Fluoglacial - Tendances Négatives

Playlist #32: MOB JUSTICE



01 - RICK WAKEMAN - Sheer terror
02 - EMPIRE OF RATS - MMXII
03 - VULGAR DISPLAY - No God here
04 - FORESEEN - Paving the way
05 - BRUTALITY WILL PREVAIL - The path
06 - POWER TRIP - Suffer no fool
07 - AVALANCHE - Suns
08 - TURNSTILE - Figure it out
09 - WORLD WAR 4 - Can't take it
10 - THE RIVAL MOB - Boot party
11 - THE BOSTON STRANGLER - Locked inside
12 - REDFLESH - Raw war
13 - SLUG GUTS - Order of death

Devil's Creek breakdowns !

Comment multiplier les orgasmes ?




« Le savoir-vivre consiste désormais à savoir multiplier les orgasmes simultanés avec sa partenaire régulière: comment se comporter reste la question, mais la littérature du "how to?" a substitué les règles d'efficacité sexuelle aux anciens préceptes de mondanité. L'espace social en serait-il venu à se confondre avec l'espace domestique? La vie intime, en tous cas, se publie, tandis que la vie publique s'évapore.
Les médias assaillent donc les conjoints et leur tiennent deux langages: celui du test et celui de la recette. Aligné sur le modèle alimentaire, l'érotisme à deux se prépare, et se rate ou se réussit comme un gratin dauphinois; rabattu sur le modèle scolaire, le bonheur conjugal se passe comme on dit d'un examen. "Check-upez votre mariage", titrait un numéro récent de Cosmopolitain: le bonheur est une idée vieille en Europe; ce qui est neuf et même inouï, c'est qu'on ait besoin, pour l'éprouver, de la méditation d'un questionnaire. Répondez à ce test (établi, il va sans dire, par ordinateur), et nous vous dirons combien vous êtes heureux. Ainsi la félicité devient une donnée quantitative; ainsi, également, l'intime et l'instinctif dénouent leur identité traditionnelle: nous sommes aveugles à nos propres sensations, nous sommes incapables de répondre, seuls, à la question: "Comment allez-vous?" »

Au coin de la rue, l'aventure, Pascal Bruckner & Alain Finkielkraut, 1979.
(Picture: Lisztomania, 1975)

Ringards !



Après un troisième numéro sur Jean Yanne, ce qui devait arrivé arriva, Daniel Prévost le forcené est en couverture de Schnock #4. Le joint de culasse du journal vieune (vieux-jeune) n'a toujours pas pété et assure l’étanchéité de Ernault & Rémila qui nous pondent encore un dossier de folie sur le fanfaron n°1 des français.



Le top 15 de cette édition est bien sûr consacré à la rentrée, qui n'est pas un si lointain souvenir pour certains, ah ce fameux savon jaune Provendi... Comme les plumes me donnent des sueurs froides, je passe directement au plat, après un étrange article 'tableau' sur le livre de mannequin, remplissage ou quoi? La longue interview de Prévost recueillie au Fouquet's (patrie des ringards!) est bien chaloupée, même si celui qui a tant joué la carte de l'absurde ne nous apprend finalement pas grand chose sur lui-même et son environnement. On découvre le Prévost chansonnier que l'on ne connaissait peu, on redécouvre ses pensées célèbres ('le temps passe et les œufs durent") et 20 de ses meilleures apparitions à l'écran sont listées, de Montcuq au Garage Gaudin en passant par Uranus, Anagram, ou son rôle de "Gros Porc" à l'époque de Canal+. Un régal. Pour finir, les longs remerciements à l'émission de FR3 "Merci Bernard" dont il fit partie et contribua au délire absolu.



Après l'interview star de Magali Noël, ex-rockeuse et pin-up au temps de Gabin, Schnock n'a pas pu résister non plus à l'appel des superhéros et revient sur l'histoire de "Strange' en France, le comic des comics. Relou. Le retour sur l'attentat à l'appartement d'Yves Mourousi et l'album expérimental de >Dick Rivers (alias Pourquoi-Michel-Drucker-me-déteste-?) redonnent la banane. En parlant de banane, le deuxième dossier du trimestre est consacré aux loubards des années 70 (voir ci-dessous) et s'enchaîne (de vélo) ) avec une interview de Patrick Grenier de Lassagne (auteur de "Classe dangereuse") ainsi qu'une plongée au cœur de la déchéance rock: l'histoire d'amour (et de picole) entre Vince Taylor et la ville de Brest. Excellent. Le cahier de fin vous réserve encore des surprises avec à l'honneur ce coup-ci, Dominique Zardi, un mec qui a joué dans 500 films et que pourtant vous ne connaissez pas. Il sort aujourd'hui. Vite, le prochain.



LOUBARDS 70 - L'article total

Abraxas Annihilation



« Ce qui caractérise notre société, désormais, c'est une forme de fatalisme: les gens ne savent pas quoi faire. [...] Le problème est profond: trop peu de gens sont suffisamment hors du système et encore moins se sentent suffisamment puissants pour proposer une alternative. [...] Aux États-Unis, les gouvernements démocrates ou républicains et les banques, c'est la même chose. C'est pour ça que j'en ai marre de la démocratie. Ça ne marche pas, arrêtons-tout, prenons un tyran. [...] Je déteste ce sentimentalisme qu'on retrouve dans les bandes-annonces de films sur la famille ou sur les communautés; il y en a partout. On en revient à ce que je disais: les gens sont désespérés et ne savent plus vers qui se tourner. »

Terry Gilliam, So Film #2, 2012. (Picture: Espaces d'Abraxas, Noisy-le-Grand)

Modern Music against the Modern World


IRON SKY (2012)



Pourquoi les 'magazines de cinéma' ont-ils boudé Iron Sky ? «Parce que c'est pourri» n'est pas un argument valable, «parce que c'est nazi» est déjà plus plausible. Le film finlandais de Timo Vuorensola est déjà sorti dans plus de 25 pays (dont l'Allemagne) mais n'est pas encore dispo en France, où l'on a visiblement du mal à sortir les nazis du contexte 39-45. Dans cette science-fiction rétro-futuriste, les nazis débarquent cette fois de l'espace.

Why 'french film magazines' have snubbed Iron Sky? "Because it sucks" is not a valid argument, "because it's Nazi" is already more plausible. The Finnish Timo Vuorensola's film has been released in more than 25 countries (including Germany), but is not yet available in France, where it's noticeably struggling to get out the Nazis out of their WWII context. In this retro-futuristic sci-fi movie, the Nazis are this time coming from space.


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Ah ah ah you motherfuckers !


COSTES & SEBASTIaN : Noise R Us



Mai dernier, entre les deux tours des présidentielles, Costes et SebastiAn avaient préparé un attentat au Point Éphémère à l'occasion de la sortie du 'plus gros livre' écrit sur le bonhomme: "L'art brutal de Jean-Louis Costes", chieur d'une centaine d'albums, snuff movies, peintures et autres écrits corsés depuis 86. Le poète porno et le DJ touche française s'étaient déjà associés en 2008 mais leur présence en duo sur scène reste assez rare pour le signaler. Jacques Brel DIY vs. Vladimir Cosma 2.0 ? Peu importe, puisque seul l'amour compte, "c'est ça l'amour, enculer toujours" comme le chante Jean-Louis. J'ai posé quelques brèves questions aux deux lurons après ce concert dont vous ne saurez pas s'il était subversif ou subventionné. En avant l'anti-musique.

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La corde ou le gaz ?


DES JEUNES GENS MÖDERNES (2011)



Vous savez que l'entrisme fut une stratégie des trotskistes pour infiltrer et noyauter d'autres organisations (aux idées proches ou pas). Mais est-ce que vous saviez que ENTRISME fut un magazine créé pour infiltrer le "spectre culturel" et devenir leader d'opinion (de qui? de quoi?). Ceux qui ont eu le loisir de tenir un des 6 numéros (plus le numéro zéro) entre leurs mains ont pu s'imprégner des saveurs de la revue "mutante, générationnelle et transversale" et de leurs accroches "game-by-punk" à faire jalouser VICE, qui furent d'ailleurs très bien relayées par Libération ou Les Inrocks, normal. Présente partout où il fallait être (Palais de Tokyo, Colette, Agnès B, nightclubs, galeries, etc) sur le maximum de champs artistiques possibles (musique, photo, art, etc), la "communauté de l'instant" avait compris que la règle de survie en milieu hipster était clairement: "communiquer pour réussir". En guise de testament, les "entristes", génies du marketing DIY, appuyés par le réalisateur rock Jérôme de Missolz (Race d'Ep, Furie Rock, You'll never walk alone) et d'un budget de 700 000€ ont conçu leur propre film documentaire assurant pleinement leur postérité.



Le film aurait pu être nommé plus originalement, mais bon. Dans ce doc, la bande des 4 d'Entrisme, qui ne revendiquait pourtant aucun passéisme ou aucune nostalgie, part à la rencontre d'Yves Adrien (rebaptisé 69-X-69), le poète pote de Pacadis qui roulait sa bosse dans les années Palace (toujours le même refrain). L'association des jeunes gens mödernes et du vieux mec növo devait fatalement arriver. Quand on lit son livre "Növovision" sorti en 1980, on retrouve les mêmes techniques de slogans publicitaires qui sortent de la bouche des intervenants de ce document. Le critique rock transformé en poète mou nous abreuve de sa pataphysique dans de longs monologues fatigants, et les hommes-médias n'ont rien à ajouter ni échanger, évidemment. Le passé ressurgit encore par deux fois, Edwige Belmore (la reine des punks) massacre Brel et Lio verse sa larme sur le bord d'un lit. Le dandy à la rencontre du trash et l'idolisme surpasse vite le clash (qui consiste simplement à jouer au plus arrogant). C'est le superficialisme assumé dans toute sa laideur, comme les tatouages ratés dont la bande s'orne pour se convaincre de sa subversion. D'apparts en apparts, de conversations facebook en soirées Adrien, de New York au Japon (merci le mécénat), la classe créative tente d'analyser son époque sous fond de montage bordel-geek appuyé par tous leurs groupes fétiches (the death set, crystal castles, fuck buttons, poni hoax, this is pop), qui a dit le pire de la décennie ?



Nous sommes en 2012, Entrisme a cessé d'exister depuis la sortie du film et sa présentation au festival de Cannes 2011. Même si le souhait d'être "diffusé dans tous les Leclerc de France" comme fantasmait un des membres ne s'est pas réalisé, ils ont réussi leur pari. Faire parler d'eux. Et ouais, nous sommes maintenant dans l'ère où la visibilité est devenue la seule velléité des protagonistes de cette putain de "sphère culturelle"...

Nabe avait déjà prévu la rencontre des deux mondes, 30 ans avant la sortie du film, en 1984... le voilà le futur d'avant !

« Vous qui entrez, laissez toute élégance ! Voici l'escouade des jeunes gens modernes. Tous le même regard. Ne cherchez pas d'innocence sur leurs visages. Les filles de treize ans ressemblent aux putes de dix-huit. [...] Pour elles, avoir de la classe c'est être vulgaire. On a l'impression d'être toujours au bordel dans la rue.
C'est la génération des magazines. Tout ce qu'il y a de nouveau est beau. L'Histoire commence à partir d'eux. C'est la haine de la continuité. La haine des autres.
C'est l'extravagant cortège hargneux des New-Larves. Ils se rendent vite dans un hangar pour y dégorger leurs énormes manques. C'est la brutalité de la mièvrerie viandée, du fade imberbe, imbu, de la plus effarante singerie de vieilles modes de tous les temps. Nous voici absolument en pleine anthologie de modes. C'est fantastique! On change de mode comme de chemise. Nous en sommes aux ablettes bordées de nouilles qui vont poser leurs pêches aux Ex-Bains ou dans un quelque autre Hall de Gare aux couleurs électriques. [...]
Se faire pédé maintenant est une véritable mode: peut-être la plus tenace de nos années. [...] Les jeunes se font pédés par goût de la minorité d'abord et par mimétisme bêta ensuite, comme des phasmes qui se montent pour faire comme les autres. Pas le quart des pédés d'aujourd'hui est pédé, maladivement pédé, incurable à vomir, tendancieux du berceau... Que les mères se rassurent: dans cinq-six ans leur bambin refermera son paquet de pâtes, il fondera - graphiste ou attaché de presse - une famille normale. Beaucoup d'Undergrounds jointés des années soixante-dix s'en sont très bien sortis, pourquoi pas les tantouzes d'occase ? La folle jeunesse fait son temps: il faut qu'enculage se passe. »