Rejouez ? Oui - Non. OUI. Refn à la caméra, Kim Bodnia au flingue, et Mads Mikkelsen à côté de la plaque. C'est reparti à Copenhague. Leo (Bodnia) disjoncte lentement mais violemment quand sa meuf, Louise, lui annonce qu'elle est enceinte de 2 mois. Tout va bien, la vie de merde suit son cours entre 2 changements de meuble et l'installation d'un miroir. Puis c'est la tourmente. Le frère de sa meuf, Louis, un beauf du Danemark videur en boite de nuit, met Leo en garde après avoir ratonné sous ses yeux ébahis 2 immigrés qui voulaient rentrer sans papiers. "FAIS GAFFE À MA SŒUR".
En parallèle, à la manière de CLERKS, on suit la non-existence de Kitjo (Zlatko Buric), patron du vidéoclub du coin et de son employé Lenny (Mads Mikkelsen), qui essaie vainement de séduire la meuf du fast-food d'en face. La sortie hebdomadaire des 4, en compagnie de Leo et Louis, se résume à mater un film sur une toile à l'étage du magasin. Un soir, Leo ramène un gun et fait le malin devant la projection full HD de MANIAC. Puissance. Mais quand Leo rentre et voit que Louise a décalé ses affaires pour faire de la place au futur enfant (Confessions Intimes style), il ne fait plus le malin, transformation, résultat : une fausse couche...
Les représailles sont immédiates. Leo, attaché dans un entrepôt, se fait injecter du sang contaminé par un sidaïque. HIV+. C'est le meurtre le plus crade et original du cinéma je crois. Le suicide final est marquant. La tension est là et pourtant l'ensemble est assez lent. Beaucoup de références cinématographiques. C'est filmé dans le vif, en plusieurs séquences, et ça rappelle parfois SEUL CONTRE TOUS. Un vide agaçant mais saisissant, le récit d'une vie fade, sans communication, sans horizon, qui finit le nez sur le béton. Une leçon.
PUSHER est un film danois sorti en 1996. Une plongée dans la vie de rue et la criminalité dans Copenhague. Le succès est énorme et c’est déjà un classique quelques années plus tard. Ensuite, Nicolas Winding Refn, le réalisateur à moitié autiste, tourne BLEEDER et FEAR X qui sont de bons films mais des fiascos en salle. La presse en rajoute et les dettes s’élèvent à 6 millions de couronnes. C’est en 2003 que Refn décide de fournir 2 suites à PUSHER pour donner à manger à sa fille (Voilà ce qu’on apprend dans le doc GAMBLER livré dans ce beau coffret 4DVD).
Ces 3 films te transpercent à 100 à l'heure. Tu vis intensément l'expérience. PUSHER est hyper réel, bien amateur, et reste mon favori. Le personnage principal de Franck (Kim Bodnia) joue parfaitement l'ambiguïté, sa meuf est sublime, Milo (Zlatko Buric) le caïd du coin, est très malsain, et Mads Mikkelsen, qui joue un espèce de gabber nazi sous héro, est très con. Argent, drogue, nuit, viol-ence, flicance, prostitution, PARTIR... mais pour aller où ? De toute façon, il est déjà trop tard.
DU SANG PLEIN LES MAINS élève Mads Mikkelsen au rang d’anti-héros qui essaie de refaire surface après la taule. Quoique plus scénarisée et prévisible, la suite est à la hauteur et le krovvi au rendez-vous (la scène chez les prostituées est un délice). Le dernier volume, L’ANGE DE LA MORT, porte Milo à la lumière. Le caïd veut arrêter de sniffer. Cet épisode est certainement le plus grave et le plus abouti. Milo est dépossédé, se fait doubler sur des cachets d’XTC, et se voit obligé de faire le larbin pour des Albanais fourgueurs de filles. Il reprend contact avec son vieux pote Radowan pour le sortir de la merde et la fin vaut son pesant de cachetons: un dépeçage de Polonais en règle, à l’ancienne. Bref, un mélange des SOPRANOS sans sucre et d'un STRIP-TEASE sur la drogue. Révolution Mafia.
Par ROD,
lundi 8 décembre 2008 à 21:20 ::FILMS 00's
C'est le 3ème film de Nicolas Winding Refn, le danois à l'origine de la célèbre trilogie PUSHER. Harry Caine (John Turturro) est surveillant de police dans un centre commercial du Wisconsin. Il fait encore front malgré le meurtre brutal de sa femme dans le parking sous-terrain de son lieu de travail. Menant sa propre enquête, il visualise des kilomètres de bande de vidéos surveillance chaque soir après le travail. Peur, solitude, hallucinations, il ne vit plus. Puis une découverte de négatifs dans la maison d'en face le ramènera dans le Montana, là où lui et sa femme avaient séjourné quelques mois auparavant. Qui a t-elle rencontré là-bas ? Qui vivait en face de chez eux ? Qu'est ce que la police ne veut pas lui dire ? Toi aussi tu vas avoir PEUR DE L'INCONNU.
L'ambiance pesante et dépressive rappelle un peu 21 GRAMS. Les grands espaces, filmés lentement, font penser aux frères Coen ou à Sean Penn. Quant aux scènes d'intérieur, oppressantes, accompagnées de sons bourdonnant, ancrées dans un noir profond, elles sont clairement inspirées de Lynch. Turturro performe dans ses surchemises à carreaux. James Remar et Deborah Kara Unger (vue dans CRASH de Cronenberg) tiennent aussi bien la froideur. L'histoire a été co-écrite par Hubert Selby Jr. C'est court, triste, aux frontières du réel (on se serait bien passé des graphismes de synthèse de la fin d'ailleurs). Mystérieux mais terriblement efficace.