Fluoglacial - Tendances Négatives

CARNETS NOIRS Acte I



Voici un ouvrage épais et sombre, aux allures de manuel de magie noire, sous-titré "Musiques, attitudes, cultures gothiques, électroniques et industrielles". Les 2 premiers volumes (écrits collectivement et édités par E/DITE & K-INITE) sont sortis début 2006 et abordent la scène musicale froide internationale pour le vol.1 (250 pages), et exclusivement francophone pour le vol.2 (350 pages). Un 3ème volume destiné au rapport de ces scènes à la littérature et au cinéma est sensé sortir prochainement.

Le bouquin a pour vocation de présenter un panorama large (avalanche d'étiquettes mais sans trop rentrer dans les détails) des musiques goth, electro et indus. Il se présente comme une discographie romancée avec des anecdotes ici et là et quelques photos de qualité. L'époque couverte s'étale de la fin des années 70 au début des années 2000. On assiste donc à un survol de la naissance de ces musiques dites froides et à leurs mutations à travers 4 décennies. C'est relativement complet, pas pédant, ça concerne donc autant les connaisseurs que les découvreurs. Je me contenterai de résumer brièvement les 14 chapitres, regroupés, dans le vol.I, par famille musicale.






POST-PUNK
Les balbutiements de la New Wave. La naissance du genre Gothique.

1977. La carrière éclectique de WIRE commence, les précurseurs anglais. On passe brièvement sur le minimalisme de SUICIDE, et tant mieux. Puis la musique rock plus noire des STRANGLERS et les débuts fulgurants de THE FALL. C'est l'heure où le règne de JOY DIVISION débute. L'heure aussi où les filles se la donnent, LENE LOVICH, NINA HAGEN et MALARIA! en Allemagne. C'est l'ébullition. ULTRAVOX découvre l'électronique et John Lydon monte PUBLIC IMAGE LIMITED après la mort des SEX PISTOLS. Même succès pour le groupe MAGAZINE monté par un ex-BUZZCOCKS.

L'Australie représente aussi avec THE BIRTHDAY PARTY, le premier groupe de NICK CAVE, ou les HUNTERS & COLLECTORS. C'est déjà le début des années 80 et la magie est partout. Les mélodies de NEW MODEL ARMY, KILLING JOKE, ECHO & THE BUNNYMEN et THE CURE donnent ses lettres de noblesse à l'après-punk, créant une déferlante froide sur le monde, le rock ne sera plus jamais comme avant.






COLD-WAVE
Les musiques froides et intellectuelles des années 80.

Terme exclusivement français et musique essentiellement anglaise (JOY DIVISION, THE CURE), le style se développe surtout en Angleterre et en France pour rompre avec la commercialisation du punk et de la new wave. Les pionniers raffinés s'appellent THE CHAMELEONS, SAD LOVERS & GIANTS ou AND ALSO THE TREES.

Des groupes ont cependant obtenu un certain succès comme THE OPPOSITION ou à l'inverse se sont enfermés dans une sophistication extrême tels IN THE NURSERY ou THE DURUTTI COLUMN. Les labels y sont déterminants. 4AD par exemple, qui popularisera un son, avec COCTEAU TWINS, l'excellent hollandais de CLAN OF XYMOX, les débuts de MODERN ENGLISH et plus tard la découverte de COLOURBOX, des PIXIES ou de WOLFGANG PRESS.

L'autre tête pensante du style est FACTORY. La maison de JOY DIVISION/NEW ORDER évidemment, mais aussi celle des excellents SECTION 25 ou de THE WAKE et THE NAMES. En France, c'est le label DIVINE qui domine. Outre les joyaux français que sont TANIT et COMPLOT BRONSWICK (dont je parlerais plus tard), ils produisent le terrible groupe belge MINIMAL COMPACT, les hollandais de MECANO ou les américains de TUXEDOMOON. C'est la fin des années 80, d'un style et d'une époque que tenteront vainement de sauver les CRANES.






BATCAVE
Théâtralité, exubérance et expérimentation.

1982. The Batcave ouvre ses portes à Londres. Crée par le chanteur de THE SPECIMEN, le club organise des soirées à sensation avec des danseuses en cage ou le rock fou, horrifique, théâtrale et sexuel de ses potes (AUSGANG, ALIEN SEX FIEND, DANIELLE DAX) séduit les gothiques allumés. Influencé par les CRAMPS, ALIEN SEX FIEND puis SEX GANG CHILDREN deviennent les noms clés du genre, maintenant dénommé Batcave. Plus gothiques, sombres et torturés naitront des groupes marquant pouvant se rapprocher de ce courant expérimental. Ils se nomment VIRGIN PRUNES, THEATRE OF HATE et bien sûr BAUHAUS.






NEW WAVE, TECHNO POP ET NÉO-ROMANTIQUES
Manifeste électronique, rétro-futurisme et musique populaire pervertie.

Dès la fin des années 70, quelques dandys décident de pousser le son analogique et de créer la bande son la plus proche de l'époque déhumanisée dans laquelle ils vivent. Leur père s'appelle GARY NUMAN, leurs oncles THE HUMAN LEAGUE. ANNE CLARK incarnera elle, le néo-romantisme féminin, tandis que VISAGE génèrera toute la scène "new wave" des dancing des années 80. Il suffit parfois d'un single pour rentrer dans la légende, c'est le cas de THE NORMAL, créé par Daniel Miller, le fondateur de MUTE Records, rien qu'ça.

Ce minimalisme élégant et glacial (classifié synth-pop) lancera une quantité infinie de groupes dont on retiendra forcément DEPECHE MODE, SOFT CELL, ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK mais aussi le très bon FAD GADGET. NEW ORDER est un cas à part, ils installeront au fil des albums leur concept house music dans une scène new wave anglaise pas prête pour ça. Les cours boursiers retiendront le synthétique EURYTHMICS et les très pop SIMPLE MINDS, TEARS FOR FEARS ou TALK TALK.






LES SCÈNES GOTHIQUES ET POST-PUNK AUX ÉTATS-UNIS
An american way of death.

Outre-Atlantique, c'est DEVO, leur rock futuriste et leur humour froid et grinçant qui ouvrent la voie. Mais les américains sont plus forts dans l'horreur. THE MISFITS et THE CRAMPS naviguent à la même époque, hardcore-punk pour l'un, garage-punk pour l'autre, un point commun, la folie. Les DEAD KENNEDYS issus eux aussi du punk marqueront par leurs futures expérimentations et leur caustique contestation. Puis on se demande ce que le groupe de space-rock CHROME vient faire là-dedans (?). PERE UBU de Cleveland fera la renommée d'un style jazz-punk pimenté tandis que les EXECUTIVE SLACKS préfigureront l'electro-industriel du nouveau continent.

Les divas du mouvement s'appellent DIAMANDA GALAS et LYDIA LUNCH. Mais le groupe le plus à l'image de ce qui se passe en Angleterre s'appelle CHRISTIAN DEATH et émerge de la fleurissante scène death-rock de Los Angeles (45 GRAVE, SPEED QUEENS, SUPERHEROINES). Début fulgurant et longue carrière extravagante suivi de projets solos (MEPHISTO WALZ, GITANE DEMONE). C'est les années 90 et le gothisme revient en force. FAITH & THE MUSE, KOMMUNITY FK, SHOCK THERAPY, RED TEMPLES SPIRITS, LONDON AFTER MIDNIGHT sont les nouveaux espoirs du genre.






MUSIQUE INDUSTRIELLE
Du bruitisme des origines à la fusion électronique, histoire de la musique urbaine.

Il faut aller piocher dans le rock psyché de la fin des années 60 et surtout dans l'épopée Krautrock pour définir le terme industriel. Avant-garde, musique nouvelle, free-jazz. C'est le bouillon de culture en Allemagne avec des groupes de hippies cosmiques comme AMON DÜÜL, FAUST, BRAINTICKET ou les grandioses TANGERINE DREAM et KRAFTWERK. La seconde partie des 70's fournit le minimalisme décadent qui sera la marque de fabrique du genre, HENRY COW, CHARLEMAGNE PALESTINE et les célèbres RESIDENTS.

Le premier artiste industriel à proprement parlé est THROBBING GRISTLE. D'abord sous le blaze COUM (Cosmic Organisation of the Universal Molecular), le quatuor se forme en 1975, date à laquelle ils décident de rompre avec l'image négligée des hippies pour se couper les cheveux et revêtir des tenues militaires, tout le monde les imitera par la suite. Le groupe est dissout en 1982 à cause d'une histoire de fesse entre CHRIS & COSEY. Ces deux là ont sorti leur 1er disque un an plutôt, et continueront dans une mouvance electro pas toujours réussie. Genesis P. Orridge se retrouve seul et fonde le culte PSYCHIC TV, qui fournira de nombreux albums malsains avant de sombrer dans l'acid-house.

Un autre groupe de renom, COIL, se forme en 1984 avec encore un ex-THROBBING GRISTLE (ainsi que 2 individus de FOETUS et VIRGIN PRUNES). CV en béton et musique plus calme et mélodieuse. TG sont aussi à l'initiative du label INDUSTRIAL Records créé en 1976, inutile de préciser la portée du nom. Le label découvrira le projet SPK ainsi que 2 piliers du style électronique made in Sheffield, CLOCK DVA et CABARET VOLTAIRE. Le début des années 80 voit fleurir d'autres obscurs et dérangeants groupes comme WHITEHOUSE, CONTROLLED BLEEDING, NOCTURNAL EMISSIONS ou les mythiques NURSE WITH WOUND.

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La musique industrielle se répand mécaniquement partout. ZOVIET* FRANCE chez nous, MERZBOW et THE GEROGERIGEGEGE au Japon, ESPLENDOR GEOMETRICO en Espagne, LEGENDARY PINK DOTS en Hollande, les SWANS à New-York, mais surtout EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN en Allemagne, qui se présente comme le plus fidèle rejeton de THROBBING GRISTLE et dont la longévité est exemplaire.

Parallèlement, des actes plus extrémistes et provocants font leur apparition. C'est le cas de NON, le projet de Boyd Rice, fasciné par l'art de la propagande et le IIIème reich. TEST DEPT. chez les britons encore, traine aussi une sombre réputation infondée derrière lui. La plus grosse réussite de cette mouvance vient de Slovénie : LAIBACH, ou comment atteindre le succès par la provocation.

Le chapitre se clôt sur le "dark-ambient" industriel des années 80 dans lequel se sont illustrés LUSTMORD, BRIGTHER DEATH NOW, SLEEP CHAMBER et SLEEPING DOGS WAKE. L'industriel pur et dur devient malheureusement soluble dans les années 90. Il se noie la plupart du temps dans l'électronique ou le metal. Excepté E.A.R. (Experimental Audio Research) suivi de BLACK LUNG et son electronica bruitiste. On arrive déjà sur le territoire des APHEX TWIN et AUTECHRE mais ça c'est une autre histoire...






GOTHIC-ROCK
De l'underground au sommet des charts.

Les styles évoqués vont se faire de plus en plus pointus et précis. Les termes sépulcral ou crépusculaire vont apparaître dans le débat. Écho, mysticisme et fantasmagorie caractérisent cette musique popularisée par SIOUXISE & THE BANSHEES, LE groupe créé en 1976. Dans une lignée plus post-punk et confidentielle se forment GENE LOVES JEZEBEL à Londres, et le célèbre THE CULT en 1981, qui finira par faire du hard-rock.

Dans un style nettement plus sombre, on notera aussi THE DANSE SOCIETY et THE MARCH VIOLETS, sans oublier l'Allemagne et X-MAL DEUTSCHLAND. Les ténèbres vont se faire plus oppressantes au fil des années 80. Les grands SISTERS OF MERCY vont enfin sortir leur premier album pour ensuite laisser leurs fans à THE MISSION, ALL ABOUT EVE et aux brutaux FIELDS OF THE NEPHILIM dans la seconde partie des 80's.






ELECTRONIC BODY MUSIC
Le bruit qui danse.

Elle aurait aussi pu s'appeler European Body Music car pour une fois, cette musique prend sa source en Allemagne et en Belgique, et non en Angleterre. Racines punk améliorées, électronisme binaire, agressivité sonore, puissance physique, rythmes martiaux, imagerie paramilitaire, textes provocants... C'est D.A.F. (Deutsche Amerikanische Freundschaft) de Düsseldorf qui lance la voie à la fin des 70's.

Après des expérimentations sonores dignes du Krautrock, l'album "Alles ist gut" (1980) créé le standard. En Belgique, c'est FRONT 242 formé l'année suivante, qui créé l'appellation et pousse le style à l'extrême, plus performant que jamais. Les débuts de leurs compatriotes THE NEON JUDGEMENT (1980-1984) seront aussi pionniers dans la musique électronique industrielle avant que le groupe se tourne vers un son plus rock.



La réponse anglaise ne se fait pas attendre, NITZER EBB nait en 1982. De nouveaux thèmes s'ajoutent au style naissant, culte du corps et musique de plus en plus physique et autoritaire. Malheureusement, après l'incroyable "Join in the chant", le groupe va sombrer dans la danse music facile. En 1982 aussi, se créé SKINNY PUPPY au Canada. Ils se démarqueront par leur allure batcave et délurée comparée au look strict des autres pionniers de l'EBM. Un autre grand nom du genre nait aussi au Canada en 1985, FRONT LINE ASSEMBLY. Un côté gothique plus marqué que les européens sur une musique électronique puissante. N'oublions pas non plus NUMB et PSYCHE (qui n'est pas cité dans le livre).

Dans la seconde partie des 80's, la Belgique reprend d'assaut l'activisme EBM avec de futurs classiques. VOMITO NEGRO, KLINIK et A SPLIT SECOND perpétuent le travail effectué par FRONT 242 et par les mystérieux à;GRUMH. THE CASSANDRA COMPLEX, fondé en 1980 à Leeds, est un peu à part, mélangeant EBM, gothic-rock et plus tard metal-indus. La fin des années 80 verra la Suède se réveiller (POUPPEE FABRIK, CAT RAPES DOG) et l'arrivée du sulfureux groupe américano-anglo-belge MUSSOLINI HEADKICK avant que l'EBM mute vers d'autres sphères.






METAL-INDUS
Violence, provocation et mélange des genres.

Mélange de grosses guitares et de sons électroniques, cette mouvance va principalement se développer aux USA à la fin des années 80 et au fil des années 90. Mais le parrain du metal industriel est bien plus vieux que ça et se prénomme FOETUS. Musicien australien migrant de Londres à NY, de 1980 aux 90's, il créa un bouillon de sous-culture entre jazz, rock, metal et bruit expérimental.

Le groupe culte de cette veine est bien sûr MINISTRY (WHITE ZOMBIE changera son rock sale en metal plus tard), qui après des débuts synth-pop mignons et un passage EBM sortit l'album déterminant : "The land of rape and honey" en 1988. Dès lors la brèche est ouverte pour NINE INCH NAILS, RAMMSTEIN et MARILYN MANSON qui créeront l'entertainment rebelle de cette décennie maudite.

En Europe, ce sont les YOUNG GODS et les SWAMP TERRORISTS qui remuent la Suisse. Mais les plus important sont encore allemands, véritables précurseurs de ce son dès le début des années 80, ils se nomment DIE KRUPPS et KMDFM. L'electro-metal n'est alors plus un concept, et OOMPH! en profite dès 1989. L'Angleterre livrera elle un ovni (une fois de plus), répondant au doux nom de GODFLESH et son rock diabolique et digital. Suivront PITCH SHIFTER dans la continuité, et CUBANATE en 1992 poussant le vice jusqu'à la techno-metal. Fous ces anglais.






DARK-FOLK
Des antiques brumes païennes au renouveau urbain des traditions.

Musique glaciale et mélancolique, nourrie de symboles forts, à mi-chemin entre traditionnel et industriel. Mort, guerre, ésotérisme et histoire européenne sont les 4 murs qui renferment cette chambre froide. LE groupe néo-folk incontournable est créé en 1980 par Douglas Pearce et se nomme DEATH IN JUNE. 30 ans de disques mortuaires à son actif, je dis chapeau pointu. Ce chapitre nous apprend l'appartenance de beaucoup de membres de ces groupes à d'occultes sectes, on baigne dans la magie noire et la confusion parfois. C'est le cas de David Tibet, membre du TOPY (Temple Of Psychic Youth) qui fonde CURRENT 93 en 1983, toujours en Angleterre. Les disques inquiétants de C93 seront suivis de prêt par ZERO KARMA.



En Italie, les pionniers cagoulés et leur délicieuse chanteuse s'appellent KIRLIAN CAMERA. Ils navigueront dans tous les styles froids et préfigureront la scène électronique de la botte. Patrick Leagas qui a quitté DIJ refait surface avec le plus musclé SIXTH COMM en 1987. Ian Read lui, membre de l'IOT (Illuminates Of Thanateros) et de la Rune Guild sort son premier disque sous le nom de SOL INVICTUS en 1992. Quand ils ne sont pas influencé par Burroughs ou Baudelaire, ces illuminés composant leurs albums dans des caves le sont par Nietzsche ou Tzara. C'est le cas de COUP DE GRÂCE, projet industriel américain actif de 1984 à 1989 qui se transformera ensuite en BLOOD AXIS.

On navigue vraiment dans un univers ambigu et inquiétant. Les protagonistes semblent déconnectés du monde et vivre dans d'autres époques, dans d'autres sphères, peut-être même de l'autre côté. Leurs discographies ont l'avantage d'être très fournies et s'ils sont toujours actifs dans les années 90, la décennie voit de nouveaux couteaux arriver. ELIJAH'S MANTLE en Angleterre, THE MOON LAY HIDDEN BENEATH A CLOUD en Autriche qui se transformera en DER BLUTARSCH, ATARAXIA en Italie ou encore ORDO EQUILIBRIO et AGHAST en Suède.






DARK-WAVE
À l'Est, enfuin du nouveau !

À l'image de la new wave, la vague sombre déferle en Allemagne à la fin des années 80 et englobe tout un tas de groupes désireux de participer au renouveau gothique alors en chute libre. Mélange d'organique et d'électronique, GIRLS UNDER GLASS est le détonateur de cette scène dès 1986. Enchainent alors dans un style plus gothic-rock influencé par les groupes britanniques LOVE LIKE BLOOD et THE BREATH OF LIFE. Le duo DAS ICH créé en 1989 marquera par sa grandiloquence et son electro-indus percutant en parallèle avec GOETHES ERBEN.

Les années 90 sont le terrain de jeu de PROJECT PITCHFORK, relançant la machine EBM dans l'Allemagne aux côtés de THE ETERNAL AFFLICT et surtout de CALVA Y NADA. L'énigmatique androgyne de SOPOR AETERNUS s'occupera de redorer le blason batcave. THE MERLONS OF NEHEMIAH perpétueront le gothic-rock l'agrémentant de mélodies médiévales et celtiques. Tandis que les fanatiques de GARDEN OF DELIGHT se donneront 7 ans pour sortir 7 albums de 7 chansons! Citons aussi pour finir DEINE LAKAEIN et LACRIMOSA, 2 groupes inclassables estampillés dark-wave.






HEAVENLY VOICES
Le chant des sirènes venu du vaisseau fantôme.

Terme inventé tardivement pour désigner une musique gothique sombre et douce, riche en influences, et exclusivement dominée par une voix féminine lyrique. Pas fanatique de fantaisie héroïque, une grande partie du chapitre ne m'a pas vraiment emballé. Les pionniers dans cette histoire sont les très bons groupes du label 4AD constitués à l'orée des années 80 : DEAD CAN DANCE, le projet THIS MORTAL COIL et les excellents COCTEAU TWINS. Dans la seconde partie des 80's, c'est au tour du label américain PROJEKT de produire ce style, notamment avec les groupes BLACK TAPE FOR A BLUE GIRL et LYCIA. ATTRITION, formé à Coventry en 1980, est un cas à part, mixant EBM, pop et néoclassicisme, et auteur de nombreux albums pendant 20 ans.

A la fin des 80's et au début des années 90, les USA accoucheront d'autres groupes originaux et marquants tels que AREA, LOVE SPIRALS DOWNWARDS, THE SOIL BLEEDS BLACK, LIFE GARDEN ou AUTUMN TEARS. En Allemagne ce sera LOVE IS COLDER THAN DEATH, en Angleterre MIRANDA SEX GARDEN, ou BEL CANTO en Norvège. Au Japon, c'est JACK OR JIVE qui fera onduler les mélodies tandis que la Suède siestera au son d'ARCANA. Froideur, finesse et renaissance au rendez-vous. Le 3ème label important de ces deux décades est HYPERIUM. Il publiera les disques de STOA, ANCHORAGE et CHANDEEN, dignes représentants de l'heavenly Allemagne, ainsi que de nombreux classiques du genre gothique.






METAL-GOTHIQUE
...et le métal devint romantique.

Héritier des contes sombres des 80's signés BATHORY, CANDLEMASS, CELTIC FROST, VENOM, et des prémisses du doom (TROUBLE, SAINT VITUS), le mariage du gothique et du metal arrive à la traine. Le début des années 90 voit naître des hybrides étranges, principalement en Angleterre avec PARADISE LOST, MY DYING BRIDE et ANATHEMA, en Allemagne aussi avec CREMATORY, mais surtout avec TYPE O NEGATIVE de Brooklyn, qui donnera sa renommée au style, rajoutant de l'humour et de la provocation, qui manquaient cruellement à cet univers figé.

D'autres nations vont s'y mettre, lorgnant vers le gothic-rock (MOONSPELL, Portugal), vers le black metal (TIAMAT, Suède) ou vers un style nettement plus brutal (SAMAEL, Suisse). On est au milieu des années 90 et les douteux mélanges mixtes de type metal FM vont débarquer, THEATRE OF TRAGEDY en Norvège, THE GATHERING en Hollande, CRADLE OF FILTH au Royaune-Uni ou LACUNA COIL en Italie. C'est fini.






ELECTRO-DARK/ELECTRO-POP/TECHNO-INDUS
Retours vers le futur

Le 14ème et dernier chapitre fait en quelque sorte le bilan des vestiges EBM qui tiennent encore aujourd'hui. Pas forcément calqué sur le modèle belge, tout ce qui est sombre, électronique et industriel à la fois est abordé dans ces pages. On commence donc avec SUICIDE COMMANDO de Belgique et LEAETHER STRIP du Danemark, qui ne veulent pas oublier KLINIK et FRONT LINE ASSEMBLY. L'allemand :WUMPSCUT: lui, perpétue l'esprit LEAETHER STRIP et son electro-dark malfaisante, et ainsi de suite. Aux USA, c'est VELVET ACID CHRIST qui mène la barque, fiston caché de SKINNY PUPPY.

Formés à la fin des années 80, sont aussi cités, l'ambient industriel allemand de HAUJOBB et l'EBM-pop belge de AND ONE. L'electro-pop revient elle aussi en force dans les 90's. En Germanie avec WOLFSHEIM et DE/VISION, ou dans le Nord avec APOPTYGMA BERZERK. Le virage techno est assuré par le trio suédois COVENANT et les anglais de VNV NATION. La techno industrielle est née, et représentée par le label ANT-ZEN! en Allemagne. La conclusion est laissée à l'extrêmiste harsh-noise et autres dérivés techno-chaotiques qui m'insupportent complètement. Je m'arrêterai donc là.


La chronique de l'acte II arrive. Refroidissez-vous tranquillement en attendant.


LE SITE DU LIVRE

GASFACE #6



C'est chaud, c'est chaud. Tellement chaud que le mag a été retiré des kiosques à cause de sa couvrante engagée pour le racisme fun. Un comble ! Ce numéro est sorti avant l'élection d'Obama pour information. La grosse partie de cette issue étant un dossier caustiquement intitulé "FEAR OF A WHITE PLANET". On peut y lire des rapports sur le R'N'B blanc, sur les basketteurs qui ne savent pas sauter, des interviews du loulou SETH GUEKO, de l'acteur CHRIS TUCKER (à l'honneur sur la couv) puis de l'avocat de divertissement juif SCOTT LEEMON. Il y a aussi un intéressant décryptage des principaux tracks d'ALCHEMIST par l'intéressé lui même, un top 10 de ce que les blancs ont fait de meilleur, un roman-photo chocolat au lait (TORAE + MARCO POLO) et pour finir, un florilège d'insultes célèbres et gratuites. Avant ça, la petite histoire des zombies m'a fait glousser de rire et l'itw de CHARB au centre de la polémique politico-médiatique de CHARLIE HEBDO m'a laissé dubitatif. J'espère qu'ils questionneront François Hollande dans le numéro porte malheur (7).

"Les jeunes du ghetto et les vieux riches ont beaucoup en commun : ils trainent toute la journée en survet' et la plupart de leurs amis sont morts."

La partie la plus intéressante pour moi est l'excellente entrevue avec NICOLAS BOUKHRIEF (ex-rédacteur de STARFIX et réalisateur du "Convoyeur" entre autre) qui a une vision très tranché et passionné du cinéma. Un plaisir. "La justice, c'est comme la Sainte Vierge. Si elle n'apparaît pas de temps en temps, le doute s'installe". Ça pourrait être le nouveau slogan de "la revue scientifique dédiée à l'amour et à la vérité", car c'est encore un avocat qui est au parloir, plus proche de nous et de la polémique, KARIM ACHOUI (9 pages quand même). Quelques noirs pour terminer, BUSTA RHYMES le diablotin, JUST BLAZE le nerd, la famille de SLY STONE, et RONALD WIMBERLY, un dessinateur de Brooklyn qui sort de belles phrases ("les filles qui fréquentent les Beaux-Arts sont déjantées, elles sont nécessairement meilleurs au pieu..."). Dernier faits d'armes, les 2 gugusses nous racontent avec grâce comment ils ont essayé d'interviewer PHARRELL WILLIAMS, et même si ce n'était pas un scoop, ces NEPTUNES ont l'air de sacrés abrutis! De l'amour, un peu moins de rap, mais beaucoup de skills. EXIGEZ-LE DANS VOTRE KIOSQUE.

Bientôt interdit à la vente ?

Global Techno, 1999-2007.


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GASFACE #5 (avant le déclin du football français)


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The Evolution of a Cro-Magnon, John Joseph, 2007.



Si vous avez suivi Hey You!, si vous suivez le blog, si vous avez suivi la musique underground de ces 25 dernières années, le nom Cro-Mags doit résonner dans vos caboches. Groupe légendaire et intemporel créé à l’orée des 80’s et maintes fois écorché (comme toute gloire du rock) jusque dans les années 90. Ce livre est le livre du chanteur, John Joseph (nom d’emprunt pour échapper à la police). Et c’est bien plus qu’une biographie de groupe, c’est l’histoire d’un mec, d’une musique, d’une bande de jeunes, d’une révolution spirituelle, et surtout d’une ville, New York.

L’histoire d’un mec à sa place nulle part excepté dans les rues, toujours en fuite, qui utilise la violence puis la musique comme exutoire. Car comme les vrais savent, que ce soit dans la musique ou l’art en général, l’adversité reste le moteur le plus efficace de la créativité. Le livre est bourré d’anecdotes, d’expressions, de langage atypique et de personnages tous plus dingues les uns que les autres. JJ manie l’arrogance et l’humour à merveille, il sait jouer avec la puissance des mots pour nous rendre addictifs à la lecture. La sincérité qui s'en dégage fait de cet ouvrage un putain de classique pour n’importe quelle âme vivant dans ce monde plein de haine. Le résumé et le décryptage que j’en ai fait est long et mérite d’autant plus d’attention, mais plutôt que de lire mes délires, COURS ACHETER LE LIVRE. (www.punkhouse.org)




I. Peace and love ?

1967. John McGowan a 5 ans, les forces vives sont au Vietnam, les forces passives sont sous acide, lui et ses 2 frères vivent avec leurs parents dans un appart du Queens. Seulement son père a trop regardé RAGING BULL et comme De Niro, le boxeur déchu, alcoolique, frappe sa femme, de plus en plus fort. Scénario classique. Les gosses sont placés en centre d’accueil puis Eugene l’aîné, est envoyé à Long Island pendant que John et le petit Franck atterrissent chez les gentils Sheridans à Brooklyn, avant de connaître l’enfer à partir de 1970.


II. The Valentis

La mère Sheridan attrape un cancer, ne peut plus les garder, et les 2 gamins débarquent chez les Valenti, une famille italienne comme vous vous en doutez.

"I still laugh about how tacky the Guidos in New York were back in the day, with their overly sculpted hairdos, tight clothes, moronic dialect, gold chains, an especially, their cars. … The Irish – just about everyone else in NYC – didn’t get along with the Italians. They lived in their neighborhoods, dated their own, partied at their clubs and if you accidentally ventured into their bar, or their park, or hit on one of their girls, out came the Guido sticks and their famous line, "Fuuhhget about it… bats ain’t for fuckin’ baseball!" (Insert sounds of broken bones here)"



Ils sont traités comme le chien de la maison, d’ailleurs ils leur ont aménagé une cabane au fond du jardin à côté de la niche du clebs. Pas de vêtements, de nourriture saine ou de divertissement, c’est le début de la galère. Ils deviennent esclaves de Rose Valenti, la maniaque de la propreté, et les souffres douleur du dégueulasse Mr V. La donne change quand Eugene rejoint les 2 frangins. Ils monteront les plans les plus fous pour se procurer repas, friandises, radio et argent de poche dans le dos des affreux ritals. Eugene le ‘hustler’ est né. J est déjà passionné de musique et fanatique de l’émission ‘Soul Train’!

"I used to wish I was black because, in my opinion, they were just so much cooler than any white people I have ever met."

Ils économisent pour rendre visite à leur mère certains week-end mais ne sont pas vraiment les bienvenus, celle-ci côtoyant un nouveau guido du nom de Carl. Mais que ce soit en dehors ou à l’école, aucun des trois ne l’ouvre sur les conditions déplorables dans lesquelles ils vivent. J le petit démon se trouve un nouveau terrain pour évacuer, le PLAYGROUND. Cet irlandais est blanc mais noir à l’intérieur.



"When we played sports we always fantasized about being O.J. Simpson, Julius "Dr. J" Erving, or Vida Blue… The reason was plain and simple – we didn’t idolize white athletes. Oh, hell no ! Our heroes were all black."

Après avoir finalement avoué à Mr Hayes (l’incompétent de l’assistance sociale en charge des McGowan) avec l’appui de l’entraîneur de basket local, comment ils étaient traités chez les Valenti, les 3 frères changent de famille, et de domicile, une fois de plus.

"When all was said and done with that insane asylum, E wasn’t the only one who’d developed King-Kong sized nuts. The shit I endured in the Valenti house gave me thick skin and it would come in handy later on in life."




III. The funkiest little white boy of the year

1975. L’heure de la débandade a sonné. Arrivée à Garden City, NY dans une famille dénommée elle aussi McGowan mais avec des revenus nettement différents (et 2 charmantes filles qui les détestent direct). L’argent coule à flot et le passage où J choisit la tenue de sa rentrée est culte.

"I stared in awe: a pair of shiny, bell-bottomed metallic pants, the kind worn in blacksploitation films by the coolest motherfucker you’ve ever seen on camera. The kind that were so tight you could tell the person’s religion, if you know what I mean. … The shirt would have to be something equally loud. Green polyester. Then came the crowning glory… the biggest pair of, ‘as-brother-as-you-can-get’, Harlem-ass platform shoes you have ever seen ! … I looked like David Bowie meets George Clinton…"

Evidemment ils sont envoyés dans l’école bourgeoise du coin et y’a aucun noir dans la cour. J est de nouveau la risée, après lui avoir reproché d’être pauvre, ses nouveaux camarades lui reprochent d’être cool ! Puis arrive la puberté. Et le moment de goûter aux plaisirs de la chair. Visez cette poésie de rue.

"Back then if you made it with a girl it was measured in terms synonymus to the bases on a baseball field. First base was kissing and second equaled grabbing a little tittie. Third base meant you and your boys got to smell your fingers and home plate meant you were the hometown hero."



Puis l’orientation de J va prendre un tournant avec les fréquentations de son frère et donc les siennes.

"The only cool people I met in school were the ‘Rockers’ … Althought they liked me, the one concession I did have to make while hanging out with them was over my musical tastes. I was told point blank, "No fuckin’ black music, Bowie" … "Fuck", I thought after hearing about Black Sabbath’s music and dark message, "These are some people I can relate to".

2ème claque après Parliament, J achète ‘Paranoid’ au local-shop et c’est l’extase. Il devient un petit homme d’acier. Les parents McGowan partent en vacances une semaine. Les filles organisent une fête comme il est de tradition aux USA. Et la foire commence. E et J ramènent tous leurs potes chevelus et sales dans la riche villa imposant leur bande son à base de Aerosmith, Deep Purple, Led Zepplin, et Black Sabbath évidemment. Ca dégénère. Les parents raboulent en trombe. Leur chance de réhabilitation s’envole. Direction le centre de St John à Rockaway Beach.




IV. Rock, rock, rock, Rockaway Beach

1976. Back in Queens. Et retour à la dure réalité d’un centre composé d’une majorité d’espagnols et de noirs qui ont l’habitude de se faire corriger par toute la communauté irlandaise des alentours, donc qu’est ce qu’ils voient dans ces 2 nouveaux culs blancs ? Des proies ! Mais bon, John, le mec fly, s’intègre bien, et son frère E traîne avec la brute du centre, Bobby K, donc no problemo. Ils peuvent sortir comme ça leur chante et les premiers vrais contacts avec la rue se font. J découvre les joies du métropolitain et bien sûr le début du graffiti.

"While living in NYC, I got to know a handful of the world’s most well-respected graf artists. Altought I rolled with many legends like Futura 2000, Dondi White (RIP), Dr. Revolt, Hyper (Mackie of the Cro-Mags), Zephyr, Team, even meeting Lee a few times, I was what they would call a ‘toy’. In other words… I sucked. I sucked at everything related to graffiti".



Bobby K fait découvrir l’acide à J qui consomme déjà beaucoup de weed. De nouveaux s’horizons s’ouvrent à lui et J commence à traîner n’importe où, du squat Holland House au ciné The Deuce à Manhattan, et à apprivoiser la rue où tout était permis.

"As a native New Yorker, I can honestly say that it’s something that’s getting harder and harder to find these days. So I say fuck Giuliani, fuck Mickey and fuck Disney’s Lion King ! I say bring back the pimps, ho’s, derelicts and con artists."

Après un rendez-vous raté à un concert de Black Sabbath (où J complètement défoncé vomit sur les premiers rangs ahah) et sa première expérience sexuelle riche en émotions (‘she told me not to cum, but it was too late’), les tensions au centre s’accentuent, J est mêlé à de violentes bastons, ses alliances avec différentes bandes de voyous de Rockaway (the Otts, the Pullises, 116 crew) le poussent vers la sortie et en janvier 1977, il fugue pour de bon.




V. Welcome to the LES – The ABCDS’s of survival

Le jeune gaillard a mal choisi son mois pour errer dehors. Ca caille man. Le Brother Mark qui s’occupait de lui à St John a émis des avis de recherches et J doit donc fuir le coin. Il débarque dans le Lower East Side (dont ses ex-potes lui ont tant parlé) et rencontre 2 dealeurs allumés bordéliquement, Mickey Debris et Buckles (un maniaque du ceinturon). C’est le début de la fin. La plongée au cœur du crime. Surtout quand Canito, une connexion porto ricaine, lui présente le coin et la signification des avenues ABCD.

"He pointed up at the First Avenue street sign and with this wild-eyed stare, he explained that "The Guardians of the Threshold" had a saying about crossing this avenue and leaving the demilitarized zone. If you came to ‘A’ you was adventurous, ‘B’ you was bold, ‘C’ you was crazy and ‘D’, you was a dead, maricon."

Mickey lui enseigne tous les rudiments du biz (‘you have to believe your own bullshit’) et J apprend vite. Ils vendent de la weed et de faux acides devant le Madison Square Garden pendant les concerts de rock et font péter les billets verts. Que d’la drogue, que du stupéfiant. Il faut savoir qu’au fil du livre, chaque dealeur ou maraudeur que rencontre John est toujours plus fou et violent que le précédent. C’est amusant. J traîne de nouveau avec Bobby K (la terreur de St John) et un nouveau sdf, Bobbie Bird, qui lui montre comment les choses se passent au parc du Dome, son nouvel eldorado. L’été 77 est là.



"The sweltering summer of ’77 was upon us, but NYC was in a serious recession and everybody was freaking out about the murders carried out by David "Son of Sam" Berkowitz. … Punk was also exploding at this point, but I think Berkowitz knew better than to fuck with punk rockers. I remember hanging out and smoking dust in Bayside a few days prior to the shootings. I was wearing the hot-ticket item of the day – a shirt with a target on it that read "Come on… take your best shot." !

J retourne à Rockaway et voit ses bros et sa mère de temps en temps mais sa vraie place est dans la street. Parfois, les endroits, les protagonistes et les dates se mélangent dans notre tête, comme des acides, mais le fil du livre reprend vite son cours (ça arrive quelques autres fois). J fait la rencontre de Crazy Dave, un nouveau fou, qui lui fait, en quelque sorte, accéder aux joies du punk rock.

"He told me about this punk club in the city called, Max’s Kansas City, where the girls were easy. Dave didn’t know shit about punk, but according to him any girl who dressed like that was out for one thing – to get fucked. So, off we went."



Puis après avoir vécu sa première déchirure d’amour (avec la punkette Nancy, pas celle de Sid Vicious), retrouvée morte d’une OD dans son 1er foyer, le bungalow infecté de rats de Mickey (qu’il ne reverra que des années plus tard), J ressort bouleversé de cette expérience avec une haine incontrôlable.

"Something snapped in me after Nancy died. I would hurt people who even looked at me wrong … I often fought dudes bigger and I’d hit them with whatever I could get my hands on – a 2x4 from the boardwalk, a pipe, a bottle, a brick or a rock. I’m not bragging about it, or proud of my actions in any way, but the sick thing was it made me feel good to hurt people."

Après le fameux ’Blackout’ (la panne d’électricité géante) du 13 juillet 1977 et son lot de vandalisation, J accroc à Rockaway y retrouve son frère Eugene qui traîne avec 2 nouveaux loubards. Tommy the Beast et son frère Joey. 2 brutes épaisses. Puis J s’encanaille avec Demented Doogie de Brooklyn, ainsi que Junior Nuts et Pops du Queens (2 polonais timbrés) avec qui il pillera les frigos dans les garages pour survivre. L’aventure s’achève par une folle course poursuite en caisse le long des boulevards, qui finit mal bien sur. J est de retour au Dome et Forrest Park, et se met à trafiquer avec Computer et Disco, 2 pédés noirs. Les histoires de drogue finissent mal en général. Après s’être pris une balle dans la jambe pour l’affaire de pédophilie de Disco, il vend un sachet à un flic, aïe ! Direction le centre pour délinquants juvéniles de Spofford… dans le South Bronx !




VI. Play the wall

Septembre 1978. J retrouve les bros noirs qui lui expliquent la règle à suivre pour sortir de l’établissement en vie.

"Playing the wall meant that when some shit went down like, a riot or you got into a fight, you always, no matter what, kept your back against the wall so no one could sneak up behind you."

Il joue de nouveau au basket, a les connexions qu’il faut et les 3 mois se passent sans incident grave, il est déferré dans un nouveau centre au nord de la ville, Lincoln Hall.




VII. Linky-dinky-dog

J rencontre de nouveaux rockers rebelles dans ce centre pour jeunes désaxés et peut réécouter Led Zepp sans gêne, tout en suivant les modes musicales et vestimentaires de la communauté noire.

"1978 and 1979 were also two magical years in New York. It was right around the time the brothers were making a fashion statement that’s stood the true test of time, unlike a lot of the fashion crazes from that era. I’m talking about wearing "Wave Caps", that are now called "Doo Rags" which are used to keep your hair tight with waves. In the old days, brothers improvised and used pantyhose that were tied off at the end to keep their shit tight."

Il est toujours le seul blanc accepté par les noirs et a droit d’accès à la salle TV quand les frères regardent leur programme, avant qu’un fanatique des 5% de la Nation of Islam le traite de démon et que les choses dégénèrent. On apprend comment les jeunes fauves se masturbaient en chœur dans de vieilles chaussettes une fois les lumières éteintes (ahah) et J retrouve encore son frère E (ugene) catapulté lui aussi parmi les bandits. John a 18 ans, c’est le temps du service militaire.




VIII. Anchors away

1980. J débarque dans la base marine de Norfolk en Virginie et comme d’hab, il s’insère vite dans son environnement et dans la scène punk du coin (qui n’avait pas pour habitude de traîner avec les bidasses). Il y rencontre Doug, le patron du club Taj Mahal, Vic Demise, et le fameux Raybeez qui chantera quelques années plus tard dans le groupe NYHC Warzone.

"They had no choice though because I was there to stay. If they didn’t like it I would kick their ass, because unfortunately for them they missed out on that Punk 101 lecture that stated mindless violence is a must."

La base était posi quand même, au vu du nombre de permissions qu’il avait et effronté comme il était, déambulant en futal de cuir avec t-shirt arborant une croix gammée la nuit tombée. Et puis un jour, c’est le troisième choc (après Parliament et Black Sabbath), il voit les Bad Brains en live et ne s’en remet pas. Il noue aussitôt des liens avec le chanteur, H.R., qu’il adule, et les suit à Washington D.C. certains week-ends où il découvre pour la première fois, une scène hardcore balbutiante et les saveurs de la mosh, ramenées de L.A. par Henry Rollins.



"Seeing the Brains in D.C. was another unforgettable experience. Prior to that I was still pogo-ing and doing a robot-like new wave dance, but the D.C. crowd was sick. I never saw anything like it, stage diving, creepy-crawling, and skanking. It was amazing, and unlike moshing as it’s called today, which is nothing more than a bunch of idiot jocks and retards getting their frustrations out by beating the shit out of each other. This was a tribal dance with an art form type quality about it."

J navigue d’Arkansas en Amérique du sud, trouve une meuf, retrouve les joies du trafic de stupéfiants (‘you can take the brotha out of the ghetto, but you can’t take the ghetto out of the brotha’) avant de rentrer à NY. Au fil de ces pages, il peste contre le punk homogénéisé d’aujourd’hui et nous avoue que le concert de Minor Threat à NYC reste un des meilleurs de sa vie.




IX. Live from New York

1981. John a flairé qu’il se passait quelque chose et déserte les Marines pour rencarder les Bad Brains qui vivent désormais à NY, au célèbre studio 171A dans le L.E.S. (qui voit aussi passer Reagan Youth ou les Beastie Boys, entre autres). Il s’y installe et y raisonne (parler spirituellement dans la tradition rastafari) des heures et des heures avec H.R. et Jay Dubs (le boss du studio) puis y découvre le mode de vie végétarien et la cuisine qui va avec tout en matant les Mauvais Cerveaux répéter, que demande le peuple ? Ce n’est pas le paradis non plus. Les gangs des rues avoisinantes appelés The Hitmen ou les Allen Street Boys surveillent du coin de l’œil les délires de ces jeunes allumés bruyant qui s’abreuvent de tofu et de philosophie orientale.

J explique que NY était LA place où jouer pour les groupes de l’époque. On apprend d’ailleurs que l’acteur John Belushi était une terreur du pit ! C’est grâce à lui que la chaîne NBC tourna le clip du fameux concert de FEAR qui fut un massacre total ! L’anecdote est racontée de A à Z, du conditionnement des punks dans une pièce vide jusqu’à la bataille finale de citrouilles dans les studios (c’était un concert pour Halloween !)…



"NBC security people were trying to get us out of the studio and a few of them made the crucial mistake of coming out into the dance floor. Not a good idea and towards the end of that song the fighting got worse. That’s when Ian MacKaye grabbed the mic and yelled live on national TV, "Fuck New York! New York sucks !".

La rencontre avec Harley Flanagan le petit teigneux se fait. Puis J crée son propre groupe avec les roadies de Bad Brains (guitare, batterie) et à la basse, incroyable mais vrai, le bluesman évoluant aujourd’hui sous le nom de Popa Chubby. Le groupe s’appelle Bloodclot, un nom qui en patois jamaïcain est associé au cycle menstruel de la femme, Ragnoutes quoi.


X. Supertouch shit fit

Johnny plonge de plus en plus dans la philosophie Krishna de Srila Prabhupada, commence à aller au Temple et puis part dans une tournée mouvementée avec les Bad Brains. Notamment lors du concert à Raleigh en Caroline du Nord où, comme dans beaucoup d’autres endroits, le proprio du club ne savait pas que le groupe était uniquement constitué de noirs. Résultat garanti et rednecks anéantis. Les kids ont eu leur mot. Et inévitablement, les Bad Brains vont changer, en parti dû à leur nouveau roadie, Judas (c’est son vrai nom), qui convertira progressivement H.R., et donc le reste du groupe, aux propos racistes de Louis Farrakhan. Les rêves de tournée sur la côte ouest avec ses potes s’envolent, J est remercié et mettra du temps à s’en remettre.




XI. Let the scams begin

On arrive à la partie la plus pénible du livre. John rentre au Temple à temps plein et s’exile à Puerto Rico pour un temps. Ca se passe très mal. Il revient à NY et découvre que comme partout, cette philosophie sensée élever l’être au-delà du monde matériel est aussi soumise au pouvoir de la monnaie comme n’importe quels autres doctrine, mouvement ou religion. De plus, un scandale de pédophilie éclate autour d’un des leaders du mouvement.

Après avoir mis ses techniques d’arnaque en effet pour vendre aux touristes les petits guides du dévot, il laissera tomber le Temple et encore une fois, après St John et les Marines, il s’échappera par la porte de derrière. Retour à la galère (il vit dans un squat miteux), mais aussi et surtout à la musique. Lui, Harley à la batterie, Doug Holland de Kraut à la guitare et un mec d’Antidote à la basse créent M.O.I. (Mode Of Ignorance).




XII. Survivor of the streets

1982. MOI n'est plus. Le premier line-up vaseux de Cro-Mags, avec Eric Casanova de Urban Waste au chant, fait 2 concerts assez catastrophiques. Mais déjà, leur réputation est sulfureuse.

"The Cro-Mags at that point had a Nazi skinhead reputation because Harley and Eric dressed like skins. Harley got a swastika tattoo and they engaged in gay bashing with the other knucklehead skinheads they hung out with. … Harley and Eric made the front cover of this big gay magazine that had a picture of them about to fuck someone up. The caption read, "GENTLEMEN… BEWARE OF THESE TWO SKINHEADS."

Puis les homos commencent à s’habiller comme les skins pour arrêter de se faire taper et se mettent aussi à la muscu. Harley arrête ses gamineries et se laisse pousser la cheveu. 1984. Parris veut que ce soit Roger Miret d'Agnostic Front) qui chante mais John met tout le monde d’accord dans le local à répète. D’autant qu’il était le chanteur à la base, ayant composé quelques trucs quand il traînait avec Harley. La vraie formation est née. John au chant, Harley à la basse, Kevin Mayhew (aka Parris) à la gratte et Mackie à la batterie. Ils pressent une K7 (la session ‘Before the quarrel’) grâce au label de country (ahah) du père de Parris et commencent à beaucoup tourner, pendant que tout un contingent de fêlés se greffe autour d’eux.



"We played harder and faster than anyone else (minus the Bad Brains, of course) and our shows were some of the most violent around. It was controlled violence though; it was dance. There was a rhythm to it and perhaps to the outsider, the mosh pit may have looked like a bunch of people beating the shit out of each other, but in reality it was anything but. The Cro-Mags always spoke of unity at the shows and if some jock or redneck type did start some shit, I guarantee you after the Cro-Mags cronies got done with his ass, his mosh pit days were over."

J retrouve son pote Crazy ‘Cubano’ Dave qui lui loue une piaule pendant qu’il bike message dans NYC. On assiste encore à une folle galerie de personnages déambulant dans Alphabet City, à l’Est du Village.

"Now we’re off to Alphabet City where the girls are loose, the cops are crooked, the dope is strong and the crack heads shit anywhere because the curb your dog signs don’t apply to them."



Poppo l’africain alcoolique déguisé en chinois, Daisy le disquaire travesti de Ratcage records, Mr. Belt Guy le revendeur de ceintures des morts, Kevin Carpet qui devait son nom à sa manie de se masturber en pleine rue sur sa couche, Black Dave le patron dingue du club A-7 (le nouveau QG de Cro-Mags), Bags le nympho man qui se retrouve avec une graine de chili coincé dans le gland (ahaha), Bubba Phet le gros hustler noir et tous les dégénérés de Tompkins Square avec le plus taré de tous, David "Wacko" Rakowitz.

"The first sign that something was up was the fact that Cubano noticed he hadn’t see the girl around for some time and she was late on rent. … When Cubano asked Rakowitz where his roomate was, he said "I killed her, chopped her up, made soup of her and fed her to the homeless in Tompkins Square Park"."



Voilà une bonne solution pour nourrir les plus démunis. Dans ces pages, John propose un ‘Cro-Mags Caravan Tour’ pour les touristes désirant découvrir le VRAI NYC, pas celui qui brille. On rigole bien. On rigole toujours quand J évoque les débuts de Harley en tant que tatoueur !

"He practiced on skinheads and potatoes because according to him their I.Q. was about the same. His résumé included the Crazy Cubano Dave massacre and a big American flag on this guy Brian’s neck. After the painful nine-hour tattoo session that would have taken any real artist an hour, Brian looked at the finished product and said, "Yo Harley, it’s backwards, man !" Harley’s reaction was simple, "Oh shit, sorry dude. My bad. Just look at it on the mirror and you’re good to go."




XIII. The age of quarrel

1985. Le groupe s’est définitivement fait un nom et les requins du biz ne tardent pas à les approcher. Chris Williamson Virus aka CMW, le patron de Rock Hotel (sous label de Profile frauduleusement créé), devient leur manager. Puis, ils enregistrent la bible "The age of quarrel" qui sort en 1986. Le nom faisant référence à leur philosophie (oui Harley aussi s’est mis à lire les livres du petit Krishna) et à l’age dans lequel ils évoluent appelé Kali-Yuga ou le ‘dark iron age of quarrel and hypocrisy’. Doug Holland se joint au groupe et cette formation, considérée comme la meilleure des Mags, tiendra une petite année.

"I didn’t choose punk and hardcore, it chose me and, for whatever reason, it ain’t about fashion, or even the music for that matter, it’s a state of consciousness. Once you realize that, there’s no way you can ever sell out."



Cro-Mags ouvrent de plus en plus pour des groupes metal. Ils conquièrent le public de Venom, J descendant dans le pit provoquant les satanistes ahah, et ça marche. De succès en succès, ils partent en tournée avec Motorhead et Megadeth. J cuisine pour toute la smala, Lemmy kiffe à fond et tout le monde est heureux. Puis bon, forcément, les bonnes choses ont une fin. Dans un coin paumé du Texas, John et Doug essaient de troquer du bicarbonate de soude contre un sac de weed, la cavalerie à gyrophares arrive en trombe. Game over. Le manager magouille leur libération mais verrouille le cachet du groupe. Les Mags peuvent donc rentrer à NY pour tourner le fameux clip du film The Beat dont je vous ai parlé précédemment dans ce putain de blog.



"I was wondering if any Cro-Mags fans would even show up at 10 a.m. on a weekday to represent. As I turned the corner onto 3rd Avenue and walked toward 11th street I saw the entire block was mobbed with Cro-Mags fans. I jumped up on the steps of The Ritz, looked over the Cro-Mags army and they all fell quiet as they waited for their orders. I didn’t disappoint them. I yelled out, "I told these Hollywood fuckers that we were gonna show them what a real Cro-Mags show was all about. I wanna see you motherfuckers diving out of the balcony, off the sound system and each other. Let’s give them something they’ll never fucking forget !"

Kevin Dillon fait dans son froc et le concert laissera des séquelles dans la Cro-Mags army, 2-3 ayant fini le tournage à l’hôpital ! CMW devient de plus en plus pénible, et veut voir John quitter le groupe pour manipuler les autres, la tournée se termine. Parris et son attitude de rock star commence à chatouiller les autres. Ca sent la civière. Et c’est le drame. Le dernier concert à NY assurant un gros cachet au groupe, dont J a besoin, lui passe sous le nez, Harley et Doug se barrant tous les 2 avec l’oseil.




XIV. Base… How low you can go ?

Entre 1987 et 1989 c’est la débandade complète. ‘Best wishes’, le second album de Cro-Mags, désormais sous la houlette de Harley, sort. J n’est même pas crédité sur aucun des lyrics et lorsque qu’il choppe Harley ou Parris pour laisser la justice de rue faire son travail, ceux-ci le menacent d’aller le dénoncer aux keufs car il est toujours AWOL (Away Without Official Leave) de l’armée, recherché depuis des années maintenant. J trahi par les siens sombre dans la dépression et devient accroc à cette nouvelle merde qu’on appelle crack (adepte du free basing). Un beau jour de printemps, il rencontre K, une meuf de L.A. qui sortait avec un de ses srabs dans le temps. C’est le gros love. Elle est pétée de thunes et avant de repartir à L.A. elle lui laisse sa caisse. Erreur.

"Crazy and me smoked a big spliff as I sped over the Willie ‘B’ Bridge at 90 mph with no license, warrants in tow and evil intentions to inflict bodily harm on some poor fucker who got in my way. What was going through my mind at that precise moment? God how I love New York! It was a city of outlaws doing outlaw-type shit and getting away with it because the cops basically just didn’t give a fuck."



Puis K lui pose un ultimatum et pour le faire sortir du trou, l’invite à L.A. Ils s’installent ensemble et c’est encore pire, les 2 sont maintenant addictés. On a l’impression de lire le scénario d’un road-movie hollywoodien plein de poudre et de courses-poursuites. Les parents de K mettent plein de détectives sur leurs traces, ils prennent finalement l’avion de retour à NY sous haute précaution et à l’aéroport JFK, une armée d’impairs attend la jeune fille. John Bond quant à lui réussit à filer. Quel homme. S’il cherche à revoir K il plonge direct. C’est encore une période noire qui s’annonce.

"Nothing I’d been though prior to crack ever made me think of wanting to die. In the past I always felt that whatever doesn’t kill me makes me stronger, but I never experienced a demon like this before. Crack took my friends, my spirituality, my home, my possessions, my love… everything."




XV. Free your mind and the rest will follow

1989. Le Temple Krishna de Brooklyn sauve une fois de plus John qui se ressaisit et fait du vélo, c’est bien le vélo. Pendant ce temps, rien ne va plus dans les Cro-Mags et Harley prend le melon. Ca disse sévère.

"These guys thought to be the next Metallica or some shit. The only problem was, Metallica’s record went multi-platinum and the Cro-Mags second album went multi-cardboard. No one wanted to hear Harley do his patented 823 "Oh Yeahs!" on every song."

John traîne avec d’anciens potes dans le LES, dont Raybeez et Kontra, le grand russe qui s’est recyclé à Wall Street et le prend à l’essai dans sa boite mafieuse. C’est l’échec total tandis que les techniques de ‘hustling’ de son frère Eugene font merveille dans ce genre de business.

"I was a fish out of water in that office and when my feet hit the NYC concrete a surge of energy came over me. This was my stomping ground. I ruled out there."

Entre les histoires de putes et de coke de Kontra, J est désormais bike messenger pour une compagnie pas ordinaire dirigée par The Pope… il livre de la weed ! Les jeunes intoxiqués appellent le 1-8000-WANT-POT et les biscuits circulent. Il donne sa vie au sport et s’inscrit dans une salle de gym de vieux darons porto ricains et dominicains, The Gladiators. C’est déjà la fin des années 80.



XVI. The final evolution

1991. J n’a pas laissé tomber la musique pour autant et ouvre pour les Red Hot Chili Peppers avec son nouveau groupe, Both Worlds (où opère aussi un ex de Leeway). Une reformation totalement foireuse de Cro-Mags a lieu ensuite, suivie d’une tournée (en Europe notamment). Harley devient fou, obsédé par Charles Manson, déambule en robe et fume la pipe. Il emmène sa meuf sur le catastrophique tour et consume toute la monnaie du groupe.

Au retour, le deal avec le label Century Media se concrétise et le groupe sort son 3ème album en 1992, ‘Alpha Omega’. Harley fait encore le con en s’octroyant toute la composition du truc et surtout l’argent du label, c’en est trop, J quitte à nouveau le groupe. Il veut monter un nouveau projet mais le contrat avec Century Media n’est pas terminé et il participe au 3ème et dernier album du groupe qui sort en 1993, ‘Near Death Experience’ (que John considère comme une 'metal crap'!).



La guerre commence réellement entre Harley et John, qui utilise le nom Cro-Mags illégalement pour faire des concerts sous sa barbe. Flanagan (de retour de Cali) et Mayhew lui feront un coup de pute monstre en le balançant au commissariat de quartier. John est de retour à Norfolk où il devra aller s’expliquer sur ses 15 ans de désertion devant la cour martiale des Marines ! Il s’en sort miraculeusement bien passant quelques mois avec ses anciens homies et de nouveaux bidasses fans des Cro-Mags. De retour à NY, il fout une raclée à Harley tandis que Parris sous haute protection est intouchable et en profite. Puis John s’apaise, commence à écrire son livre et pardonne…

"That’s the gift of the Cro-Mags had to offer the world… an alternative, an answer, and the only reason we had because of Srila Prabupada and the message of the Vedas. If we didn’t we were just like every other knucklehead band singing about chicks, drugs, or how tough we are. Yeah, sure, we weren’t the purest messengers, but then again, who could have imagined in their wildest dreams that some street hooligan musicians would get access to the Vedic blueprint of how to escape this material world and in our own warped way, inject that into our music."

On arrive aux années 2000, John garde la pêche pendant que dans le 92i, Lunatic sort son album. Il renoue des liens forts avec ses 2 frères et sa mère et prépare son ex-nouveau groupe, Bloodclot. Harley lui, ressort un album avec Parris sous le nom de Cro-Mags intitulé étonnamment 'Revenge', avec beaucoup moins de metal. Puis, 2 avions habilement pilotés viennent bouleverser la face du monde. John et Franck assistent au spectacle en direct sur un toit du LES.



"We saw people jumping to their deaths and when the first tower fell thousands lost their lives. I also heard the collective scream for blocks. When I looked through the dust cloud I thought maybe just the top fell off, but when the smoke cleared all I kept saying was, "Holy, shit. It’s fuckin’ gone"."

Les 400 pages de ce témoignage absolu, d'une époque résolument enterrée, se terminent, calmement, nous laissant pantois, des images plein la tête et ces quelques notes philosophiques…

"The biggest mistake we can make in this world is to invest our love and not have it reciprocated. … We have to fight the right fight against ignorance. I think the Cro-Mags lyrics to the song "Life of my own" said it best : "You come into this world with nothing except yourself… you leave this world with nothing except yourself", and whatever advancement you’ve made spiritually."

PAIX & FIN.


(Lache tes comz)

Vivre, Pas Survivre, Patrice Herr Sang, 2007.

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Si tu n’es pas un manchot du punk ou un comédien du DIY, le nom de Patrice Herr Sang doit sûrement évoquer quelque chose pour toi. Auteur du fanzine NEW WAVE de 1980 à aujourd’hui (avec une interruption entre 1995 et 2002), puis créateur du label du même nom en 1983 qui sortit les mythiques compilations punk/hardcore "1984", régulateur de la distro AL DI LA puis fondateur des Editions du YUNNAN (ayant notamment publié les délicieuses dia(h)rys du DR. KELVIN, un ouvrage de haine indispensable) ainsi que moult autres activités champêtres.

VIVRE PAS SURVIVRE, c’est le nom d’une chanson de ce vieux groupe punk anarchisant lyonnais, royalement prénommé HAINE BRIGADE. Mais c’est surtout le 4ème ouvrage édité chez le YUNNAN. Attendu depuis longtemps, j’ai été déçu par le faible contenu. En fait, si vous n’avez pas lu les n°s de NEW WAVE parus depuis 2002 c’est mieux. Je me précipitais à chaque dernière page pour suivre "les années punk" qui décortiquaient nationalement et internationalement l’effervescence du mouvement entre 1974 et 1980. Ces écrits (mois par mois) prennent presque la moitié du livre. Bon, on y apprend quand même d’autres choses. La vision des 2 gros canards à chaussures pointues de l’époque, BEST et ROCK’N’FOLK, est décryptée, qui ont d’abord méprisé la chose pour ensuite tenter de la récupérer. Préface du Doc Kelvin, retour sur les origines moins lambda que d’habitude, Detroit-NY, mais aussi le krautrock allemand, tous réunis en opposition à la pop dégueulasse. Si vous n’avez aucun New Wave, consommez, si vous avez tous les n°s, vous vous abstiendrez.


  HAINE BRIGADE - Vivre, pas survivre (1985)

www.celiableue.com

GASFACE : Enter the Kung-Foutre

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