Fluoglacial - Tendances Négatives

LE 13



COBRA jouera à Paris samedi, pour fêter le retour en France de KICKBACK. Ils seront tous deux accompagnés de YUSSUF JERUSALEM, une affiche à trois fourches, épicée, et marquée du sceau Fluoglacial. Vous pouvez d'ailleurs gagner 2 fois 1 place pour le concert en répondant à la question suivante :

Quel est le médicament préféré de Cobra ?

La première et ultime interview du groupe est disponible en cliquant sur le flyer ci-dessus (ou bien ici si vous souffrez des yeux).

Amitiés Aumistes.

Mise à jour du 12 octobre: Le concours est terminé, la réponse était:



Ringards !



Après un troisième numéro sur Jean Yanne, ce qui devait arrivé arriva, Daniel Prévost le forcené est en couverture de Schnock #4. Le joint de culasse du journal vieune (vieux-jeune) n'a toujours pas pété et assure l’étanchéité de Ernault & Rémila qui nous pondent encore un dossier de folie sur le fanfaron n°1 des français.



Le top 15 de cette édition est bien sûr consacré à la rentrée, qui n'est pas un si lointain souvenir pour certains, ah ce fameux savon jaune Provendi... Comme les plumes me donnent des sueurs froides, je passe directement au plat, après un étrange article 'tableau' sur le livre de mannequin, remplissage ou quoi? La longue interview de Prévost recueillie au Fouquet's (patrie des ringards!) est bien chaloupée, même si celui qui a tant joué la carte de l'absurde ne nous apprend finalement pas grand chose sur lui-même et son environnement. On découvre le Prévost chansonnier que l'on ne connaissait peu, on redécouvre ses pensées célèbres ('le temps passe et les œufs durent") et 20 de ses meilleures apparitions à l'écran sont listées, de Montcuq au Garage Gaudin en passant par Uranus, Anagram, ou son rôle de "Gros Porc" à l'époque de Canal+. Un régal. Pour finir, les longs remerciements à l'émission de FR3 "Merci Bernard" dont il fit partie et contribua au délire absolu.



Après l'interview star de Magali Noël, ex-rockeuse et pin-up au temps de Gabin, Schnock n'a pas pu résister non plus à l'appel des superhéros et revient sur l'histoire de "Strange' en France, le comic des comics. Relou. Le retour sur l'attentat à l'appartement d'Yves Mourousi et l'album expérimental de >Dick Rivers (alias Pourquoi-Michel-Drucker-me-déteste-?) redonnent la banane. En parlant de banane, le deuxième dossier du trimestre est consacré aux loubards des années 70 (voir ci-dessous) et s'enchaîne (de vélo) ) avec une interview de Patrick Grenier de Lassagne (auteur de "Classe dangereuse") ainsi qu'une plongée au cœur de la déchéance rock: l'histoire d'amour (et de picole) entre Vince Taylor et la ville de Brest. Excellent. Le cahier de fin vous réserve encore des surprises avec à l'honneur ce coup-ci, Dominique Zardi, un mec qui a joué dans 500 films et que pourtant vous ne connaissez pas. Il sort aujourd'hui. Vite, le prochain.



LOUBARDS 70 - L'article total

L'esprit Cobra



Des cyclistes transfusés? c'est ça l'esprit Cobra! Des muscles atrophiés? c'est ça l'esprit Cobra! Entre Sylvester Stallone en 1986 et Riccardo Ricco en 2008, un groupe de Grasse se dresse. Comme eux, il se surnomme COBRA. Duo formé en 1984 (?) dans ce sud-est culturellement abandonné, COBRA possède une seule devise: outrage et destruction. Après les aventures d'Astérix au Pays du Blues, le serpent attend 2001 pour semer la dynambiance et sortir son premier album, "Involution". Déjà des titres affolants: J'aime regarder les filles qui marchent sur des seringues (sur la plage), Ta culture m'emmerde, Pédés et drogués... C'est South Central dans les Alpes-Maritimes. Et c'est punk, black metal, hard rock, fusion, voire même dance. Les refrains en français percutent: "sucer - des routiers - dans les WC - des highways". Et ils prient même Satan pour finir de choquer le méditerranéen.



La subversion atteint le Nord avec leur deuxième album "Le pont des extrêmes", en 2006. Toujours une pochette catéchiste étrange et cette voix plaintive et agressive à la fois, 06130 en force. L'absence Des lieux associatifs pour les jeunes soucie COBRA, un thème qui leur est cher, musicalement plus uniforme (punk/hardcore), le disque est moins dangereux, même si COBRA nous dévoile tout de même d'inquiétants Secrets en partie révélés... L'évangile selon Saint-Loubard et ses mots clés (metal punk bières haine occultus peur satan) ne plaît visiblement pas aux "médias metal" qui descendent le disque et le comparent même parfois à Bérurier Noir ou à du rock identitaire (?). Dur.



Peu importe, en avril dernier, COBRA revient avec son troisième album "Les clefs de l'inquiétude" (disponible pour 6.66€) appuyé par un clip puissant: Nihilistes. Le disque enterre TRUST et le hard rock français grâce à des riffs métalliques et de gros morceaux méchants comme Le glaive de Satan ou L'auberge de la dernière chance, ode horrifique à la France d'en bas du bas, celle qui transpire sous les bras et ne se lave pas, les restaurants où l'on mange torse nu, les nightclubs où l'on danse pieds nus, les pantalons en panthère et les bottes en polyester... Hexamide, symbole de l'Aumisme, rappelle au souvenir de Gilbert Bourdin, dont la secte du Mandarom est toujours établie dans les forêts du Verdon. Parodie ou pas, c'est un putain d'album! C'est Cobra et c'est comme ça, et ceux qui sont pas contents, qu'ils aillent tous se faire enc*ler !





Freak City



DJ Criminal est le robot dessinateur derrière la firme Freak City Designs, localisée dans la grande ceinture de Bordeaux, cité radioactive de par son logo. Il n'a besoin de s'associer à aucun humanoïde de la com' pour faire hurler son métal. Ses logos, couvrantes, affiches, sérigraphies et designs en tous genres se répandent dans les égouts de la contre-culture depuis 2005. Il vient juste de torcher la nouvelle bannière anti-estivale de Fluoglacial. Alors, sens-toi libre de le contacter si tu as un biz à lui proposer.

DJ Criminal is the cyborg drawer behind the Freak City Designs firm, located in the great belt of Bordeaux, the city with a radioactive logo. He does't need to associate with any humanoid from the communication field to spread his heavy metals. His logos, covers, posters, serigraphs and designs of all kinds are spilling in the sewers of the counter-culture since 2005. He just wrapped up the new anti-summer banner for Fluoglacial. So, feel free to get in touch with him if you want to talk business.

www.freakcitydesigns.com



Ne confondons pas tout.






Loubards sans fards, Odile Naudin, 1982.

LA VILLE-BIDON (1971)



Ce film de Jacques Baratier ne sort réellement qu'en 1976, après un passage télé en 1973. Tourné comme un faux-documentaire, il filme la banlieue en pleine mutation et plus précisément, les fameux choux fleurs de Créteil et la zone du Val de Marne. Un député-maire cynique veut vider les bidonvilles qui jonchent l'immense terrain vague pour construire la ville nouvelle, "la cité de verre". Un endroit que les futurs citoyens n'auront plus à quitter car il subviendra à chacun de leurs besoin. Une magouille entre l'élu, le propriétaire et un sociologue va tenter de donner de la raison aux expulsions. Relogées à 12 dans les HLM voisins, les familles sont en proie à la difficile promiscuité, au chômage, à l'alcoolisme... C'est ce gardien d'immeuble complètement désabusé (joué par Roland Dubillard) qui en parle le mieux.


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LOUBARDS.


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L'ARBALÈTE (1984)


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Guerrier du Rêve, Jean-Paul Bourre, 2003.



"Le scoutisme fut vite oublié, dépassé par la rapidité d'enchaînement des évènements. Je tourne les pages du magazine Paris Match, assis sur le canapé du salon. Dans le bouillon de l'actualité certains signes surnagent, flammes vives, comme des signaux d'urgence. La mort de James Dean, les concerts tumultueux d'Elvis, le phénomène social des "blousons noirs", chez nous, en France. Il y avait là une nourriture émotionnelle très forte, un amplificateur de sensations. Basculer ou ne pas basculer dans cette fosse aux serpents ?"

Années 50. Jean-Paul Bourre, alors adolescent dans la mystique commune d'Issoire en Auvergne, bascule pleinement dans la fosse aux serpents du rock'n'roll. Elvis De Lautréamont, Comte de Presley, la poésie rock s'enfourne dans les tripes du petit Jean-Paul qui rêve d'aventure et de westerns. En attendant la révolution, il rencontre les durs du bassin minier, commence à palper la carcasse des motocyclettes et puis celle des filles, avec un succès mesuré !

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Putain de Zone

Hebergeur d'image

Pour clôturer la semaine ZONE 80, rien de tel qu'un rappel des morceaux les plus loubards de Bernard. Lavilliers, le mec qui reste debout dans le ghetto, n'a pas hésité non plus à utiliser les machines pour appuyer ses textes saignants. Ça c'est du rock'n'roll mon pote.

PUTAIN DE ZONE

01 - C'est du rock'n'roll (1981)
02 - Les barbares (1981)
03 - Rock city (1980)
04 - Ringard pour le reggae (1979)
05 - Trafic (1980)
06 - Tout est permis, rien n'est possible (1984)
07 - La haine (1987)

Sortie de Garage

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A chaque fois que j'écoute 422337 j'ai des frissons, et pourtant j'avais pas 16 ans en 1979. Tout est tellement vrai et sauvage. Et bien dans ce 16 titres digipack intitulé As-tu déjà oublié ?, Taï-Luc a récup des bandes encore plus sauvages de LA SOURIS DÉGLINGUÉE. Enregistrées il y a exactement 30 ans. Avril 1980. Le muridé lysergique revient d'ailleurs sur la genèse du groupe et des morceaux, et sur l'ambiance électrique mondiale dans le généreux livret. "Totalement désarticulés par leur rage musicale, ils n'ont rien d'autre à proposer que leur existence, directement branchés sur vos neurones" ! Le rock suburbain personnifié, la pure bande-son de la zone avec des versions de leurs chansons historiques encore inédites.



D'autres versions étaient présentes sur ces albums : Aujourd'hui et demain, Beaucoup de libertés, Lyon 1984 ou Remix 2536, mais on s'en fout. C'est une jouissance de réentendre les premières moutures des Jeunes seigneurs, Jaurès-Stalingrad ou Rock'n'roll vengeance. Et de redécouvrir Pourquoi ? (l'hymne du lumpen-prolétariat), Que vont-ils devenir ? (Tous ces voyous refusés dans les boites qui rentraient au Palace par les toits !) ou encore le rare reggae Jeunes voleurs avec son texte bizarrement absent du booklet ! Pas de week-end sauvage sans LSD.

LA SOURIS DÉGLINGUÉE - Pourquoi ?

La Rue braquée sur le Temple.



La souffrance dans mon corps était terrible, le froid, la peur, la crainte, la haine, le manque... je voulais tous les tuer. Je n'étais qu'à quelques kilomètres de mon appartement quand j'ai dû grimper sur ce portail en fer forgé pour échapper à une voiture de police qui venait dans ma direction. Mais au moment de passer derrière cet obstacle, en me laissant retomber ma cuisse s'est empalée sur la pointe du portail, et je suis resté là, suspendu de cette façon dans le vide, la tête en bas.

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C'est dans cet esprit que commence le témoignage autobiographique de René Philipps, ex-guitariste des NO FUCK BÉBÉ, gloire punk rock éphémère de Montbéliard dans les années 80. Chasse à l'homme dans les cités HLM de Peugeot, 3x8, défonce, et le rock comme seule échappatoire. LA ZONE. Le groupe n'avait rien enregistré à l'époque mais est resté célèbre pour leur passage dans l'émission LES ENFANTS DU ROCK en 1982. Plus que de la musique, une attitude. L'accent et le bagout de Jimmy (le batteur) made in le Doubs font carrément la différence.



Sur son CV il n'y avait qu'un mot d'écrit "Punk", et il avait la gueule de l'emploi. Si tu te trouvais à côté de lui dans sa Renault turbo, tu te chiais dessus tellement sa conduite était hard-core, toujours un litron entre les jambes, une main sur le volant et l'autre dans l'air comme s'il fouettait un cheval, la sono à fond et reprenant en chœur les standards des Ramones, qu'est ce qu'il m'a fait flipper. La première fois qu'il m'a présenté à sa mère il lui a dit : Maman ! Je t'amène un bougnoul, ça, c'était Chamex.



Le premier tiers du livre est donc fourni en anecdotes délicieuses (agrémentées de photos d'Alain Dister), dont leur rencontre rocambolesque avec La Souris Déglinguée et la crise de leur manager alors qu'ils gueulaient "On roule sans assurance, ça n'a pas d'importance" vu que c'était vrai ! Puis, la drogue et la violence emportant tout sur leurs passages, c'est le moment que choisit René pour se tourner vers la religion, à la fin des années 80. On suit alors le parcours initiatique d'un nouveau dévot du Christ, qui se libère difficilement de ses démons et réalise la rigidité de l'Église.



Avec le Christ tu n'auras aucune mauvaise surprise et ça je peux te l'affirmer.

Au fil d'extraits de psaumes, René le bac-5 tente de nous faire partager son amour pour Jésus à travers ses révélations et ses miracles. Bon c'est pas du Léon Bloy. Je ne m'attendais pas à ça, mais, même si certains passages sont pénibles voire risibles, ça prouve qu'il y a finalement un futur pour les no future ! Pour reprendre l'expérience similaire de Patrick Fontaine, ex-punk devenu pasteur. Sans nostalgie, sans étaler son passé, le punkotiste publie un livre salutaire en apportant sa vision de la chose, différente et inattendue.



Nous, nous voulions tout faire sauter, nous vivions dans nos ghettos HLM, ayant pour la plupart d'entre nous le même avenir que nos parents. Le travail à la chaîne dans l'industrie automobile, moi-même j'y travaillais déjà. [...] Payant le prix fort par nos vies, livrant notre jeunesse sacrifiée sur l'autel de cette idée nommée le "Punk". On nous surnommait quelques fois les Sex Pistols français, on commençait à être interdit de concert : scandales, provoc, bastons... [...] Les No Fuck incarnaient un état d'esprit, nous étions membres d'une bande d'individus, plus étendue au sens large du terme, nous formions un gang. Une tribu issu d'un territoire géographique qui était un no man's land dangereux pour ceux qui ne nous ressemblaient pas. [...] Nous faisions de la résistance, bien plus encore, c'était de la survie, notre combat rock. [...] La culture "Kpon" n'a fait que passer, mais a tout explosé devant elle. J'ai mis des années à m'en remettre mais je ne regrette rien.


NO FUCK BÉBÉ, le disque

Le Capitalisme de la Séduction, Michel Clouscard, 1981.



L'INTELLECTUEL DE GAUCHE

Maintenant, l'intellectuel de gauche vient d'accéder à la consommation mondaine. Et il en est même le principal usager. Pire, encore, il est devenu le maître à penser du monde. Il propose les modèles culturels du mondain. Non seulement il a accédé à la consommation mondaine, mais il en est l'un des patrons. Il a la toute-puissance de prescrire. Et de codifier l'ordre du désir.

Aussi peut-on encore demander à ce nouveau privilégié de renoncer à ce qu'il vient à peine de cueillir ? Il est enfin invité au festin et nous le prions de cracher dans le caviar et de lâcher le morceau. Mais ce qui est le plus grave, le plus décourageant, le plus inquiétant, c'est que cet intellectuel de gauche présente ses nouveaux privilèges comme des conquêtes révolutionnaires. Et nous venons lui demander de reconnaître qu'il est pris la main dans le sac, alors qu'il prétend, de cette main, brandir le flambeau de la liberté.

Et voici ce clerc au pouvoir. Le mensonge du monde va devenir vérité politique, vertu civique. Ce phénomène est d'une portée incalculable. Ce qui était censé être l'opposition au pouvoir va devenir l'alibi même du pouvoir. C'est le principe du pourrissement de l'histoire. Et le triomphe de la "bête sauvage" : la société civile. Topaze est devenu le maître à penser du monde, avec les pleins pouvoir d'une mondanité social-démocrate triomphante.





LES GADGETS

Ces objets - du jeu capitaliste : flipper, juke-box, poster - ne sont pas des surplus utilitaires. Mais des gadgets. Ils ont une fonction économique très précise: ce sont des primes à l'achat. Ils ont été les surplus publicitaires du Plan Marshall, comme cadeaux, comme primes. Ce sont des enjoliveurs. [...] Tous ces gestes ludiques seront comme des modes d'emploi pour le bon usage du Plan Marshall. Flipper, juke-box, poster initient à la civilisation américaine du geste facile, car usage de surplus. Geste ludique, de consommateur désinvolte qui utilise et qui jette: supplément d'âme de la pacotille qui se fait culturelle.




L'ARTISTE ET LA BANDE

De Don Quichotte au Neveu de Rameau, de Flaubert à Artaud, la folie de l'artiste n'est que l'histoire de l'atroce blessure narcissique de celui qui est de trop dans l'être de classe. Le laissé-pour-compte objectif, le déchet, la bouche - et l'esprit - inutile. Quand il n'y a plus de Croisade ou d'Empire colonial, l'idéalisme subjectif devient absolu. [...] Que reste-t-il ? Saint-Germain-des-Prés. Des bandes d'artistes. Puis le campus. Des bandes d'étudiants. Et quelle concurrence alors. La névrose ne suffit plus pour faire une carrière d'artiste. Car elle est devenue objective, de consommation courante. Il faudra politiser, à outrance. Pour se différencier. Ce sera le gauchisme. Une autre carrière. La bande à Cohn-Bendit.

Tels sont les éléments constitutifs de la bande: l'intellectuel et l'artiste; le chic type et le dévoyé; le naïf et le malin; le bourgeois et le sous-prolétaire; le raté et l'arriviste. Autour d'eux gravitent ceux qui n'ont pas de rôle bien défini, mais qui en définitive proposeront la majorité sociologique, silencieuse. C'est un auditoire devant lequel se joue le drame de la bande. Trois rôles sociaux ordonneront le relationnel du groupe : le rôle du bouffon, de l'entremetteur, du truand. [...] Le leader sera celui qui sait manipuler ces rôles et ces personnages. [...] Apprentissage au métier d'animateur idéologique, fonction essentielle du néo-capitalisme.

La bande à Manson et la bande à Baader seront des garde-fous, les limites qu'il ne faut surtout pas franchir La subversion doit rester de bon goût: contestataire. Lorsque la bande échappe à la normalisation libérale, elle se tourne contre sa finalité qui est de promouvoir la social-démocratie libertaire. [...] La libéralisation du néo-capitalisme deviendra la liberté.





CULTURE MUSICALE ?

L'implantation, en France, du capitalisme monopoliste d'État (et du modèle américain) va se mesurer d'après l'irrésistible progression de cette nouvelle culture bourgeoise, hybride, syncrétique, commerciale, qui, partie de rien - de la surboum - va monopoliser tout le champ culturel et laminer les traditions populaires: le jazz sera quasi anéanti, interdit et l'accordéon récupéré par la mode rétro. Cette culture musicale est un inépuisable filon commercial, idéologique, mondain. Implacable terrorisme culturel de l'inculture du libéralisme.

La culture jazz se révèle un barrage pour la nouvelle génération mondaine d'une radicale inculture musicale. Il aurait fallu apprendre. Écouter. Travailler. C'est-à-dire perdre les prestiges de l'émancipateur. Se soumettre à des précepteurs. Ainsi le leader va éloigner la bande de ces boîtes savantes. Mais tout en récupérant soigneusement les signes culturels du jazz, les usages mondains de la Boîte, les canevas musicaux. Il a récupéré, de même, "l'ambiance" de la Fête, son animation spontanée. [...] Rejeté par deux cultures populaires, il les utilise pour les snober, en récupérant leurs signes pour trahir leur esprit.



Le jazz sera perverti en rock: La Fureur de vivre. La musique de la subversion et de la révolte. C'est à dire l'arrivisme mondain de la nouvelle génération blanche. [...] L'acte subversif étymologique - la fauche - va devenir le gestuel même de l'incivisme. La Fureur de vivre sera le raccordement de deux dynamiques: celle du rythme - et non du swing -, celle de la contestation - et non de la révolution. Double prestige du leader, initiateur à la musique et au politique. Double suffisance, arrogance de la bande. De la surboum aux Rolling Stones.

Temps de la foule solitaire. Du psychédélique. Chacun enfermé en son rythme: chacun danse pour soi, corps machinal. [...] Nouvelle sécurisation: l'Autre est aussi refus de l'Autre. De l'Échange. Il est emmuré, lui aussi, en sa solitude. Il ne tentera rien pour en sortir. [...] Le rock est la musique de la majorité "bruyante" de la nouvelle petite bourgeoisie, du consentement au système (complément à la majorité "silencieuse" des "anciens" petits bourgeois). Surtout ne pas être dérangé de son conformisme. Que ça continue. Que ça se répète. À jamais.





LE CORPS MONDAIN

Ce qui se dit contestation n'est qu'initiation mondaine, niveau supérieur de l'intégration au système, à la société permissive. Tel est le mensonge du monde. Le grand combat contre l'institutionnel n'est que la substitution de l'institutionnel de demain à celui d'hier.[...] Ce corps mondain est le constant double jeu d'un faux jeton. L'économie du plaisir est celle de la mauvaise foi politique. Elle est le constant opportunisme d'une double vie. [...] Il est cette hypocrisie, cette mauvaise foi, ce pouvoir de l'idéologie: être à la fois le sensualisme machinal et l'institutionnel de la nouvelle société, l'instinct pulsionnel et la gestion de l'économie, le naturel spontané et le modèle culturel, l'ordre et le désordre. Ce corps mondain est l'incarnation du nouveau pouvoir de classe.




LA DROGUE

Les rejetons de la bourgeoisie ont longtemps pu croire et surtout faire croire qu'ils étaient les maudits, les suicidaires, les héros des ténèbres. Puisque le hasch était la drogue. Et celle-ci la déchéance. Alors qu'ils n'étaient que les pères tranquilles de la consommation marginale. Voilà le modèle parfait de la malédiction-bidon.

Cette image, le type "qui-se-détruit-parce-que-le-système-le-dégoûte" est un remake de l'imagerie romantique. Mais quelle extraordinaire dégradation du contenu et du message. Le romantique n'éprouverait plus - avec la drogue - ce que les autres veulent obtenir - par la drogue. Le romantisme est une ascèse. Un acte, une volonté. L'extase de l'idéalisme subjectif est l'amère récompense d'avoir tenté de vivre.

Le drogué, au contraire, consomme. Et consommation idéologique du corps. Il cherche à obtenir ce à quoi le romantique et le mystique cherchent à s'arracher. Le drogué est l'essence même de la société de consommation. Alors que son image idéologique prétend le contraire. La drogue est le fétiche par excellence. [...] L'acte d'achat est l'essence de la drogue. Un acte d'achat parfait: clandestin, subversif, sélectif. Une élite achète l'essence même de la valeur. L'extase ne peut que suivre.



Le hasch est bien un fléau social: la fétichisation d'une consommation initiatique à la vraie société de consommation. Il est intronisation au snobisme de masse, initiation mondaine à la civilisation capitaliste. Il est le plus pur symbole de cette civilisation de la consommation - transgressive. Osons le mot: le hasch est l'initiation au parasitisme social - de la nouvelle bourgeoisie.

Le bonheur est devenu le moyen d'avoir moins mal. De pouvoir encore tenir le coup. Le capitalisme se dénonce lui-même. [...] La conquête du plaisir s'achève à l'infirmerie. [...] On achète dans le même acte, la maladie et le remède. C'est le même produit. [...] La drogue permet d'atteindre la perfection diabolique du dressage de corps: la meilleure soumission au système par la plus grande tromperie sur la marchandise vendue. Le capitalisme, marchand de rythme et de drogue, entremetteur de l'imaginaire.





LE FÉMINISME

Comment le nouveau phallocrate ne serait-il pas féministe, puisque le féminisme est le vieux projet phallocrate adapté au libéralisme avancé jusqu'à la sociale-démocratie libertaire ? De toute son hypocrisie sexiste, il a voulu que la femme "réussisse" son divorce comme elle a déjà "réussi" ses avortements. De même, en lançant la femme sur le marché du travail, il réussira à en faire une chômeuse.

Car là aussi les dés sont pipés: toujours deux destins de femme. Celles qui profitent du système. Celles qui en sont victimes. Les bourgeoises, nanties de diplômes et qui se sont casées avant la récession. Ou qui, maintenant, bénéficient d'une qualification professionnelle qui leur permet d'exercer un métier libéral, ou d'occuper les secteurs de pointe des public-relations, des mass-medias. Celles qui ont le pouvoir de choisir.

Et les femmes d'origine populaire. Sans diplôme. Sans qualification professionnelle. Même pas ouvrières. Même pas OS. [...] L'immense armée des femmes à tout faire. Contraintes de prendre n'importe quel travail. [...] Le féminisme est cette idéologie qui consacre une nouvelle ségrégation dans le sexe féminin. Ségrégation de classe qui organise deux destins de femme.





LUTTE DES CLASSES > LUTTE DES SEXES

Dans la classe dominante, la femme profite aussi de l'extorsion de la plus-value. [...] Donc, comme exploitation de l'autre femme, de la classe dominée. Ce qui ne l'empêche pas d'être aussi, éventuellement, "exploitée" par l'homme de la classe dominante. [...] Alors on peut proposer cette formule, objective: exploitation de la classe dominée > exploitation de la femme par l'homme dans la classe dominante.

L'antériorité logique, économique, politique - de la lutte des classes - fait de la lutte des sexes une conséquence, un effet. La chronologie historique est soumise à la causalité politique et économique. La lutte des classes réactive la lutte des sexes. Celle-ci n'était plus qu'une forme vide qui va véhiculer le nouveau contenu historique. La lutte des sexes n'a de sens que par la lutte des classes.

Cette logique se vérifie abondamment au niveau empirique. Quelques questions très "naïves" permettent de le constater. Quel était le pouvoir du charbonnier sur la châtelaine ? Quel est celui du travailleur étranger sur Delphine Seyrig ? Voit-on souvent les dames des classes dominantes être soumises à des hommes de telle manière qu'elles acceptent de vivre comme et avec les femmes des classes dominées ?








LA CLASSE UNIQUE

Ce système de différences doit aboutir à la classe unique. C'est une stratégie. Le droit à la différence débouche sur la ressemblance de tous les différents. La classe unique sera la fédération de tous les corporatismes de consommateurs. Homogénéisation d'abord des couches moyennes. Puis de la société globale. Le procès de consommation imposerait ses valeurs au procès de production.

Cet égalitarisme de la différence autorise un autre système de hiérarchies. Alors qu'il prétend dépasser les hiérarchies de classes il les renforce par les hiérarchies mondaines. A chaque moment, un signe signifie barrière et niveau. Cascade des différences, cascade des mépris, cascade des snobismes. Et dans la hiérarchie "horizontale" du système mondain. Chacun snobe l'autre dans la mesure où l'autre peut le snober. Le pouvoir de snober est consenti à ceux qui consentent à se faire snober. Ainsi est-on différent.

C'est une guerre froide idéologique dans le contexte d'une coexistence pacifique. Chacun vit sa vie. C'est un snobisme de masse. Et avec quelle suffisance métaphysique ce conformisme sociologique sera revendiqué: l'individu contre le système. La libéralisation du libéralisme doit être vécu comme la conquête de la liberté. L'idéologie néo-capitaliste aura atteint son but. La révolution du libéralisme sera la Révolution. Celle qui a mis en place la social-démocratie libertaire.





LE CLUB

Pouvoir dans le pouvoir, quasi occulte. Ceux qui ont fait la bande, devenue boîte, devenue club. Trois moments de leur arrivisme, trois moments d'un terrible combat. Aussi sont-ils comme de vieux briscards, vieux complices qui en ont vu de vertes et de pas mûres, mais qui, maintenant, monopolisent le pouvoir mondain.

Quelle est la sous-boîte de l'autre ? Car là aussi, et surtout là, la "différence" est énorme. Castel snobe-t-il vraiment Régine ? De quel droit ? L'établir serait faire progresser la connaissance "des secrets du grand monde", ce caché révélateur des pouvoirs du prince de ce monde. [...] Quatre élites - Jeunesse, Beauté, Vedette, Argent - se sont donnés rendez-vous pour refaire l'Olympe. Celui du capitalisme.

En ces lieux, en ces clubs, règne un pouvoir implacable. Ce pouvoir est même un terrorisme, celui de la désacralisation. Car ce sont les lieux mêmes combien méconnus de la fin des tabous. Tous les interdits mythiques ont été balayés. Là, on a osé. On a pu aller jusqu'au bout. C'est le temps et le lieu du pourrissement des valeurs occidentales. En ces lieux, le capitalisme atteint la perfection mondaine.





LE SAMEDI SOIR

Castel et Régine, c'est permanent. Ibiza ne dure qu'une saison. Un mois même. Après, "ce n'est plus ça". "La fièvre du samedi soir" (ou du vendredi soir) ne durera que quelques heures. Aussi le bal organisé par une association sportive ou professionnelle, ou la boite qui draine la jeunesse plusieurs lieues à la ronde devront proposer, à l'usage du vulgaire, un condensé explosif... Il faut en prendre pour la semaine. Une bonne et grosse soupe pour les rustauds du mondain. Dressage sommaire: boum-boum et pam-pam. Le rythme et la "violence". Et allez vous coucher.




LES ROBOTS

Le nouveau statut du corps est la mesure de cette première civilisation sensuelle de l'histoire. Le corps a été effectivement "libéré". Il vient d'accéder à un statut politico-anthropologique d'une radicale originalité. Ce corps a aquis une autonomie quasi totale. (Nous disons bien le corps, et non l'homme, le citoyen, la personne) Il s'autogestionne. Il est devenu cet atome social qui fonctionne sans aucune transcendance. Sans aucune référence à la transcendance verticale (Dieu, les Dieux...) ou à la transcendance horizontale (le devoir, l'état, la société) Le corps est à lui-même ses propres fins et moyens.


(Les photos proviennent du film LA BANDE DU REX, 1980)

LA BANDE DU REX (1980)



Elle n'avait qu'un seul nom, et son nom c'est la Zone, quan-and elle m'a dit je t'aime ! Semaine Zone 80 sur Fluoglacial avec pour débuter le festin, un film perdu de 1980, faute de n'avoir pu dénicher l'introuvable LA BRUNE ET MOI (si tu l'as tu m'intéresses). Incursion au cœur des vies de merde de jeunes loubards, fadas de rock, de moto et de flipper (l'archétype des jeunes rebelles américanisés fustigés par Clouscard dans son livre sorti l'année d'après). Le chef de la bande est joué par l'insupportable Jacques Higelin qui se la joue Jean-Claude Brialy du ghetto, et on prend cher avec la bande-son. Heureusement que STRYCHNINE, les punks bordelais y font une apparition. Lache-moi !



Higelin est projectionniste au Rex et veut monter un groupe pour y jouer. Il se connecte donc aux STRYCHNINE et les répètes pulsent. Pendant ce temps les autres branleurs font n'importe quoi. Ça déserte de l'armée, ça claque la porte de son taf, ça s'engueule avec ses parents, ça finit même par un braquo. Tout ce joyeux bordel se concentre dans un troquet de banlieue, La Javanaise, tenu par Nathalie Delon (milf force). Il y a aussi Roland Blanche en poivrot de service et Maurice Biraud en papa flic pour les tronches connues. Rayon féminin, Tina Aumont nous montre ses seins et la plastique de Charlotte Kid est fantastique, dommage, elle n'a rien fait d'autre. Finalement, le film est une pale parodie de LA RAGE AU POING et TERRAIN VAGUE, avec du rock en stock.



(Les photos du film sont ici)

LA RAGE AU POING (1973)



Produit en 1973, ce film d'Eric Le Hung ne sortira sur les écrans français qu'au début 1975. C'est un document historique, plus qu'une fiction. L'apparition des grands ensembles, les terrains vagues, la banlieue qui prend forme avec ses jeunes voyous sans avenir. Tonio, Nanar, Dédé, Michou... Avec des blazes comme ça, y'a pas erreur sur la marchandise ! Cette bande roule en DS pourrie (ornée d'un graffiti "VIVE NOUS") et est sous l'égide d'une fille, B.B. la brune ! Ils zonent surtout autour d'un troquet (appartenant à Pierre Tornade) entre 2-3 coups à droite à gauche (Vols, arnaques...).



Venant de familles décomposées ou de maisons de redressement, ils font face au mépris et à la haine du monde des adultes. Travailler. Consommer. Procréer. Ce n'est pas pour eux, il préfèrent se réfugier dans la rue et la violence. Comme au bal du samedi soir par exemple, où ils poursuivent un bratchni pour le battre à mort. Personne moufte. Et pourtant dès qu'ils en ont les moyens, les nadsat reproduisent les schémas dictés par la société. Tony fréquente une ptitsa d'une autre classe sociale et évidemment le problème se pose. Surtout quand ses potes débarquent à l'improviste lors d'une petite sauterie...

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Déchirure. Tony et B.B. décident alors de se casser tout deux au vert, pour avoir la PAIX. Mais Nanar (Tony Gatlif) prend en otage un couple du quartier. Le mari est accusé d'avoir blessé volontairement le petit reuf de Tony quelques jours plus tôt. Mais personne n'a cafté pour éviter le bain de sang. Trop tard. La femme (Pascale Roberts) subit un viol à plusieurs bien outrageux (ORANGE MÉCANIQUE) et la présence du bébé dans la pièce ne fait que rajouter du drame. Tony se rend sur les lieux et s'introduit dans la maison encerclée par les keufs, le tragique fera le reste... Un film rare, vrai et marquant. (Seul défaut, la musique bien ringardos d'IL ÉTAIT UNE FOIS ahah)

RUE BARBARE (1984)


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Alain Corneau (1977-1981) : Une décennie finie au flingue


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