Fluoglacial - Tendances Négatives

LES PARADIS ARTIFICIELS (2012)


Le poster haut en sulfure que vous ne verrez malheureusement nulle part

L'Enfer Réel

Putain. Je pensais naïvement que Savages d'Oliver Stone était la pire daube internationale (je mets nos daubes françaises en suspend) sortie au cinéma en 2012. Si vous n'avez pas eu la chance d'assister à ce vivifiant plaidoyer pour le 'carpe diem' joué par un trio composé d'une blonde sotte, d'un ancien G.I. en tongs et bermuda de bain à fleurs et d'un fumeur de joints qui ne s'est jamais rasé de sa vie, voici le pitch: un ménage à trois aux frais d'un commerce de marijuana tranquillement installé en Californie est soudain menacé par des bandits à moustache; un scénario qui puait déjà bien la défaite. Mais là, c'est l'avalanche de paix sur nos têtes.

Deux meilleures-copines-pour-la-vie, une chaude, une moins, croisent Gérard Lanvin dans un bus en route pour la rave party de Recife, do Brasil. Depuis que Bernard Giraudeau l'a quitté, Gérard en a gros sur la patate et philosophe sur la vie tout en portant des santiags zébrées. Il leur file du peyotl puis les deux babz chics nous rejouent Zabriskie Point sous fond de Ash Ra Tempel en enlevant uniquement le haut, tout en flirtant avec des buffles et un iguane. En fait, cette première scène hallucinatoire était plutôt amusante parce qu'on aurait parié n'importe quoi que Marcos Prado se foutait de nous avec un bon vieux second degré brésilien (voire 'herzogien' façon Nicolas Cage en mauvais lieutenant). Mais n'est pas Joaquim Pedro de Andrade qui veut, et on apprend bien vite qu'il se fout de nous au premier degré.

En route pour la corvée du délire ! A base d'effets psychédéliques en polystyrène, le brésilien nous invite à Entrer dans le Vide par l'intermédiaire d'une carte postale digne d'un numéro de À Nous Paris. La dictature du soleil et de la fête couplées à la réussite citadine occidentale. Aussi plat que la Hollande. Le sulfureux réside en fait dans du sexe lesbien suggéré et du coït idéalisé. Très vite pourtant, un enfant fait irruption dans ce royaume jeune pour montrer que tout n'est pas si facile et que l'usage de préservatifs est plutôt une idée à méditer avant de se retrouver avec un enfant moche à 10 000 km de chez soi.

Ici personne ne mange jamais, et donc ne fait pas non plus ses besoins, ce qui aurait pourtant été bénéfique au film, c'est la fête perpétuelle et la drogue nourrit son homme. Pourtant, quand Marcos filme ces ballades langoureuses dans les canaux d'Amsterdam ou sur les vélos de loisir (le héros de Sao Paulo plongé au cœur d'un trafic de cachetons rencontre la femme de sa vie là-bas), on se dit qu'il manquait juste un petit brunch au tableau afin que tout soit complet. On apprend d'ailleurs par un savant procédé de flashbacks (2 ans avant, 4 ans après, présent) qu'en fait le héros et l'héroïne s'étaient déjà rencontrés avant, à cette fameuse rave, là où a muri le fruit de leur union de synthèse.


Concours de bolas enflammées do Brasil

L'affiche fait très collectif animal qui se produirait à Calvi On The Rocks. L'esprit est quand même plus babeloche que ça, à base de plumes, bijoux ethniques et mêmes bracelets de bras et de cheville. Surtout que notre héros est en plus doté du statut d'artiste, et passe son temps à faire des dessins pourris dans un carnet, qu'il montrera plus tard à un peintre flamand (pléonasme) lors d'une scène (dino) risible. Ce héros, qui a fait 2 ans de prison, soit dit moins que Derek Vinyard dans American History X, veut écarter son petit fréro de la came lorqu'il en sort, normal. Seulement, celui-ci est déjà dedans et planque des cachets dans sa chambre, normal. L'incompréhension naît et nous renseigne sur les rapports familiaux soumis aux tensions dans ce Brésil moderne en perte de repères... non je déconne. Rien renseigne rien. Quel est le message de ton film Marcos ? Amènes-tu une part de progrès ? Ça t'amuse de nous fais haïr les hippies encore plus qu'on pouvait le faire avant ?

Allez, c'est facile de critiquer... Mais ce n'est pas fini. Toute la bande-son a été composée par des DJ déguisés en souris, ou ce genre d'allemands chiants qui portent des maillots de foot et passent leur temps à lever les bras (Non, pas Magnetrixx). De toute façon, on n'entend quasiment que les montééééées et les breaks, quand l'héroïne, aussi DJ que moi, fait semblant de savoir se servir d'une table de mixage, et effleure un bord de platine du bout des doigts. Bien pro tout ça, comme ces ravers faux à mort qui bougent comme on leur a dit de faire en répétition (sûrement ponctués de "alleeez" criés au mégaphone).

L'alcool dans les années 40, la clope dans les années 50, la marie-jeanne dans les années 60, le LSD dans les années 70, la dope dans les années 80, l'ecstasy ans les années 90, les drogues de synthèse dans les années 2000, la drogue technologie en 2012. Les mises à jour font décidément plonger la masse de plus en plus vers le vide. A l'image de la nouvelle publicité "1 million" beauf de Paco Rabanne et du clip pour le parfum "Lolita Lempicka" réalisé par Woodkid (da génie) que l'on peut admirer dans les publicités (plus nombreuses que les bandes-annonces) d'avant film. Marcos Prado le post soixanteneufard, jadis producteur de trucs comme Troupe d'Elite ou Bus 174, nous propulse maintenant dans son Paradis, et c'est dur.

Bref, la drogue en film est définitivement un truc de bouffon. Allez le voir! Ah oui, vu que tout le monde a tout faux sur ce projet, le film est déprogrammé de tous les cinémas de Paris (à l'exception du Publicis, et ses sièges en cuir de patron) car le distributeur a eu la bonne idée (encore une!) de le mettre en ligne sur Dailymotion la veille de sa sortie. Cette tactique promotionnelle m'a quand même eu, finalement. Putain.


La DJette qui aime bien actionner son unique bouton avec 10 doigts

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Commentaires

1. Le jeudi 29 novembre 2012 à 09:14, par Vigilante

Street by street. Block by block. Taking it all back.
The youth immersed in poison - turn the tide counterattack.
Violence against violence, let the roundups begin.
A firestorm to purify the bane that society drowns in.

Des lyrics toujours d’actualité a la lecture de cette magnifique chronique. Il doit être heureux Glauber Raucha tiens.

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