"Deux hommes, exténués par les femmes, abandonnent tout pour aller s'installer dans un village perdu. Ils y rencontrent un curé truculent et soiffard qui les rappelle aux plaisirs simples de la vie. Bientôt, leur exemple inspire des milliers d'hommes et des cohortes de mâles déboussolés quittent alors les villes, fuyant l'hystérie féministe des années 1970. Mais bientôt arrive un escadron d'amazones nymphomanes..."



Présenté comme ça, ça mitraille sec ! Les mots me manquent pour qualifier la puissance jubilatoire de ce film. Réalisé par Bertrand Blier entre ses deux classiques LES VALSEUSES et PRÉPAREZ VOS MOUCHOIRS, c'est pour moi sa meilleure fantaisie (ce couillon en a toujours honte aujourd'hui et a, paraît-il, bloqué les droits !). L'œuvre à la fois beauf et subversive (à la manière de Joël Seria dans la première partie) dérive vers la pure science fiction en second chapitre. Après l'épisode inspiré de LA GRANDE BOUFFE où Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et Bernard Blier (meilleur trio comico-lyrique français) se goinfrent à s'en faire péter la panse, le temps de la retraite est écoulé.

Rattrapés par leurs conjointes, ils sont forcés de remonter à Paris pour le week-end de l'Ascension. Mais le cœur et la bite n'y sont décidément plus. Ils s'échappent à nouveau et se retrouvent par hasard sur les rails du métro. C'est le début d'une longue marche masculiste à travers la France. C'est aussi là qu'on se demande ce qui se putain de passe. C'est la diagonale du vide pendant quelques instants (malgré l'excellente apparition de Jugnot). Des tribus d'hommes errent façon MALEVIL. Puis la folie du film reprend de plus belle lorsqu'un contingent de femmes abreuvées de sexe piège les deux hommes. Tous deux internés en clinique, ils sont vraisemblablement les 2 seuls spécimens rescapés et se font injecter du durcissant à grosse dose. CHAPITEAU.



Des cohortes de femmes en furie arrivent alors de chaque coin de France pour faire l'amort aux deux comateux. Pourvus d'un temps de coït de 3 minutes maximum chacune, elles se livrent sans complexe au sexe à la chaîne pour être ensuite marquées du tampon "a baisé" ahah. Rapports complètement inversés. Révolutionnaire. La scène finale surpasse tout, les derniers compagnons de route se retrouvent minuscules prisonniers d'un vagin géant, sensé évoquer le Paradis (ou plutôt l'Enfer). TARÉ . Blier l'a fait. Mauvais goût, incorrection, grossièretés, sexisme, mais surtout, quasiment que de la phrase culte. Une expérimentation jouissive symbolisant à merveille la liberté artistique et verbale des années 70. GRANDIOSE.