Art Morbide ? Morbid Art, Alain Leduc, 2004.
Par ROD, mercredi 28 avril 2010 à 00:04 :: LECTURES :: #736 :: rss

[Christ Suffers Under the Swastika, John Heartfield, 1933]
VIVE LA MORT !
"Quand je vois que les jeunes sont en train de perdre les vieilles valeurs populaires et d'absorber les nouveaux modèles imposés par le capitalisme, en courant le risque de se déshumaniser et d'être en proie à une forme d'abominable aphasie, à une brutale absence de capacité critique, à une factieuse passivité, je me souviens que telles étaient les caractéristiques des SS et je vois s'étendre sur nos cités l'ombre horrible de la croix gammée." Pier Paolo Pasolini, 1974.

[Deatho Knocko, Gilbert & George, 1982]
DOMINANTS ET DOMINÉS
Il y a peu de bonheur chez les artistes, qui doivent jouer des coudes, marcher sur le cadavre des autres pour arriver. Un milieu majoritairement blasé, faisandé, que cimentent la jalousie et la hargne, et dont l'égoïsme a de surcroît été renforcé ces dernières années par l'effondrement des valeurs laïques et républicaines. Si l'ont vient encore, le cas échéant, apporter son soutien occasionnellement au mouvement social, en tant que "vedettes", préférant des prises de positions vagues, verbeuses, "droits-de-l'hommistes", on bichonne néanmoins en parfait boutiquier sa "petite entreprise".
Mais déjà dans L'Oeuvre de Zola, tout avait été dit. L'opportunisme, ces façons de véhiculer un certain charlatanisme... Que le vent tourne et les "installateurs", les "photographes plasticiens" iront chercher leur pitance ailleurs. On est son propre maître, mais aussi son propre esclave, dans ce jeu à qui-perd-gagne de la servitude volontaire.

[Zygotic Acceleration, Jake & Dinos Chapman, 1995]
UN ART OFFICIEL
"La condition suprême pour créer c'est de ne pas pouvoir être publié. Rien n'est plus stimulant que d'être ostracisé pour quelques décennies. La littérature est un processus qui a besoin de temps, de liberté, d'indépendance. La reconnaissance, c'est la fin de l'écrivain." Imre Kertész
Démiurge ou bouffon, l'artiste émarge chez les princes ou piétine sous le pont-levis; il a un petit parc étroit, dans lequel l'autorité le laisse faire joujou, dès lors que cela ne l'égratigne pas. Mais dira-t-on à sa décharge : qui donc peut-il encore être subversif, aujourd'hui ? Maintenant, nous en sommes au clin d'œil appuyé, à l'œillade sardonique, au superfétatoire ; il faut exploiter un filon, un "truc", une "idée". Un simple "évènement" sera le spectacle hystérique de son propre spectacle.
L'apothéose du divertissement pascalien, du soma! l'art est létal - à l'étalage ! Il en est à la création d'events - vite éventés -, de "performances" ou de "dispositifs". [...] Depuis que les ateliers sont des workshops, les galeries des white cubes, tout était limpide: et les artistes déjà défaits. Qu'ils ouvrent donc désormais des show rooms et participent à des talk shows!

[VB47, Vanessa Beecroft, 2001]
L'art contemporain (du moins celui qu'on nous impose comme tel) n'a plus ni racines ni assises populaires et sociales. Il nous est - au nom du syndrome de Van Gogh, de Modigliani, ou de Basquiat -, donné à consommer sous forme d'une vérité imposée, une et indivisible. Tout ce qui n'est pas avec nous est contre nous. [...] Or l'art contemporain n'est pas un bloc. Il ne doit pas être adulé, ni vilipendé globalement. Il faut conserver un potentiel de discernement, comprendre cette hantise de ce qui est réfléchi, pluraliste.
En 1936, Goebbels fit interdire la critique d'art, en raison de ses aspects "typiquement juifs" : placer la tête plus haut que le cœur, l'individu avant la communauté, l'intellect avant le sentiment. Il se peut que je me trompe mais force m'est de constater que les attaques conjuguées contre l'art actuel visent plutôt son socle, la modernité.

[Les Somnambules, Alain Séchas, 2002]
UN CORPS-MARCHANDISE
Une économie de la survie, de la subvention, qui l'assujettit à produire un art contrit, formaté, normatif, sans aucune insolence, pour telle ou telle galerie (momentanément) branchée. L'artiste doit à tout prix dénoncer cette pensée molle, l'hyperfestif, le dérisoire ; fuir la démagogie du "succès populaire", de l'audience, de l'audimat.[...] Il faut cesser de désacraliser l'art, de le jeter dans la rue, dans la crotte ! L'art ne se singe pas, ne s'improvise pas. On ne se décrète pas artiste, on le devient.

[In Nomine Patris, Damien Hirst, 2005]
JAMBON PURÉE
"L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art". Robert Filliou
Futiles, ridiculement grimés dans leur paraître, les "bobos", ces "bourgeois bohèmes", sniffent comme coco l'impuissance, le renoncement. En lieu et place du beau, du sublime, ils goûtent le presque-rien des formes volontairement sans grâce, sans aucune magie. Un flux de médiocrité taraude la société toute entière qui a sombré corps et âme dans le populisme.

[L'Ange de la Métamorphose, Jan Fabre, 2008]
La croissance exponentielle de la Bande dessinée, des tags, des jeux électroniques, des jeux vidéos a sciemment contribué à brouillé les pistes, à transformer l'art en communication ou en "pub'".
L'art contemporain n'a rien d'autonome ; il est essentiellement déterminé par le marché, lui même cautionné par l'institution, chacun jouant au plus régulé son rôle. L'artiste ne défend pas une classe sociale, mais une situation sociale. Selon le bon mot de Philippe Sollers, la lutte des places aura remplacé la lutte des classes.

[Deatho Knocko, Gilbert & George, 1982]
DOMINANTS ET DOMINÉS
Il y a peu de bonheur chez les artistes, qui doivent jouer des coudes, marcher sur le cadavre des autres pour arriver. Un milieu majoritairement blasé, faisandé, que cimentent la jalousie et la hargne, et dont l'égoïsme a de surcroît été renforcé ces dernières années par l'effondrement des valeurs laïques et républicaines. Si l'ont vient encore, le cas échéant, apporter son soutien occasionnellement au mouvement social, en tant que "vedettes", préférant des prises de positions vagues, verbeuses, "droits-de-l'hommistes", on bichonne néanmoins en parfait boutiquier sa "petite entreprise".
Mais déjà dans L'Oeuvre de Zola, tout avait été dit. L'opportunisme, ces façons de véhiculer un certain charlatanisme... Que le vent tourne et les "installateurs", les "photographes plasticiens" iront chercher leur pitance ailleurs. On est son propre maître, mais aussi son propre esclave, dans ce jeu à qui-perd-gagne de la servitude volontaire.

[Zygotic Acceleration, Jake & Dinos Chapman, 1995]
UN ART OFFICIEL
"La condition suprême pour créer c'est de ne pas pouvoir être publié. Rien n'est plus stimulant que d'être ostracisé pour quelques décennies. La littérature est un processus qui a besoin de temps, de liberté, d'indépendance. La reconnaissance, c'est la fin de l'écrivain." Imre Kertész
Démiurge ou bouffon, l'artiste émarge chez les princes ou piétine sous le pont-levis; il a un petit parc étroit, dans lequel l'autorité le laisse faire joujou, dès lors que cela ne l'égratigne pas. Mais dira-t-on à sa décharge : qui donc peut-il encore être subversif, aujourd'hui ? Maintenant, nous en sommes au clin d'œil appuyé, à l'œillade sardonique, au superfétatoire ; il faut exploiter un filon, un "truc", une "idée". Un simple "évènement" sera le spectacle hystérique de son propre spectacle.
L'apothéose du divertissement pascalien, du soma! l'art est létal - à l'étalage ! Il en est à la création d'events - vite éventés -, de "performances" ou de "dispositifs". [...] Depuis que les ateliers sont des workshops, les galeries des white cubes, tout était limpide: et les artistes déjà défaits. Qu'ils ouvrent donc désormais des show rooms et participent à des talk shows!

[VB47, Vanessa Beecroft, 2001]
L'art contemporain (du moins celui qu'on nous impose comme tel) n'a plus ni racines ni assises populaires et sociales. Il nous est - au nom du syndrome de Van Gogh, de Modigliani, ou de Basquiat -, donné à consommer sous forme d'une vérité imposée, une et indivisible. Tout ce qui n'est pas avec nous est contre nous. [...] Or l'art contemporain n'est pas un bloc. Il ne doit pas être adulé, ni vilipendé globalement. Il faut conserver un potentiel de discernement, comprendre cette hantise de ce qui est réfléchi, pluraliste.
En 1936, Goebbels fit interdire la critique d'art, en raison de ses aspects "typiquement juifs" : placer la tête plus haut que le cœur, l'individu avant la communauté, l'intellect avant le sentiment. Il se peut que je me trompe mais force m'est de constater que les attaques conjuguées contre l'art actuel visent plutôt son socle, la modernité.

[Les Somnambules, Alain Séchas, 2002]
UN CORPS-MARCHANDISE
Une économie de la survie, de la subvention, qui l'assujettit à produire un art contrit, formaté, normatif, sans aucune insolence, pour telle ou telle galerie (momentanément) branchée. L'artiste doit à tout prix dénoncer cette pensée molle, l'hyperfestif, le dérisoire ; fuir la démagogie du "succès populaire", de l'audience, de l'audimat.[...] Il faut cesser de désacraliser l'art, de le jeter dans la rue, dans la crotte ! L'art ne se singe pas, ne s'improvise pas. On ne se décrète pas artiste, on le devient.

[In Nomine Patris, Damien Hirst, 2005]
JAMBON PURÉE
"L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art". Robert Filliou
Futiles, ridiculement grimés dans leur paraître, les "bobos", ces "bourgeois bohèmes", sniffent comme coco l'impuissance, le renoncement. En lieu et place du beau, du sublime, ils goûtent le presque-rien des formes volontairement sans grâce, sans aucune magie. Un flux de médiocrité taraude la société toute entière qui a sombré corps et âme dans le populisme.

[L'Ange de la Métamorphose, Jan Fabre, 2008]
La croissance exponentielle de la Bande dessinée, des tags, des jeux électroniques, des jeux vidéos a sciemment contribué à brouillé les pistes, à transformer l'art en communication ou en "pub'".
L'art contemporain n'a rien d'autonome ; il est essentiellement déterminé par le marché, lui même cautionné par l'institution, chacun jouant au plus régulé son rôle. L'artiste ne défend pas une classe sociale, mais une situation sociale. Selon le bon mot de Philippe Sollers, la lutte des places aura remplacé la lutte des classes.
Commentaires
1. Le mercredi 28 avril 2010 à 00:40, par no life crew
2. Le mercredi 28 avril 2010 à 17:46, par Mister Moisy
3. Le mercredi 28 avril 2010 à 20:33, par %%%
4. Le mercredi 28 avril 2010 à 20:35, par %%%
5. Le mercredi 28 avril 2010 à 23:35, par Xinh
6. Le jeudi 17 mars 2011 à 08:30, par le faucheur68
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