Fluoglacial - Tendances Négatives

Playlist #20 : Complexe Industriel

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[Sélection EBM réalisée pour le blog Peur Bleue]

Presse le bouton

01 - LIAISONS DANGEREUSES - Mystère dans le brouillard (1981)
02 - SNOWY RED - Don't lose control (1981)
03 - ESPLENDOR GEOMETRICO - Moscu esta helado (1982)
04 - TOMMI STUMPFF - Crève petit con (1982)
05 - DIE KRUPPS - Neue helden (1982)
06 - ABSOLUTE BODY CONTROL - Automatic II (1983)
07 - SPK - Walking on dead steps (1983)
08 - PORTION CONTROL - Go-talk (1983)
09 - STRATIS - Herzlos (1984)
10 - LAIBACH - Panorama (1985)
11 - À;GRUMH... - Drama in the subway (1986)
12 - KLINIK - Go back (1986)
13 - PSYCHE - The crawler (1986)
14 - PANKOW - Sickness takin' over (1987)
15 - FRONT LINE ASSEMBLY - Obsession (1988)
16 - SIGNAL AOUT 42 - Pro patria (1989)
17 - LEAETHER STRIP - Torment me! (1990)
18 - DRP - Brainhunter (1990)

Homme, Machine, II.

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Je crois que la tracklist de A MAN & A MACHINE VOL.2 se passe de commentaires. Tous ces groupes, et ces morceaux, de la fin des années 70 au milieu des années 80, ont fait dansé l'homme blanc et le font encore. La sélection n'est pas si évidente que ça. LE MAQUIS n'a pas mis machinalement les titres phares des groupes, au contraire. La pointance est toujours présente dans les références. Certaines choses expérimentales au son douteux que je ne citerai pas auraient pu être oubliées. (L'armée Flexi-Pop s'en est déjà chargé) Pour le reste c'est du classique robotique, que tu dois connaître, apprends le passé pour maitriser le présent et maudire le futur. La COLD side l'emporte facilement sur la WARM SIDE par un score de 7 à 5. Mais comment en aurait-t-il pu être autrement ?

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Paris sous les bombes

CARNETS NOIRS Acte I



Voici un ouvrage épais et sombre, aux allures de manuel de magie noire, sous-titré "Musiques, attitudes, cultures gothiques, électroniques et industrielles". Les 2 premiers volumes (écrits collectivement et édités par E/DITE & K-INITE) sont sortis début 2006 et abordent la scène musicale froide internationale pour le vol.1 (250 pages), et exclusivement francophone pour le vol.2 (350 pages). Un 3ème volume destiné au rapport de ces scènes à la littérature et au cinéma est sensé sortir prochainement.

Le bouquin a pour vocation de présenter un panorama large (avalanche d'étiquettes mais sans trop rentrer dans les détails) des musiques goth, electro et indus. Il se présente comme une discographie romancée avec des anecdotes ici et là et quelques photos de qualité. L'époque couverte s'étale de la fin des années 70 au début des années 2000. On assiste donc à un survol de la naissance de ces musiques dites froides et à leurs mutations à travers 4 décennies. C'est relativement complet, pas pédant, ça concerne donc autant les connaisseurs que les découvreurs. Je me contenterai de résumer brièvement les 14 chapitres, regroupés, dans le vol.I, par famille musicale.






POST-PUNK
Les balbutiements de la New Wave. La naissance du genre Gothique.

1977. La carrière éclectique de WIRE commence, les précurseurs anglais. On passe brièvement sur le minimalisme de SUICIDE, et tant mieux. Puis la musique rock plus noire des STRANGLERS et les débuts fulgurants de THE FALL. C'est l'heure où le règne de JOY DIVISION débute. L'heure aussi où les filles se la donnent, LENE LOVICH, NINA HAGEN et MALARIA! en Allemagne. C'est l'ébullition. ULTRAVOX découvre l'électronique et John Lydon monte PUBLIC IMAGE LIMITED après la mort des SEX PISTOLS. Même succès pour le groupe MAGAZINE monté par un ex-BUZZCOCKS.

L'Australie représente aussi avec THE BIRTHDAY PARTY, le premier groupe de NICK CAVE, ou les HUNTERS & COLLECTORS. C'est déjà le début des années 80 et la magie est partout. Les mélodies de NEW MODEL ARMY, KILLING JOKE, ECHO & THE BUNNYMEN et THE CURE donnent ses lettres de noblesse à l'après-punk, créant une déferlante froide sur le monde, le rock ne sera plus jamais comme avant.






COLD-WAVE
Les musiques froides et intellectuelles des années 80.

Terme exclusivement français et musique essentiellement anglaise (JOY DIVISION, THE CURE), le style se développe surtout en Angleterre et en France pour rompre avec la commercialisation du punk et de la new wave. Les pionniers raffinés s'appellent THE CHAMELEONS, SAD LOVERS & GIANTS ou AND ALSO THE TREES.

Des groupes ont cependant obtenu un certain succès comme THE OPPOSITION ou à l'inverse se sont enfermés dans une sophistication extrême tels IN THE NURSERY ou THE DURUTTI COLUMN. Les labels y sont déterminants. 4AD par exemple, qui popularisera un son, avec COCTEAU TWINS, l'excellent hollandais de CLAN OF XYMOX, les débuts de MODERN ENGLISH et plus tard la découverte de COLOURBOX, des PIXIES ou de WOLFGANG PRESS.

L'autre tête pensante du style est FACTORY. La maison de JOY DIVISION/NEW ORDER évidemment, mais aussi celle des excellents SECTION 25 ou de THE WAKE et THE NAMES. En France, c'est le label DIVINE qui domine. Outre les joyaux français que sont TANIT et COMPLOT BRONSWICK (dont je parlerais plus tard), ils produisent le terrible groupe belge MINIMAL COMPACT, les hollandais de MECANO ou les américains de TUXEDOMOON. C'est la fin des années 80, d'un style et d'une époque que tenteront vainement de sauver les CRANES.






BATCAVE
Théâtralité, exubérance et expérimentation.

1982. The Batcave ouvre ses portes à Londres. Crée par le chanteur de THE SPECIMEN, le club organise des soirées à sensation avec des danseuses en cage ou le rock fou, horrifique, théâtrale et sexuel de ses potes (AUSGANG, ALIEN SEX FIEND, DANIELLE DAX) séduit les gothiques allumés. Influencé par les CRAMPS, ALIEN SEX FIEND puis SEX GANG CHILDREN deviennent les noms clés du genre, maintenant dénommé Batcave. Plus gothiques, sombres et torturés naitront des groupes marquant pouvant se rapprocher de ce courant expérimental. Ils se nomment VIRGIN PRUNES, THEATRE OF HATE et bien sûr BAUHAUS.






NEW WAVE, TECHNO POP ET NÉO-ROMANTIQUES
Manifeste électronique, rétro-futurisme et musique populaire pervertie.

Dès la fin des années 70, quelques dandys décident de pousser le son analogique et de créer la bande son la plus proche de l'époque déhumanisée dans laquelle ils vivent. Leur père s'appelle GARY NUMAN, leurs oncles THE HUMAN LEAGUE. ANNE CLARK incarnera elle, le néo-romantisme féminin, tandis que VISAGE génèrera toute la scène "new wave" des dancing des années 80. Il suffit parfois d'un single pour rentrer dans la légende, c'est le cas de THE NORMAL, créé par Daniel Miller, le fondateur de MUTE Records, rien qu'ça.

Ce minimalisme élégant et glacial (classifié synth-pop) lancera une quantité infinie de groupes dont on retiendra forcément DEPECHE MODE, SOFT CELL, ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK mais aussi le très bon FAD GADGET. NEW ORDER est un cas à part, ils installeront au fil des albums leur concept house music dans une scène new wave anglaise pas prête pour ça. Les cours boursiers retiendront le synthétique EURYTHMICS et les très pop SIMPLE MINDS, TEARS FOR FEARS ou TALK TALK.






LES SCÈNES GOTHIQUES ET POST-PUNK AUX ÉTATS-UNIS
An american way of death.

Outre-Atlantique, c'est DEVO, leur rock futuriste et leur humour froid et grinçant qui ouvrent la voie. Mais les américains sont plus forts dans l'horreur. THE MISFITS et THE CRAMPS naviguent à la même époque, hardcore-punk pour l'un, garage-punk pour l'autre, un point commun, la folie. Les DEAD KENNEDYS issus eux aussi du punk marqueront par leurs futures expérimentations et leur caustique contestation. Puis on se demande ce que le groupe de space-rock CHROME vient faire là-dedans (?). PERE UBU de Cleveland fera la renommée d'un style jazz-punk pimenté tandis que les EXECUTIVE SLACKS préfigureront l'electro-industriel du nouveau continent.

Les divas du mouvement s'appellent DIAMANDA GALAS et LYDIA LUNCH. Mais le groupe le plus à l'image de ce qui se passe en Angleterre s'appelle CHRISTIAN DEATH et émerge de la fleurissante scène death-rock de Los Angeles (45 GRAVE, SPEED QUEENS, SUPERHEROINES). Début fulgurant et longue carrière extravagante suivi de projets solos (MEPHISTO WALZ, GITANE DEMONE). C'est les années 90 et le gothisme revient en force. FAITH & THE MUSE, KOMMUNITY FK, SHOCK THERAPY, RED TEMPLES SPIRITS, LONDON AFTER MIDNIGHT sont les nouveaux espoirs du genre.






MUSIQUE INDUSTRIELLE
Du bruitisme des origines à la fusion électronique, histoire de la musique urbaine.

Il faut aller piocher dans le rock psyché de la fin des années 60 et surtout dans l'épopée Krautrock pour définir le terme industriel. Avant-garde, musique nouvelle, free-jazz. C'est le bouillon de culture en Allemagne avec des groupes de hippies cosmiques comme AMON DÜÜL, FAUST, BRAINTICKET ou les grandioses TANGERINE DREAM et KRAFTWERK. La seconde partie des 70's fournit le minimalisme décadent qui sera la marque de fabrique du genre, HENRY COW, CHARLEMAGNE PALESTINE et les célèbres RESIDENTS.

Le premier artiste industriel à proprement parlé est THROBBING GRISTLE. D'abord sous le blaze COUM (Cosmic Organisation of the Universal Molecular), le quatuor se forme en 1975, date à laquelle ils décident de rompre avec l'image négligée des hippies pour se couper les cheveux et revêtir des tenues militaires, tout le monde les imitera par la suite. Le groupe est dissout en 1982 à cause d'une histoire de fesse entre CHRIS & COSEY. Ces deux là ont sorti leur 1er disque un an plutôt, et continueront dans une mouvance electro pas toujours réussie. Genesis P. Orridge se retrouve seul et fonde le culte PSYCHIC TV, qui fournira de nombreux albums malsains avant de sombrer dans l'acid-house.

Un autre groupe de renom, COIL, se forme en 1984 avec encore un ex-THROBBING GRISTLE (ainsi que 2 individus de FOETUS et VIRGIN PRUNES). CV en béton et musique plus calme et mélodieuse. TG sont aussi à l'initiative du label INDUSTRIAL Records créé en 1976, inutile de préciser la portée du nom. Le label découvrira le projet SPK ainsi que 2 piliers du style électronique made in Sheffield, CLOCK DVA et CABARET VOLTAIRE. Le début des années 80 voit fleurir d'autres obscurs et dérangeants groupes comme WHITEHOUSE, CONTROLLED BLEEDING, NOCTURNAL EMISSIONS ou les mythiques NURSE WITH WOUND.

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La musique industrielle se répand mécaniquement partout. ZOVIET* FRANCE chez nous, MERZBOW et THE GEROGERIGEGEGE au Japon, ESPLENDOR GEOMETRICO en Espagne, LEGENDARY PINK DOTS en Hollande, les SWANS à New-York, mais surtout EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN en Allemagne, qui se présente comme le plus fidèle rejeton de THROBBING GRISTLE et dont la longévité est exemplaire.

Parallèlement, des actes plus extrémistes et provocants font leur apparition. C'est le cas de NON, le projet de Boyd Rice, fasciné par l'art de la propagande et le IIIème reich. TEST DEPT. chez les britons encore, traine aussi une sombre réputation infondée derrière lui. La plus grosse réussite de cette mouvance vient de Slovénie : LAIBACH, ou comment atteindre le succès par la provocation.

Le chapitre se clôt sur le "dark-ambient" industriel des années 80 dans lequel se sont illustrés LUSTMORD, BRIGTHER DEATH NOW, SLEEP CHAMBER et SLEEPING DOGS WAKE. L'industriel pur et dur devient malheureusement soluble dans les années 90. Il se noie la plupart du temps dans l'électronique ou le metal. Excepté E.A.R. (Experimental Audio Research) suivi de BLACK LUNG et son electronica bruitiste. On arrive déjà sur le territoire des APHEX TWIN et AUTECHRE mais ça c'est une autre histoire...






GOTHIC-ROCK
De l'underground au sommet des charts.

Les styles évoqués vont se faire de plus en plus pointus et précis. Les termes sépulcral ou crépusculaire vont apparaître dans le débat. Écho, mysticisme et fantasmagorie caractérisent cette musique popularisée par SIOUXISE & THE BANSHEES, LE groupe créé en 1976. Dans une lignée plus post-punk et confidentielle se forment GENE LOVES JEZEBEL à Londres, et le célèbre THE CULT en 1981, qui finira par faire du hard-rock.

Dans un style nettement plus sombre, on notera aussi THE DANSE SOCIETY et THE MARCH VIOLETS, sans oublier l'Allemagne et X-MAL DEUTSCHLAND. Les ténèbres vont se faire plus oppressantes au fil des années 80. Les grands SISTERS OF MERCY vont enfin sortir leur premier album pour ensuite laisser leurs fans à THE MISSION, ALL ABOUT EVE et aux brutaux FIELDS OF THE NEPHILIM dans la seconde partie des 80's.






ELECTRONIC BODY MUSIC
Le bruit qui danse.

Elle aurait aussi pu s'appeler European Body Music car pour une fois, cette musique prend sa source en Allemagne et en Belgique, et non en Angleterre. Racines punk améliorées, électronisme binaire, agressivité sonore, puissance physique, rythmes martiaux, imagerie paramilitaire, textes provocants... C'est D.A.F. (Deutsche Amerikanische Freundschaft) de Düsseldorf qui lance la voie à la fin des 70's.

Après des expérimentations sonores dignes du Krautrock, l'album "Alles ist gut" (1980) créé le standard. En Belgique, c'est FRONT 242 formé l'année suivante, qui créé l'appellation et pousse le style à l'extrême, plus performant que jamais. Les débuts de leurs compatriotes THE NEON JUDGEMENT (1980-1984) seront aussi pionniers dans la musique électronique industrielle avant que le groupe se tourne vers un son plus rock.



La réponse anglaise ne se fait pas attendre, NITZER EBB nait en 1982. De nouveaux thèmes s'ajoutent au style naissant, culte du corps et musique de plus en plus physique et autoritaire. Malheureusement, après l'incroyable "Join in the chant", le groupe va sombrer dans la danse music facile. En 1982 aussi, se créé SKINNY PUPPY au Canada. Ils se démarqueront par leur allure batcave et délurée comparée au look strict des autres pionniers de l'EBM. Un autre grand nom du genre nait aussi au Canada en 1985, FRONT LINE ASSEMBLY. Un côté gothique plus marqué que les européens sur une musique électronique puissante. N'oublions pas non plus NUMB et PSYCHE (qui n'est pas cité dans le livre).

Dans la seconde partie des 80's, la Belgique reprend d'assaut l'activisme EBM avec de futurs classiques. VOMITO NEGRO, KLINIK et A SPLIT SECOND perpétuent le travail effectué par FRONT 242 et par les mystérieux à;GRUMH. THE CASSANDRA COMPLEX, fondé en 1980 à Leeds, est un peu à part, mélangeant EBM, gothic-rock et plus tard metal-indus. La fin des années 80 verra la Suède se réveiller (POUPPEE FABRIK, CAT RAPES DOG) et l'arrivée du sulfureux groupe américano-anglo-belge MUSSOLINI HEADKICK avant que l'EBM mute vers d'autres sphères.






METAL-INDUS
Violence, provocation et mélange des genres.

Mélange de grosses guitares et de sons électroniques, cette mouvance va principalement se développer aux USA à la fin des années 80 et au fil des années 90. Mais le parrain du metal industriel est bien plus vieux que ça et se prénomme FOETUS. Musicien australien migrant de Londres à NY, de 1980 aux 90's, il créa un bouillon de sous-culture entre jazz, rock, metal et bruit expérimental.

Le groupe culte de cette veine est bien sûr MINISTRY (WHITE ZOMBIE changera son rock sale en metal plus tard), qui après des débuts synth-pop mignons et un passage EBM sortit l'album déterminant : "The land of rape and honey" en 1988. Dès lors la brèche est ouverte pour NINE INCH NAILS, RAMMSTEIN et MARILYN MANSON qui créeront l'entertainment rebelle de cette décennie maudite.

En Europe, ce sont les YOUNG GODS et les SWAMP TERRORISTS qui remuent la Suisse. Mais les plus important sont encore allemands, véritables précurseurs de ce son dès le début des années 80, ils se nomment DIE KRUPPS et KMDFM. L'electro-metal n'est alors plus un concept, et OOMPH! en profite dès 1989. L'Angleterre livrera elle un ovni (une fois de plus), répondant au doux nom de GODFLESH et son rock diabolique et digital. Suivront PITCH SHIFTER dans la continuité, et CUBANATE en 1992 poussant le vice jusqu'à la techno-metal. Fous ces anglais.






DARK-FOLK
Des antiques brumes païennes au renouveau urbain des traditions.

Musique glaciale et mélancolique, nourrie de symboles forts, à mi-chemin entre traditionnel et industriel. Mort, guerre, ésotérisme et histoire européenne sont les 4 murs qui renferment cette chambre froide. LE groupe néo-folk incontournable est créé en 1980 par Douglas Pearce et se nomme DEATH IN JUNE. 30 ans de disques mortuaires à son actif, je dis chapeau pointu. Ce chapitre nous apprend l'appartenance de beaucoup de membres de ces groupes à d'occultes sectes, on baigne dans la magie noire et la confusion parfois. C'est le cas de David Tibet, membre du TOPY (Temple Of Psychic Youth) qui fonde CURRENT 93 en 1983, toujours en Angleterre. Les disques inquiétants de C93 seront suivis de prêt par ZERO KARMA.



En Italie, les pionniers cagoulés et leur délicieuse chanteuse s'appellent KIRLIAN CAMERA. Ils navigueront dans tous les styles froids et préfigureront la scène électronique de la botte. Patrick Leagas qui a quitté DIJ refait surface avec le plus musclé SIXTH COMM en 1987. Ian Read lui, membre de l'IOT (Illuminates Of Thanateros) et de la Rune Guild sort son premier disque sous le nom de SOL INVICTUS en 1992. Quand ils ne sont pas influencé par Burroughs ou Baudelaire, ces illuminés composant leurs albums dans des caves le sont par Nietzsche ou Tzara. C'est le cas de COUP DE GRÂCE, projet industriel américain actif de 1984 à 1989 qui se transformera ensuite en BLOOD AXIS.

On navigue vraiment dans un univers ambigu et inquiétant. Les protagonistes semblent déconnectés du monde et vivre dans d'autres époques, dans d'autres sphères, peut-être même de l'autre côté. Leurs discographies ont l'avantage d'être très fournies et s'ils sont toujours actifs dans les années 90, la décennie voit de nouveaux couteaux arriver. ELIJAH'S MANTLE en Angleterre, THE MOON LAY HIDDEN BENEATH A CLOUD en Autriche qui se transformera en DER BLUTARSCH, ATARAXIA en Italie ou encore ORDO EQUILIBRIO et AGHAST en Suède.






DARK-WAVE
À l'Est, enfuin du nouveau !

À l'image de la new wave, la vague sombre déferle en Allemagne à la fin des années 80 et englobe tout un tas de groupes désireux de participer au renouveau gothique alors en chute libre. Mélange d'organique et d'électronique, GIRLS UNDER GLASS est le détonateur de cette scène dès 1986. Enchainent alors dans un style plus gothic-rock influencé par les groupes britanniques LOVE LIKE BLOOD et THE BREATH OF LIFE. Le duo DAS ICH créé en 1989 marquera par sa grandiloquence et son electro-indus percutant en parallèle avec GOETHES ERBEN.

Les années 90 sont le terrain de jeu de PROJECT PITCHFORK, relançant la machine EBM dans l'Allemagne aux côtés de THE ETERNAL AFFLICT et surtout de CALVA Y NADA. L'énigmatique androgyne de SOPOR AETERNUS s'occupera de redorer le blason batcave. THE MERLONS OF NEHEMIAH perpétueront le gothic-rock l'agrémentant de mélodies médiévales et celtiques. Tandis que les fanatiques de GARDEN OF DELIGHT se donneront 7 ans pour sortir 7 albums de 7 chansons! Citons aussi pour finir DEINE LAKAEIN et LACRIMOSA, 2 groupes inclassables estampillés dark-wave.






HEAVENLY VOICES
Le chant des sirènes venu du vaisseau fantôme.

Terme inventé tardivement pour désigner une musique gothique sombre et douce, riche en influences, et exclusivement dominée par une voix féminine lyrique. Pas fanatique de fantaisie héroïque, une grande partie du chapitre ne m'a pas vraiment emballé. Les pionniers dans cette histoire sont les très bons groupes du label 4AD constitués à l'orée des années 80 : DEAD CAN DANCE, le projet THIS MORTAL COIL et les excellents COCTEAU TWINS. Dans la seconde partie des 80's, c'est au tour du label américain PROJEKT de produire ce style, notamment avec les groupes BLACK TAPE FOR A BLUE GIRL et LYCIA. ATTRITION, formé à Coventry en 1980, est un cas à part, mixant EBM, pop et néoclassicisme, et auteur de nombreux albums pendant 20 ans.

A la fin des 80's et au début des années 90, les USA accoucheront d'autres groupes originaux et marquants tels que AREA, LOVE SPIRALS DOWNWARDS, THE SOIL BLEEDS BLACK, LIFE GARDEN ou AUTUMN TEARS. En Allemagne ce sera LOVE IS COLDER THAN DEATH, en Angleterre MIRANDA SEX GARDEN, ou BEL CANTO en Norvège. Au Japon, c'est JACK OR JIVE qui fera onduler les mélodies tandis que la Suède siestera au son d'ARCANA. Froideur, finesse et renaissance au rendez-vous. Le 3ème label important de ces deux décades est HYPERIUM. Il publiera les disques de STOA, ANCHORAGE et CHANDEEN, dignes représentants de l'heavenly Allemagne, ainsi que de nombreux classiques du genre gothique.






METAL-GOTHIQUE
...et le métal devint romantique.

Héritier des contes sombres des 80's signés BATHORY, CANDLEMASS, CELTIC FROST, VENOM, et des prémisses du doom (TROUBLE, SAINT VITUS), le mariage du gothique et du metal arrive à la traine. Le début des années 90 voit naître des hybrides étranges, principalement en Angleterre avec PARADISE LOST, MY DYING BRIDE et ANATHEMA, en Allemagne aussi avec CREMATORY, mais surtout avec TYPE O NEGATIVE de Brooklyn, qui donnera sa renommée au style, rajoutant de l'humour et de la provocation, qui manquaient cruellement à cet univers figé.

D'autres nations vont s'y mettre, lorgnant vers le gothic-rock (MOONSPELL, Portugal), vers le black metal (TIAMAT, Suède) ou vers un style nettement plus brutal (SAMAEL, Suisse). On est au milieu des années 90 et les douteux mélanges mixtes de type metal FM vont débarquer, THEATRE OF TRAGEDY en Norvège, THE GATHERING en Hollande, CRADLE OF FILTH au Royaune-Uni ou LACUNA COIL en Italie. C'est fini.






ELECTRO-DARK/ELECTRO-POP/TECHNO-INDUS
Retours vers le futur

Le 14ème et dernier chapitre fait en quelque sorte le bilan des vestiges EBM qui tiennent encore aujourd'hui. Pas forcément calqué sur le modèle belge, tout ce qui est sombre, électronique et industriel à la fois est abordé dans ces pages. On commence donc avec SUICIDE COMMANDO de Belgique et LEAETHER STRIP du Danemark, qui ne veulent pas oublier KLINIK et FRONT LINE ASSEMBLY. L'allemand :WUMPSCUT: lui, perpétue l'esprit LEAETHER STRIP et son electro-dark malfaisante, et ainsi de suite. Aux USA, c'est VELVET ACID CHRIST qui mène la barque, fiston caché de SKINNY PUPPY.

Formés à la fin des années 80, sont aussi cités, l'ambient industriel allemand de HAUJOBB et l'EBM-pop belge de AND ONE. L'electro-pop revient elle aussi en force dans les 90's. En Germanie avec WOLFSHEIM et DE/VISION, ou dans le Nord avec APOPTYGMA BERZERK. Le virage techno est assuré par le trio suédois COVENANT et les anglais de VNV NATION. La techno industrielle est née, et représentée par le label ANT-ZEN! en Allemagne. La conclusion est laissée à l'extrêmiste harsh-noise et autres dérivés techno-chaotiques qui m'insupportent complètement. Je m'arrêterai donc là.


La chronique de l'acte II arrive. Refroidissez-vous tranquillement en attendant.


LE SITE DU LIVRE

Welcome to Paradise...

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[EBM (Electronic Body Music) : D'abord utilisé par Ralf Mutter de KRAFTWERK pour caractériser leur album "The man machine" sorti en 1978, le terme modifié par les allemands de D.A.F. est adopté par le groupe belge FRONT 242 en 1984. Considérés comme les pionniers du genre, leur musique froide, expérimentale, mais aussi physique et dansante donne tout son sens à l'expression. Extrême, accompagnée d'images fortes, à mi-chemin entre la new/cold wave (DEPECHE MODE, JOY DIVISION), l'électronique (KRAFTWERK) et l'industriel (CABARET VOLTAIRE, THROBBBING GRISTLE), ils revendiquent une scène sans aucune influence afro, rock ou disco. (Un dossier sur le groupe ICI)]

...c'est ce qu'on se dit en slouchant l'intro de "Happiness", qui ouvre ce double album live (de 2h16!). C'est grand, c'est beau, c'est FRONT 242. "Moments" est sorti sur leur ALFA MATRIX le mois dernier et contient 31 titres enregistrés pendant leur "vintage tour" en 2006/2007. Ils ont continué à faire des dates en 2008 aussi, tellement la musique électronique actuelle est faible. Le principe est de reprendre tous leurs classiques des 80's en live, avec la puissance digitale d'aujourd'hui. Le résultat est infaillible. C'est l'EBM des champions servie par tous ces hits du même quartet: "Lovely day", "Commando remix", "Headhunter", "Operating tracks", "No shuffle" ou les plus récents "Moldavia" et "Punish your machine".

FRONT 242 - Welcome to paradise
FRONT 242 - Funkhadafi
FRONT 242 - Operating tracks

Tellement jouissif d'entendre Richard 23 brailler, ainsi que tous ces échos/réverb si caractéristiques du style, créant un climat alarmiste donnant envie d'écraser la Terre en char d'assaut. Quelques morceaux sont moins efficaces version 2000, comme "Body to body" et "First-in first-out", d'autres trop technoïsés déçoivent un peu, mais l'ensemble donne furieusement envie d'y être. Le groupe choisissant méticuleusement ses concerts, la France est souvent écartée du plan. Leur dernière venue prévue à la Loco (Paris) en juillet dernier avait été bizarrement annulée d'ailleurs. En attendant, une date à Toulouse en Janvier figure sur leur calendrier. Pour mieux comprendre la chose, zyeutez leur documentaire juste au dessus, c'est présenté par Ray Cokes. Et c'est CRUCIAL.