hartley is a pure product of Long Island, NY. With no access to the arty intelligentsia of the city center, he created his own independent movies himself, true to the same team of actors for nearly a decade. After some post-diploma short films, the SUNY (Purchase College) is over. Wesley Snipes who's also chilling in the same school will accede to the black coolness and win the best haircut of the 90's, meanwhile, Hal is preparing his first film: THE UNBELIEVABLE TRUTH. This is the year 1989 and the first real role of Robert John Burke that we meet again later in SIMPLE MEN and FLIRT (also in Robocop 3, but it's none of our business here, but still). Robie plays the perfect dark hero with flegm which will be the figurehead of each Hartley's movie. But beware, the hero of Hartley is anti.



Adrienne Shelly qu'on retrouvera aussi l'année d'après dans TRUST n'est pas la fille du boulanger mais celle du garagiste. Josh Hutton joué par Burke est un ex-tôlard qui revient dans sa ville natale. Soupçonné d'avoir commis les pires crimes, la vérité éclatera progressivement et fera taire les langues médisantes. Embauché comme mécano, il tombe évidemment amoureux de la fille du patron, ça va foutre une merde pas possible. Hartley, cœur à vif, révolutionne la romance américaine et le dialogue. Les personnages se répondent du tac au tac, se répètent, se retrouvent souvent au même endroit, sans se regarder, la répartie est infinie, et ça n'a rien à voir avec du Woody Allen, la pudeur et la distance restent intactes. À la fin, on ne sait jamais trop qui y gagne. Si, le spectateur.



Adrienne Shelly we will also find the following year in TRUST is not the baker's daughter but the mechanic one. Josh Hutton played by Burke is a former convict who returns to his hometown. Suspected of having committed horrible crimes, the truth will progressively triumph over the ​​slandererous tongues. He's hired as a mechanic and falls in love with the boss' daughter, of course, it'll fuck up the situation. Hartley, high heartbreak, revolutionizes the American romance and the dialogue. The characters answer back tit for tat, repeat themselves, often converge in the same place, without looking, the nimbleness is infinite, and it has nothing to do with Woody Allen kinda stuff, decency and distance remain intact. In the end, we never know who wins. Oh yes, the viewer.




En 1990, Hartley enchaîne avec sans doute son film le plus réussi: TRUST. On verse toujours dans le drame comique, Shelly, enceinte à 16 ans l'annonce à ses parents, son père meurt d'une attaque au même moment sur le carrelage de la cuisine. C'est parti. Jetée par le fautif, jetée dehors par la mère, Maria va faire la connaissance de Matthew Slaughter (Martin Donovan, l'acteur fétiche de Hal Hartley qui va briller dans 6 de ses films). Après la mécanique, l'antihéros est maintenant spécialiste en électronique. Le demi-génie, martyrisé par son père maniaque qui le force à briquer la salle de bain toutes les heures, l'ado étouffée par sa mère manipulatrice vont faire équipe pour évoluer dans cet environnement hostile. C'est l'amour contre l'absurdité de la société. Les répliques fusent dans tous les sens sur une bande son entêtante, une fin suspendue, le style Hartley est désormais déposé.



"Mes personnages se débattent pour communiquer dans cette société envahie par les communications."
"My characters are struggling to communicate in a society overrun by the communications."

In 1990, Hartley continues with his probably most successful movie: TRUST. Always poured in the comic drama, Shelly, pregnant at 16 announces it to her parents, her father sudden died of a stroke on the kitchen floor. Let's go. Dumped by the culprit, dumped out by the mother, Maria's going to meet Matthew Slaughter (Martin Donovan, Hal Hartley's fetish actor that will shine in six of his films). After the mechanical, the antihero is now specialized in electronics. The half-genius, tormented by his maniac father who forced him to scrub the bathroom every hour, the teen, suffocated by her mother's manipulations will team up to progress in this hostile environment. It is love against the absurdity of society. Replies spurt in all directions over a heady soundtrack, a suspended ending, the Hartley style is now a trademark.





Les trois potes et tronches habituelles: Burke, Donovan et Bill Sage font maintenant équipe dans le casting en or de SIMPLE MEN, 1992. Hartley se dépasse encore niveau scénario avec un road movie jetant deux frères dans l'ennui du Long Island à la recherche de leur père révolutionnaire. Bill McCabe est un mysogine convaincu depuis qu'il s'est fait doubler par la femme qu'il aimait lors d'un casse, il rêve de vengeance auprès de la gente féminine. Dennis, le cadet, est un introverti, il tombe amoureux d'Elina Löwensohn, une épileptique rencontrée à la station service, poursuivie par un ex-mari dangereux, qui se révèle être la gonzesse de leur père (!). Tout ce beau monde est surveillé de près par un jeune shérif dépressif depuis qu'il s'est fait larguer. Les liens familiaux croisent le fer avec le rapport houleux entre sexes opposés. Un bordel bien joyeux.



The three mates and usual faces: Burke, Donovan and Bill Sage team up now in the gold casting of SINGLE MEN, 1992. Hartley gains level again with this scenario of a road movie that throw two brothers in the boredom of Long Island in search of their father, a revolutionary. Bill McCabe is a convinced misogynist since he has been overtaken by the woman he loved during a heist, he dreams of revenge from the female gender. Dennis, the youngest is an introvert, he falls in love with Elina Löwensohn, an epileptic met at the gas station, pursued by a dangerous ex-husband, who is actually the chick of their father (!). All these people are closely watched by a young sheriff completely depressed since he's been dumped. Family ties cross swords with the stormy relationship between opposite sex. A very merry hell.




En 1993, Hartley réalise SURVIVING DESIRE, une romance prof-élève bien moins flamboyante que ses précédentes pièces, malgré l'omniprésence de Martin Donovan (qui aurait très bien pu jouer dans NAKED de Mike Leigh tiens, ce puissant drame urbain anglais). Ce moyen moyen-métrage est suivi par trois courts qui permettent à Hal de tester James Urbaniak, son nouveau jouet. AMATEUR (1994) est la réappropriation du thriller criminel par le cinéaste, une course contre l'amnésie de Thomas Ludens, pornographe, à la quête de sa femme, Sophia, actrice X, elle même traquée par le taré Damian Young. Isabelle Huppert l'alliée, ancienne sœur en tenue de cuir, peut se vanter d'être la première actrice en dehors du cercle à avoir jouer chez Hal. Une recherche tordue et mouvementée du temps perdu à base de jeunes filles déflorées.



In 1993, Hartley directs SURVIVING DESIRE, a teacher-student romance far less flamboyant than his earlier pieces, despite the ubiquity of Martin Donovan (who might well have played in Mike Leigh's NAKED, the powerful english urban drama). This middle medium-lenght film is followed by three shorts that allow Hal to test James Urbaniak, his new toy. AMATEUR (1994) is the reappropriation of the crime thriller by the director, a race against the amnesia of Thomas Ludens, pornographer, in search of his wife, Sophia, X actress, hunted herself by the degenerate Damian Young. Isabelle Huppert the ally, former nun dressed in leather, can boast of being the first actress outside the Hal circle to be playing in a Hartley movie. An hectic search of lost time, deflowered girls-based.




FLIRT sort en 1995 et tombe dans le cliché typique du drame arty romantique des années 90. Une même scène tournée par des couples différents à New York, Berlin (avec un couple gay, ben oui) et Tokyo. OK si tu veux voir le métro aérien passer à Kreuzberg, sinon à oublier. HENRY FOOL (1997) est le dernier film valable d'Hal Hartley malgré une intellectualisation toujours plus forte. La rencontre entre un écrivain clochard mytho (Thomas Jay Ryan) et un éboueur autiste (Urbaniak). L'un va apprendre les rudiments de la poésie à l'autre, monnayant une place pour coucher dans la cave. La mère au bout du rouleau et la sœur nympho de Simon Grimm vont ponctuer son accession inimaginée à la célébrité. C'est encore le même schéma et ça marche, des individus non conçus pour la société, rattrapés par un passé criminel ou non, s'allient pour tenter de s'extirper du carcan ambiant. "An honest man is always in trouble"



FLIRT was released in 1995 and falls deep into the typical cliché of the romantic arty drama of the 90s. The same scene shot with different couples in New York, Berlin (with a gay couple, of course) and Tokyo. OK if you want to see the skytrain flowing in Kreuzberg, if not, forget about it. HENRY FOOL (1997) is the latest valid film of Hal Hartley despite a stronger and stronger increasing intellectualization. The meeting between a mythomaniac bum writer (Thomas Jay Ryan) and an autist garbage man (Urbaniak). One will teach the basics of poetry to the other, in return of a place to crash in the cellar. The exhausted mother and the nymphomaniac sister of the rookie poet will punctuate his unimagined accession to fame. It's still the same plan and it works, individuals unfit for society, caught up with a criminal past or not, come together to try to extricate themselves from the ambiant constraints. "An honest man Is always in trouble"



Nous sommes en 1998, la France va bientôt gagner la coupe du monde et Hal Hartley signe le point final de sa virtuose décennie avec le ridicule THE BOOK OF LIFE. Dans le cadre d'une série de films sur l'apocalypse, HH réunit Jésus (Martin Donovan) et Marie Madeleine (P.J. Harvey) face à Satan (TJ Ryan) dans une fantaisie sans queue ni tête où les protagonistes s'échangent un ordi portable permettant d'ouvrir les sept sceaux et accomplir la destinée du monde. Neo nouvelle vague mon cul. C'est bien les années 2000 et le livre de la vie se referme sur Hal Hartley qui en phase avec son époque produit des comédies fantastiques plus anecdotiques (NO SUCH THING, THE GIRL FROM MONDAY). Reste 5 classiques à l'épreuve du temps, du type intelligent qui plait autant aux filles qu'aux garçons.

We enter 1998, France will soon win the World Cup and Hal Hartley sign the final point of his virtuoso decade with the ridiculous BOOK OF LIFE. As part of a series of movies about Apocalypse, HH gathers Jesus (Martin Donovan) and Maria Magdalena (PJ Harvey) against Satan (TJ Ryan) in a cock-and-bull fantasy where the protagonists are handing a laptop allowing to open the seven seals and fulfill the destiny of the world. Neo new wave my ass. It's the new millenium and the book of life is closing in on Hal Hartley who, in tune with the times, produces anecdotal fantastic comedies (NO SUCH THING, THE GIRL FROM MONDAY). Anyway, 5 classics stand the test of time, enough clever to appeal both girls and boys.


POSSIBLE FILMS

FAIL.


Impulse


Nous autres, civilisations...



" Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.

Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. "

La crise de l'esprit, Paul Valéry, 1919.
(Illustration: Claude-Joseph Vernet, 1759)

There will be quiet ... after the storm



Si Curtis LaForche avait un disque à sauver pour écouter dans son abri anti-tornade, ce serait celui de WINDHAND. La scène doom est surchargée de groupes inutiles, c'est vrai. D'ailleurs, on peut même se demander si ceux qui sont arrivés après TROUBLE et PENTAGRAM ont une raison de vivre. Peu importe. Avec un violet très BLACK SABBATH et un son très ELECTRIC WIZARD les 5 chevelus de Virginie font oublier qu'un double cyclone arrive. Le soleil d'hiver est éteint et WH invoque la lune pour faire crier la masse des loups. 40 minutes de souffrance latente. Allume un cierge noir et attends patiemment le dajjal au fond de ton trou.



If Curtis Laforche had a record to save to listen in his anti-tornado shelter, it would be that WINDHAND album. The doom scene is overloaded with bands, OK with that. In fact, we could even wonder if those who came after TROUBLE and PENTAGRAM have a reason to live. Who cares. With a very BLACK SABBATH violet and a very ELECTRIC WIZARD sounds the 5 hairy dudes from Virginia 5 make us forget that a double storm is coming. The winter sun is off and WH summons the moon to heap wolves. 40 minutes of latent suffering. Light your black candles and wait patiently for the dajjal in the bottom of your hole.

TAKE SHELTER (2011)



Jeff Nichols, tout juste l'âge du Christ, assure encore avec son second film. Après Shotgun Stories, il propose sa vision de l'apocalypse à travers Curtis, américain moyen, foreur, mari d'une belle rousse et père d'une fillette devenue sourde. Repas familiaux, scènes de chantier, temps arrêté, c'est toujours l'Amérique profonde en direct. Le chaos mental commence lorsque Curtis expérimente ses premiers cauchemars. Le prophète de l'Ohio voit une tempête arriver, gigantesque, des orages majestueux, et aussi des pluies d'oiseaux morts (les américains aiment bien faire tomber des merdes du ciel).



Le problème est qu'il rêve aussi de jour. Sa krankheit semble héréditaire, sa mère étant internée pour paranoïa schizophrénique, il refuse d'aller voir un psy pour terminer comme elle. Afin de protéger sa famille, il devient obsédé par l'agrandissement de son "tornado shelter", l'abri anti-tornade. Creusant dans le pécule du couple pour ses lubies personnelles, sa lente dérive lui fera perdre son job, son meilleur ami (le beau Dewart) et presque sa femme. On se serait bien passé des quelques effets spéciaux à la Inception mais ça va. Michael Shannon est un gars cool -> la scène du Lions club. La fin est un beau pied de nez aux sceptiques et vaudra sûrement à Jeff Nichols sa place sur l'arche en décembre prochain.



Jeff Nichols, just the age of Christ, still provides good stuff with his second film. After Shotgun Stories, he offers his vision of the Apocalypse through Curtis, an average American, driller, husband of a nice redhead girl and father of a deafened little girl. Family meals, construction scenes, killing time, it's always the American heartland live and direct. The mental chaos begins when Curtis experiences his first nightmares. The prophet of Ohio sees a storm coming, gigantic, majestic thunders, and also a rain of dead birds (the Americans like to bring some shit from the sky).



The problem is he also dreams at day. Its krankheit seems hereditary, his mother being interned for schizophrenic paranoia, he refuses to go see a shrink to finish like her. To protect his family, he becomes obsessed with the expansion of its "tornado shelter". Digging in the couple's money for his personal whims, its slow drift will make him lose his job, his best friend (the beautiful Dewart) and almost his wife. The special effects ala Inception are not very useful but it's OK. Michael Shannon is a cool guy -> the Lions club scene. The ending is a nice snook and Jeff Nichols surely worth his place in the ark for next december.


Augenblick

Autopromotion Circulaire



" Une observation superficielle pourrait faire croire que de nouveaux moyens de communication donnent aux artistes et aux intellectuels la possibilité de toucher un public plus large que celui dont ils ont jamais pu rêver. Or, au contraire, les nouveaux médias se bornent à universaliser les effets du marché, en réduisant les idées au statut de marchandises. De la même façon qu'ils transforment le processus de sélection et de confirmation de la vertu politique en substituant au jugement populaire leurs propres conceptions de l'intérêt médiatique, ils transforment la consécration de l'excellence littéraire ou artistique. Leur appétit insatiable pour la "nouveauté" (c'est-à-dire pour de vieilles formules présentées sous de nouveaux oripeaux), leur dépendance à l'égard de l'immédiateté du succès du produit lancé sur le marché, ainsi que leur besoin d'une "révolution idéologique annuelle", comme dit Debray, font désormais de la "visibilité" le seul critère du mérite intellectuel.

Le premier jugement qui est porté sur un ouvrage ou une idée devient, du coup, le dernier; un livre s'arrache ou est reçu dans l'indifférence; et le livre en question, dans tous les cas, est d'une importance tout à fait secondaire au regard des articles et entretiens dont il est le prétexte. Ici comme ailleurs, le journalisme ne rapporte plus les événements, mais il les crée. Il se réfère de moins en moins à des événements réels, et de plus en plus à un processus d’autopromotion circulaire qui est à lui-même sa propre justification. Il ne présuppose plus un monde capable d'exister indépendamment des images qu'on en donne. L'intellectuel, comme le militant politique découvre alors qu' "il doit faire allégeance à un nouveau type de médium qui, non content de transmettre une influence, lui impose encore son propre code". "

Culture de masse ou culture populaire? (Mass culture reconsidered), Christopher Lasch, 1981/2011.
(Picture: Taboo, 1980)