COLDGEIST: Nomenglaçura
Par ROD, lundi 5 novembre 2012 à 15:32 :: INTERVIEWS :: #1362 :: rss

Allez, oubliez un peu la French Touch. Ici on parle Gigolo, Gerald et Glaçon. Entre humain et robot, Rennes et Jupiter, bienvenue dans la tête de Coldgeist.
ENGLISH VERSION + EXCLUSIVE MIX
D'où viens-tu ? Depuis quand fais-tu de la musique ?
J'habite Rennes en Bretagne où je prépare un master en Informatique.
J'ai commencé en 2008 avec un séquenceur et un clavier maître, classique. A cette époque j'expérimentais pleins de choses, de styles différents, j'apprenais surtout à construire un morceau. A côté j'ai pris des cours de pianos pour avoir quelques bases, je n'avais jamais toucher d'instruments auparavant. Sinon j'ai tout appris seul, pas de musiciens ou de djs dans mon entourage. J'ai donc commencé par la composition, le djing est venu après. A un moment, j'ai voulu sortir de chez moi pour jouer devant un public, tenter l'expérience. Le son de l'époque était à la « turbine » et à l'electro putassière, je m'y suis essayé sous les pseudos «Kogura» puis «Kogura Mustache». J'ai joué dans plusieurs bars Rennais, puis il y a eu le tremplin du festival Astropolis, événement techno incontournable dans l'Ouest. Mes productions étaient pauvres, sans univers, un projet vide de sens, je sentais que je n'arrivais pas à m'exprimer, que je ne faisais pas ce que je voulais. Je ne transmettais rien. J'ai donc arrêté ce projet, qui m'aura néanmoins permis de mettre un premier pas dans le milieu electro et de comprendre pas mal de choses. Puis je suis reparti de zéro en puisant dans mes influences, les livres et films que j'avais lu et vu pour créer mon univers, mon son. J'avais trouvé dans la techno assez de puissance et d'espace pour m'exprimer.
Quel matériel utilises-tu ? Où composes-tu ?
J'aime le contact qu'on peut avoir avec une machine, pouvoir agir dessus, moduler le son... J'utilise donc des synthétiseurs analogiques, qui offrent un son plus riche et un grain plus chaud. Mais à côté, je me sers aussi de quelques VST (instruments virtuels) émulant des synthétiseurs comme le Minimoog ou l'Arp 2600, que je ne pourrais pas m'acheter! Avec l'attrait, ces dernières années, pour les synthétiseurs vintages, leur côte ne cesse de monter.
Je compose dans mon appartement, j'y ai aménagé un coin pour y caser mes machines.
Ton nom est-il un clin d’œil au Zeitgeist du moment qui est à la Cold Wave ?
Comme je l'expliquais, je suis reparti de zéro afin de créer autre chose, de beaucoup plus personnel cette fois. Je voulais un nom de scène qui fasse le lien entre l'Allemagne et l’Angleterre, 2 endroits où la techno et la new-wave sont emblématiques, mais aussi à l'image de mon univers sombre et froid. En résulte le nom «Coldgeist». C'est vrai qu'en France, et ailleurs, de nombreux groupes de cold wave ou synth pop ont récemment vu le jour, mais je n'adhère pas trop à ce renouveau, donc rien à voir.
A l'heure de la technologie à domicile, tu penses qu'il est encore utile d'être rattaché à une métropole pour produire de la techno ? Qu'est ce qui t'inspires ?
L'aventure myspace a montré qu'on pouvait habiter dans la campagne profonde et composer, produire, puis mettre en ligne ses morceaux sans problème. Que ce soit le mixage ou le mastering, on peut tout faire chez soi.
Je me nourris de l'actualité, de littérature aussi, que ce soit HP Lovecraft ou Edgar Allan Poe, leurs écrits puissants m'inspirent des atmosphères, des sonorités... Les univers de certains films d'anticipation et d'animation aussi, Jodorowsky, Jean Giraud... Et puis, mon imaginaire travaille sans cesse... En fait, tous ces ingrédients se combinent et j'essaie de retranscrire au mieux ce que j'ai en tête à travers la composition.
C'est important de réussir à faire danser les gens ? Est-ce que l'electro conçue pour ça t'emmerde ?
J'aime voir une émotion sur le visage des gens, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Provoquer quelque chose chez l'autre. La techno est une musique de danse par essence, les gens sont donc un minimum réceptifs. Après, si ta question est de savoir si je construis mon set pour faire danser les gens, non. J'essaye de ne pas jouer 2 fois le même set, de garder une certaine ligne directrice, et d'amener les gens dans mon univers, pas forcément accessible. Par contre, ce que je trouve intéressant, c'est d'arriver à faire danser des gens qui ne viennent pas du tout de la techno, et cela m'arrive assez souvent! Sinon oui, je déteste la techno «clubbing» chiante et aguicheuse, sans atmosphère, je mets donc beaucoup de temps à choisir les morceaux que je vais jouer. Je cherche toujours le compromis entre une techno cérébrale et physique.
Si je te dis "nightclubbing" tu penses à quoi ?
Bracelet fluo, t-shirt moulant... Je suis pas trop clubbing mais les concerts ne manquent pas sur Rennes, les bars non plus. Choisis ton style et c'est parti. Le Mondo Bizarro est pas mal, Molly Nilsson y est passée il y a quelques temps. Sinon, le Chantier et le Combi Bar sont les bars techno de Rennes. Il y a l'Ubu aussi, où beaucoup de concerts sont programmés.
Tu as suivi plusieurs influences depuis les débuts de Coldgeist. Cite-moi les 3 plus marquantes.
Gerald Donald et l'ensemble de son œuvre (que ce soit Drexciya ou Dopplereffekt) m'influence énormément. Pour chacun de ses projets, il avait un champ de recherche, que ce soit les sciences occultes, les sciences dites dures... La new-wave en est une également, je ne pourrais dire dans quelle mesure elle influence ma musique mais on fait vite le rapprochement. Enfin, je dirais Carpenter, j'ai d'ailleurs utiliser le titre d'un de ses films pour un morceau, «Cigarette Burns».
Comment as-tu dégoté ces deals avec Creepy Finger et Mode 33 ? Qui sont ces labels ?
J'ai eu beaucoup de mal à trouver un label en France pour sortir mes morceaux, je me suis donc tourner vers l'étranger. Mode 33 est un petit label Canadien qui m'a contacté via Soundcloud pour un projet d'EP, j'ai accepté tout de suite. Pour Creepy Finger, je les ai contacté par mail, je connaissais un peu, notamment avec Miro Pajic, qui a sorti quelques titres dessus. C'est un label techno basé à Glasgow. Un EP est en cours chez eux, il devrait sortir d'ici la fin d'année.
C'est un peu saturé aujourd'hui le marché de la musique électronique, non ?
Exact, et le nombre de recrues suit une loi exponentielle. D'autant plus qu'aujourd'hui, n'importe qui peut s'improviser dj/producteur/remixeur. Suffit d'avoir de bons contacts, une connexion à internet, de télécharger quelques boucles de samples et c'est parti... Cependant, même s'il y a plus d'offres qu'auparavant, ceux qui durent ne sont pas nombreux. Le «turnover» est très élevé. Après, je suis sur un créneau particulier, la techno froide et sombre ne plait pas à tout le monde, le public est assez réduit. Mais je fais ce que j'aime, ce qui m'inspire, et pour le moment cela me va très bien.
S'il fallait garder 3 DJs en France, tu sauverais qui ?
Vu que je ne suis pas très House filtrée, je garderais The Hacker, Vitalic et David Carretta, 3 artistes emblématiques d'une époque que j'ai adoré (Gigolo, Goodlife, etc).
Quel est ton futur ?
Je suis toujours en train de démarcher des labels pour d'autres EPs, mais pas de date de prévue pour le moment. Sinon, je bosse sur un projet de live avec une interface audio/vidéo. A côté, j'ai un sideproject, totalement différent, «Corps Exquis» avec lequel je vais sortir un EP sur un label français prochainement. Ce projet me permet d'exprimer autre chose, tout ce qui n'est pas encore passé du côté obscur, d'ailleurs je le définis comme une sorte d'échappatoire.

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