Fluoglacial - Tendances Négatives

Embolie, choc, infection.



«La gangrène est une nécrose des tissus. Elle est causée par une obstruction artérielle par embolie, choc, infection...» La définition suffit amplement pour décrire le nouvel album du duo Gangrene, composé de The Alchemist et de Oh No. Les deux superproducteurs californiens reviennent vomir leurs entrailles de samples psychédéliques, rythmiques inhabituelles et lyrics écoeurants mais charmants. Gutter water, sorti il y a 2 ans, n’avait pas laissé indifférent et rien qu’à la gueule de la pochette de ce nouvel album, le voyage psychotrope s’annonce marquant et turbulent.

Une intro «classique» sous forme de skit, des voix indiennes murmurant un charabia brouillon, une boucle de synthé californien à côté duquel on image bien Jim Morrison, déguisé en chef apache, dansant tout en prenant son joli petit fix(e). Une fois l’amuse bouche passé on peut rentrer dans l'arène.

I’m on my gladiator shit

‘’Gladiator Music’’ annonce la couleur et on comprend directement que la merde est bien réelle et forte, Kool G Rap a d'ailleurs été invité pour venir y cracher son venin du Queens. Du côté des résidents, ils rappent, produisent et font les deux choses bien. Débit de parole régulier et tranchant, lyrics barrés. C’est tout ce que le peuple demande.

Changement d’ambiance avec ‘‘Flame Throwers’’. Ligne de basse flirtant avec de la G-funk, voix de gitane tremblante et encore une fois le délire lyrical est poussé. On assiste à un crachat enflammé de non-sens musical et ça, ça fait plaisir.

I sip the martini with the olive

On passe à de la liqueur dure. «Drink it up» se distingue clairement du reste de l’album. Le don Roc Marciano apporte sa plume et sa voix de pimp pour accompagner un beat troublant et oppressant. Entre solos de guitares dérapant, alarme de vaisseau spatial et musique saturée de course poursuite. Alchemist et Oh No font bien leur boulot sur ce morceau. Bizarrement j’ai pensé à ça en l'écoutant. Liberté artistique est le maître mot sur cet album. ‘‘Suckers do what they can, I do what I wanna do’’.





‘’Auralac Bags’’ vient chercher la merde avec son rythme jazzy qui a fait la gloire de bon nombre de MC’s New Yorkais dans les 90’s. Morceau plus que correct qui fait son effet. ‘‘Sitting on a curb with your nerves all shook up’’

Je tiens à préciser qu’à partir de maintenant on assiste à une trilogie d’abrutissement, de jouissance et de délire contrôlé...

Too high to be sober

‘’Vodka & Ayahualca’’, est le morceau phare du LP et pour cause, je pense qu’il s’agit d’un des morceaux les plus aboutis que j’ai pu écouter. Encore une fois le sampling est manié avec un savoir-faire sans pareil. Cette putain de ligne de basse qui reste dans la tête, accompagnée de cette guitare psyché et ce putain de scratch qui vient souligner la lourdeur du merdier. Au fur et à mesure que la chanson avance le bordel sonore s’entasse dans les oreilles et ça devient limite incompréhensible, mais tellement jouissif. «So high I must be out of my mind».





Après avoir vomi le restant de santé qu’il nous reste après Vodka & Ayahualca on appelle le ‘‘Dump Truck’’ pour ramasser votre corps sans vie. Et là... Beat à base de sample sous marin et la présence du seul et unique Head Nigga In Charge. Prodigy aka Pee aka P. L’ex taulard nous prouve, aisément, qu’il n’a rien perdu de sa poésie urbaine QBesque et qu’il est désormais là pour durer ‘’for you to kill me it’s gonna take a miracle’’.

Dernier volet de notre trilogie de l’abrutissement : ‘’Due Works’’, encore une fois le sample utilisé sur ce morceau est sans égal. Le piano fait monter la sauce crescendo et ouvre la porte à une batterie élégamment écrasante pendant que des violons moroses viennent taper l’incruste discrètement, mais surement. On a atteint le sommet et personne ne peut flamber face au lyrisme entrainant de Oh No. ‘’Or come to the little ass blocks in your little ass socks get your little ass shot with a little ass glock from a young nigga’s little ass spot’’. Boom.





S’en suivent, ‘’Odds Cracked’’ et ‘’Top Instructors’’ qui sont deux très bons morceaux, mais après la brochette citée plus haut, difficile de faire mieux, l’un est parfait pour une soirée alcoolisée à essayer d'impressionner le sexe inférieur avec une danse vraiment machiste, l’autre pour bouger sa tête comme un yo-yo.

‘’Dark shades’’. Alchemist s’en bat les couilles, il pensait à tenir sa guitare en portant des lunettes de soleil, son sauce de toujours Evidence s’en bat également les couilles et il pensait la même chose, Oh No et Roc C également. En fait ils s’en batent tous les couilles et ça, c’est bien !

The groove arrive comme un cheveux sur la soupe, mais un cheveu de Megan Fox. La boucle de piano fait son petit effet et le refrain ‘‘laaala laaala’’ nous entraine doucement vers la fin.

I got lungs, got livers and they are for sale





‘’Livers For Sale’’ vient clôturer ce trip psychédélique. Alchemist rappe en gueulant à moitié (mais c’est pas aussi pourri que Danny Diablo) et crache toute son émotion. On y croirait presque et puis comme a dit OC ‘’the more emotion I put into it the harder I rock’’. Oh No applique la même formule et ça marche. Le sample digne de la BO de la Boum place un sourire sur mes lèvres et je me dis que «Merde, ces mecs là sont vraiment atteints»

L’Outro nous permet de reprendre nos esprits et nous laisse un peu de temps avant d'appuyer sur REPEAT.

Alchemist et Oh No nous font voyager dans un monde parallèle dans lequel «limite artistique» est un mot inexistant et «prise de risque» est une obligation. Vodka & Ayahuasca est un concentré d'éclectisme, de violence sonore, d’excentricité et de savoir faire professionnel qui ne laissera personne indifférent. Les deux producteurs jouent avec nous et créent un environnement sonore nocif qui rend ivre sans avoir consommer la moindre goute d’alcool. Il met clairement à l’amende la grosse majorité de ces rappeurs qui se prennent un peu trop pour des skateurs. ‘’And the rest of the body parts we dump’em in the California river with the rats & the mice’’.

Le duo chocolat noir et chocolat banc s’est également entouré de l’extravagant Jason Goldwatch pour assurer un trip touchant la vue et l’ouïe et parfois autre chose... Il suffit de regarder les trailers mis en place et surtout ce clip déjanté qui illustre bien toute la frénésie que dégage cet album.

Si vous n’aviez pas encore compris, ‘’Vodka & Ayahuasca’’ est l’album rap de l’année (ouais je le dis dés janvier et je m’en branle).

Signé KELLENBURGER

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