Fluoglacial - Tendances Négatives

LA TRAQUE (1975)



Si tu fais chier Jean-Pierre Marielle, t'iras faire du bilboquet avec son plus grand doigt. Et ce chef d'œuvre (n'ayons pas peur des mots) de Serge Leroy prouve bien ce que j'avance. Helen Wells (Mimsy Farmer, égérie giallo de la décennie 70) se retrouve dans la campagne normande pour y visiter une longère. La belle Américaine séduit Mansart (Jean-Luc Bideau), futur conseiller régional, et se fait remarquer par les frères Danville (Philippe Léotard et Jean-Pierre Marielle !), deux beaufs finis ! Deux ferrailleurs bourrus et pervers. Ce qui nous vaut encore de la cultance dans les répliques et une scène de bousculade en auto bien dérangeante.



Le matin suivant, une battue au sanglier est organisée dans la propriété de Monsieur Sutter (Michael Lonsdale), puissant bourgeois local. Mansart et les Danville participent, ainsi que le capitaine Nimier (Michel Constantin), Rollin (Paul Crauchet) notaire, Chamond (Michel Robin) assureur, et Maurois (Gérard Darrieu), le garde forestier accusé d'attouchements sur jeunes filles... Casting de choc. Le décor est planté. Ayant forcé sur le litron, les huit chasseurs s'engouffrent dans les bois. Et un pauvre lapin fait les frais du taux d'alcoolémie de Marielle.



Helen quant à elle, se promène en attendant son taxi, quand les Danville la surprennent, perdent le contrôle, puis la violent dans une grange abandonnée sous le regard dépité de Chamond. Ni vu ni connu. Une fois refroqués, les deux porcs rejoignent les autres. Mais problème. Ils ont oublié un de leur fusil là-bas. Quand le jeune Danville (Léotard) y retourne, la fille est encore là, il l'enlace et le coup part. Plein ventre. La fille s'échappe et LA TRAQUE est lancée. La franchouillardise dans toute sa dégueulasserie nous saute à la gueule. Du notaire au garagiste, tous sont mouillés si la fille parle. Les manigances s'enchainent alors à vitesse grand V.



Après avoir appris que le coup de feu n'était pas un accident et quelques violentes dissensions, tous décident finalement de faire front ensemble, comme Nimier l'exige (laissant le frère Danville à l'agonie). Vaincre ou périr. La traque devient la mission, les gaziers ressemblant de plus en plus à des mercenaires qu'à des chasseurs. La métaphore militaire est d'ailleurs présente durant tout le film avec des clins d'œil appuyés aux dossiers scabreux de l'Armée Française : Seconde Guerre mondiale, Algérie, Indochine.



On rejoint donc, sous des allures de "survival" à l'américaine, l'esprit pamphlétaire des films d'Yves Boisset et une critique acerbe de la bourgeoisie (comme Claude Chabrol le faisait déjà), et plus largement un tableau sur la capacité de vice de l'homme. Chacun y allant de sa vile magouille pour préserver ses intérêts personnels. Je vous laisse imaginer la fin, cruelle, après quelques bons rebondissements (malgré la courte durée totale: 1h30). Un film impressionnant, spectaculaire, psychologique. Tu ferais quoi, toi, dans les mêmes circonstances ?



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Commentaires

1. Le jeudi 14 mai 2009 à 18:21, par lazycritic

Je vais essayer de dénicher ce survival à la française. Merci pour cette review en tout cas... je vais aussi écrire quelques reviews de films malheureusement un peu oubliés sur mon site. Bonne continuation...

2. Le mardi 19 mai 2009 à 22:57, par Pak

Vu aussi La traque, un film passé sur Canal + il n'y a pas longtemps, au sujet dur et dérangeant (mais Serge Leroy était un habitué : revoir Légitime violence... ).
Une peinture pas très glorieuse de notables de province qui chassent une femme pour étouffer un viol. Les chasseurs (à moitié souls), le machisme (bah, un viol, c'est surtout parce qu'elle l'a provoqué), la bourgeoisie (les sous, ça permet tout)... sont mis au pilori dans un film sans concession.
Un film qu'on ne ferait plus aujourd'hui, encore mois avec un casting aussi riche (ici Mismy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Philippe Léotard, Michael Lonsdale, Michel Constantin... ).

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