Fluoglacial - Tendances Négatives

Joël Séria (1971-1977) : Révolution sexuelle dans les chaumières


Le cinéma français des années 70 dans toute sa splendeur. Politiquement incorrect, libre et sauvage. Joël Séria en est l'un des principaux artisans. Avec seulement 6 films à son actif, sa collaboration avec Jean-Pierre Marielle et ses dialogues surpuissants de type Audiard version sexe, il défonce les barrières morales tout juste bousculées en 68. Pas de nouvelle vague, pas de manières. Juste une réalité provinciale qui fait mal!

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MAIS NE NOUS DELIVREZ PAS DU MAL (1971)

1er film et 1er scandale. Anne (Jeanne Goupil) et Lore (Catherine Wagener) sont deux jeunes filles en vacances à la campagne. Soumises à l'éducation religieuse depuis des années, l'effet voulu, comme souvent, s'est inversé et les a rendu complètement diaboliques. Adolescentes en révolte, adeptes de rites sataniques, elles joueront à des jeux de plus en plus dangereux, titillant les pulsions de tous les hommes qu'elles croiseront, jusqu'au point de non retour. Interdit au moins de 16 ans à sa sortie. Vice et perversion pure.

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CHARLIE ET SES DEUX NENETTES (1973)

Ambiance plus décontractée dans ce road movie à la française. Charlie (Serge Sauvion) est au chomdu, il rencontre deux adolescentes (encore) au bureau ANPE du coin. Josyane (Jeanne Goupil, encore) et Ghislaine (Nathalie Drivet) sont dans l'expectative totale mais réussissent à convaincre Charlie de faire la tournée des marchés de province avec son estafette pourrie. Périple plein de rebondissements, de joies et de déceptions, d'amour paternel et physique. C'est aussi la première (et mémorable) apparition de Jean-Pierre Marielle chez Seria, en vendeur itinérant véreux, qui finira par kidnapper la pauvre Ghislaine... Une ode à la liberté.

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LES GALETTES DE PONT-AVEN (1975)

Classique de chez classique. Seria avait flairé le potentiel de Marielle et le choisit donc pour incarner Henri Serin dans un des films les plus emblématiques du cinéma français. Marié, 2 enfants, en bon commercial, Riton n'hésite pas à jouer de la pantoufle durant ses voyages professionnels. Puis un beau jour, sa vie de représentant en parapluies à Saumur ne l'excite plus. Sa femme se faisant polochonner dans son dos produit le déclic. A l'image de la deuxième vie de Paul Gauguin, il décide de tout plaquer et de se consacrer à la peinture, sa passion de toujours, et s'exile en Bretagne. Il y fera la connaissance d'Emile (Bernard Fresson), un peintre professionnel taré ("regarde moi ce cul, c'est quand même autre chose que la face à la sainte vierge!"), de la jeune Marie (Jeanne Goupil) puis sombrera dans l'alcoolisme et la déprime. Un vrai film culte, des dialogues de feu, une planance propres aux 70's. Parfait.


… COMME LA LUNE, LE CHEF D’ŒUVRE ABSOLU :






MARIE POUPPEE (1976)

Jeanne Goupil et son visage angélique, actrice fétiche de Seria, joue ici pour la 4ème fois consécutive. Un film plus poétique, dans l'univers de la porcelaine et des poupées, et traitant plus exactement de la sacralisation de la beauté féminine. André Dussolier y fait ses débuts en acteur principal. Je ne l’ai pas vu et ne m’en porte pas plus mal.

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…COMME LA LUNE (1977)

Mon favori. 1977, le punk explose, et Jean-Pierre Marielle aussi. Roger Pouplard est réparateur chez Frigolux (ça ne s'invente pas). Il en a marre de cette vie sans saveur et de sa femme frigide. En visite chez Nadia (Sophie Daumier), la bouchère allumeuse, et après une partie de pantoufles, il plaque tout et s'installe avec elle, vivant à ses dépends avec l'esprit occupé par une seule chose, LE CUL. Ca ne durera pas. Pouplard trompé, pètera un plomb, et finira dans les bras d'une autre débutante, mais moche cette fois, Yvette (Dominique Lavanant). Virilité exacerbée, beauferie ultime, érotisme, mauvaises manières, la vulgarité se transforme en ART. C'est une des meilleures comédies jamais faites, avec le piquant et l'incorrection nécessaires pour la rendre utile. BETON.

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LES DEUX CROCODILES (1987)

Le film de trop? On peut se demander s'il était judicieux de revenir 10 ans après le succès de COMME LA LUNE. Cependant, le duo de choc Jean-Pierre Marielle/Jean Carmet fait plaisir à voir! Emile Rivereau (Carmet) rend visite à sa mère en Bretagne et tombe sur René Boutancard (Marielle) dans le TER, un arnaqueur né. Celui-ci est videur dans une boite à strip-tease miteuse du coin et lui offre l'hospitalité. Boutancard se révèle être l'ex-ennemi public n°1, truand recherché parti se refaire la tronche au Brésil. Ils feront les 400 coups ensemble, avec pactole à la clé, et finiront pédés (Brésil?). Du grand n'importe quoi pour cette comédie loufoque sans vraiment de fond, avec l'apparition du vétérinaire dingue (Jean-Paul Farré) et une fois de plus, des scènes et dialogues truculents.


Une oeuvre toujours à la limite de la guillotine (pédophilie, femme démon, ni foi(e) ni loi), mais une sincérité et une liberté qu'on ne retrouve plus dans les films fades d'aujourd'hui. Respect à Joël.

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Commentaires

1. Le vendredi 29 août 2008 à 20:03, par Masterkiller

Bien ça, je connaissais pas du tout ça le fait. Les années 70 en France pour moi c'était surtout Corneau, les derniers Melville, et 2-3 films de ci de là on va dire. Jvais en dl un ou deux dans la liste.

2. Le samedi 10 juillet 2010 à 12:50, par xis

On pourrait presque rajouter Calmos de Blier qui pourrait se voir comme une version sous LSD des films de Sierra avec Marielle.

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