Fluoglacial - Tendances Négatives

L'âge de l'envie et de la haine



« À l'époque où ce que nous appellerons l'âge historique se dégageait du crépuscule de la tradition, les Ana étaient déjà établis en différents États et avaient atteint un degré de civilisation analogue à celui dont jouissent en ce moment sur la terre les peuples les plus avancés. Ils connaissaient presque toutes nos inventions modernes, y compris l'emploi de la vapeur et du gaz. Les différents peuples étaient séparés par des rivalités violentes. Ils avaient des riches et des pauvres; ils avaient des orateurs et des conquérants; ils se faisaient la guerre pour une province ou pour une idée. Quoique les divers États reconnussent diverses formes de gouvernement, les institutions libres commençaient à avoir la prépondérance; les assemblées populaires avaient plus de puissance; la république exista bientôt partout; la démocratie, que les politiques européens les plus éclairés regardent devant eux comme le terme extrême du progrès politique et qui domine encore parmi les autres tribus du monde souterrain, considérées comme barbares, n'a laissé aux Ana supérieurs, comme ceux chez lesquels je me trouvais, que le souvenir d'un des tâtonnements les plus grossiers et les plus ignorants de l'enfance de la politique. C'était l'âge de l'envie et de la haine, des perpétuelles révolutions sociales plus ou moins violentes, des luttes entre les classes, et des guerres d'État à État. Cette phase dura cependant quelques siècles, et fut terminée, au moins chez les populations les plus nobles et les plus intelligentes, par la découverte graduelle des pouvoirs latents enfermés dans ce fluide qui pénètre partout et qu'ils désignaient sous le nom de vril. »

When what we should term the historical age emerged from the twilight of tradition, the Ana were already established in different communities, and had attained to a degree of civilisation very analogous to that which the more advanced nations above the earth now enjoy. They were familiar with most of our mechanical inventions, including the application of steam as well as gas. The communities were in fierce competition with each other. They had their rich and their poor; they had orators and conquerors; they made war either for a domain or an idea. Though the various states acknowledged various forms of government, free institutions were beginning to preponderate; popular assemblies increased in power; republics soon became general; the democracy to which the most enlightened European politicians look forward as the extreme goal of political advancement, and which still prevailed among other subterranean races, whom they despised as barbarians, the loftier family of Ana, to which belonged the tribe I was visiting, looked back to as one of the crude and ignorant experiments which belong to the infancy of political science. It was the age of envy and hate, of fierce passions, of constant social changes more or less violent, of strife between classes, of war between state and state. This phase of society lasted, however, for some ages, and was finally brought to a close, at least among the nobler and more intellectual populations, by the gradual discovery of the latent powers stored in the all-permeating fluid which they denominate Vril.

The coming race, Edward Bulwer-Lytton, 1871.
(Picture: Daido Moriyama, 1988)

No Futur



Y'a t-il un point commun entre Booba et Bad Brains ? Au premier abord aucun, et pourtant, leurs nouveaux albums respectifs (et derniers on l'espère) viennent de sortir à une semaine d'intervalle et parlent tous deux du Futur.

La cover: Voilà 3 albums que Booba nous propose la même photo, ou presque. Le plan s'est élargi depuis 'Panthéon', et après un passage de face pour '0.9' c'est son meilleur profil qu'il remet en avant, le biceps gauche (comme sur 'Ouest Side' oui). Que dire sur la direction artistique de cette pochette. Le F tourné à l'envers de façon subversive peut s'interpréter comme une manière de regarder en arrière pour mieux aller de l'avant. En fait, on pourrait s'amuser au jeu des 7 erreurs avec Panthéon. Des tatouages en plus, la marque de la montre ? Le bonnet pour l'hiver. Côté Bad Brains, c'est Shepard Fairey qui s'est occupé de la couv, tant qu'à faire. Ils nous propose une variante fun du lion qui orne leurs disques depuis 1995 et 'God of love', peut-être leur album le plus médiocre. Le lion fait le con avec la Terre et se prend l'éclair de H.R. (aka Huntin' Rod, le chibre en chasse) car il ne faut pas déconner avec le Karma, c'est OGK qui le dit. Ou alors le lion règnera sur la Terre dans le futur et dans ces cas là, c'est Bad Brains qui remporte le premier match de l'egotrip.

Les titres: Wesh Morray est apparemment un équivalent de Oui Bobby, et Tombé pour elle n'est pas une reprise de Pascal Obispo, mais ça aurait pu, si Pascal avait grandi dans la rue. Booba est complètement atomisé par l'inspiration de nos rastas new-yorkais qui ont réussi à caser les noms de chansons Rubadub, Yes I et Jah Love sur le même disque, avec un Suck sess en bonus. Il se replie lui aussi sur des valeurs sûres à initiales, O.G., 1.8.7. ou autres Kalash, Rolex voire même 2Pac.



Les lyrics: How many beautiful girls do you know ? chante H.R. sur Popcorn, le morceau le plus énervant du disque. Cette problématique les rapproche un peu de Booba. Je pense qu'ils nourrissent le même amour pour les meufs matérialistes et la même inquiétude concernant le mariage gay. Pour le reste, "Futur" alimente 1500 pages sur le forum Booska-P où vous pourrez d'ailleurs donner votre avis sur la ligne la plus fulgurante de Maki Sall Music: "Tir de roquette-quette-quette, grosse quéquette-quette-quette" ! Pour le reste, outre les inspirations venues de magazines de montre ou de voiture pour homme mûr, l'essence textuelle se partage entre le swag de Laurent Voulzy, celui de Sacha Distel, la chatte à ta grand-mère, celle de ta mère, ta sœur, ta fille et ta cousine.

Les chants: Rien ne va plus !

La musique: Les Bad Brains n'ont rien composé de potable depuis Quickness, c'est à dire depuis 23 ans. Et le compteur est définitivement bloqué je crois. La fusion-reggae-punk à son pire. Booba est au-delà de la musique, même s'il s'essaie au reggae en clin d'oeil aux New-Yorkais sur "Jimmyyyyy". Au-dessus de la musique comme des clashs, seul le cash compte, comme David Guetta aux USA. Mais qu'allez vous donc faire de tous ces deniers ?



La philosophie: Pour Booba, cela se résumerait à quelques mots: "Faire du caramel - Putes à baiser - C'est la vie - Fuck la télé - Rien à foutre". Plus près de leurs semblables, Bad Brains résument leur vision du monde en deux couplets sur Jah Love: "It's not the clothes that you wear, It's not the style of your hair, It's not the way that you walk, It's not the way that you talk. It's Jah, Jah-Jah love" et sur Fun: Lets have fun, lets have fun, We all need fun. And this music is fun, school is fun, Love is fun". Bah oui. Ecoute BB B2O. Même en Meurthe-et-Moselle on peut s'amuser.

Voilà un article qui sert bien à rien hein ? Comme bien d'autres. Personne n'a plus d'avis sur Bad Brains depuis qu'ils sont devenus des icônes babz, normal, mais tout le monde se sent maintenant obligé d'émettre un avis sur Booba, l'icône des branchés (homosexuels ou non). Celui qui cabotine avec Daphné Bürki sur le plateau du Grand Journal ou apparaît dans des fanzines artistiques à 10€ ! Puis allez, pourquoi pas un petit Coran illustré à partir des punchlines de Rohff ?

LOOKIN4GALT (2012)



Le gang des lyonnais est devenu instoppable. Depuis l'arrêt de leur magazine Gasface en 2008 (je ne comprends d'ailleurs plus l'agencement de votre site les gars), Nico et Groswift sont partis conquérir l'Amérique façon Charles Aznavour. Ça a commencé par les programmes courts en 6 épisodes baptisés "New York Minute" dans lesquels ils exploraient plusieurs facettes de la Grosse Ville, toujours agrémentées de rencontres improbables. Arte les a poussé au derrière. Dernièrement, ces "deux enculés de blancs" sont revenus avec "Think B.I.G.", plus axé sur certains personnages qui ont évolué au sein du hip hop pour en faire autre chose que des raps où ils parleraient de "grosse quéquette".



Gasface sait partenarier, et en lien étroit avec Dailymotion ils nous proposent maintenant Lookin4Galt, un documentaire DIY à 4 bras tourné comme un road-movie. Pendant 52 minutes, 2 français dans NY tentent de retrouver Galt MacDermot, ce compositeur canadien auteur de la bande originale de Hair (1967) mais aussi et surtout de centaines de pistes de classique, jazz, funk précurseur, que tous les producteurs érudits des années 90 (Buckwild, K-Def, Pete Rock, etc) ont samplé pour en faire des tubes rap. On retrouve la french touch de Gasface dans les sous-titres ou dans quelques passages cruciaux comme la scène de "Baisodrome" sortie de nulle part. Malgré ça, ils sont tellement amoureux de NYC qu'ils passent beaucoup de temps à filmer la baie, et l'eau, nourrissant d'intenses réflexions sur leur quête.



Le but étant de filmer tout le processus qui amène à l'entretien final, l'équipe réduite à 2 nous fait rencontrer des gens aussi divers que des rappeurs, passants, écrivains, gens de studios et même la mère Martine Barrat, qui doivent faire face au même dilemme: "Where is Galt?" Au milieu de l'aventure, on leur apprend qu'en fait, Galt est dans les pages blanches et qu'il habite une maison cossue de Staten Island. Lorsque que le vieux génie de 84 ans leur ouvre enfin sa porte en chêne massif, ça coupe. Ouais! Ils nous laissent sur notre faim mais évitent intelligemment à leur doc les écueils insupportables des documentaires musicaux aussi chiants que pédants car ils savent rester proche du trottoir, et ne s'attardent jamais longtemps sur chaque participant. Gasface réconcilie une fois de plus culture et divertissement.



Diffusion au Mama Shelter (Paris) le 9 décembre à 18h30.
Mise en ligne sur Dailymotion (Monde) le 21 décembre à 14h44.

Fight the Power !



La Souris Déglinguée chez Jacques Martin un Dimanche de 1984.



La Souris Déglinguée chez Michel Denisot en 1987, Mon Zénith à Moi.




United Fucks



BENT LIFE - The hard way (6131)

Le principal intérêt de ce disque est de savoir que Spoiler dessine toujours des pochettes de groupes et même si c'est tout le temps la même depuis 2007, ça fait toujours bien sur le CV. Et surtout ça situe d'entrée le style du groupe. Il y aura du groove, des mosh parts et un mec qui ne golri pas au chant. Au moins un des trois. Ce groupe de Lincoln Nebraska a choisi la voie dure et s'amusent à reprendre Antidote. Quelque chose doit être fait. Ce disque est sorti il y a presque un an.

The main interest of this record is to remind us the existence of Spoiler drawings, even if he does the same cover since 2007, it's always a good thing to have him on his record. And above all, we know from the start how the band wil sound. There will be groove, mosh parts and a not-so-funny guy singing. At less, one of the three. This band from Lincoln, Nebraska chose the hard way and like to cover Antidote. Something must be done. This short-lenght is out for almost a year.

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KALI-YUGA



« Une certaine quantité de souffrance est réservée à l'humanité (et par le mot "humanité" chacun entend la masse des hommes dont il a connaissance) du simple fait qu'elle se trouve à un certain moment historique, c'est-à-dire dans un cycle cosmique descendant ou proche de sa conclusion. Individuellement, chacun est libre de se soustraire à ce moment historique et de se consoler des conséquences néfastes de celui-ci, soit par la philosophie, soit par la mystique (il nous suffira d'évoquer en passant le pullulement des gnoses, de sectes, de mystères et de philosophies qui ont envahi le monde méditerranéo-oriental au cours des siècles de tension historique, pour donner une idée de la proportion de plus en plus écrasante de ceux qui essayaient de se soustraire à l"'histoire"). Le moment historique dans sa totalité ne pouvait cependant pas éviter le destin qui découlait fatalement de sa position même sur la trajectoire descendante du cycle auquel il appartenait. De même que chaque homme du Kali-yuga, dans la perspective indienne, est incité à rechercher sa liberté et sa béatitude spirituelle, sans pouvoir cependant éviter la dissolution finale de ce monde crépusculaire dans sa totalité, de même, dans la perspective des divers systèmes que nous avons passés en revue, le moment historique, en dépit des possibilités d'évasion qu'il présente pour les contemporains, ne peut être, dans sa totalité, que tragique, pathétique, injuste, chaotique, etc., ainsi que doit être n'importe quel moment précurseur de la catastrophe finale. »

Le mythe de l'éternel retour, Mircea Eliade, 1949.
(Illustration: Frank Bruno, 1964)

Hollande Youth



LES PLUS

-J'ai loupé Beatmark
-La salle est bien, le son est bon
-Jacques Chirac fête ses 80 ans
-La blague des Crusaders sur Mathieu Berenholc
-Les chemises de Live Fast Die Young
-Friend or foe ? Fun or cool ?
-L'unité dans le pogo malgré les cagoules
-L'anti-salafiste hardline qui a pris le micro d'assaut
-Les skins de 50 ans en t-shirt de la POLICE
-Pas de videurs sur scène
-Les étudiantes qui se dandinent sur Angry Samoans
-Le boycott de la scène DIY
-Freak City Designs multiplie les briques
-Side By Side "The time is now"


LES MOINS

-Trop de patchs des Ramones
-Le chanteur de Santa Cruz a changé de couleur
-Trop de Suicidal Tendencies
-Les morceaux de plus de 2 minutes
-Les bonnets à l'intérieur
-L'absence de skate sur scène
-La présence de bière sur la piste
-Crusaders of Love fait des reprises de Crusaders of Love
-La blague des Crusaders sur Mathieu Berenholc
-Maxime Risoli en spectacle !
-"Rip MCA"
-Aucune reprise de Cro-Mags
-Un rappel chaud de Black Flag
-Il manquait 500 attendant

Am sick !


LES PARADIS ARTIFICIELS (2012)


Le poster haut en sulfure que vous ne verrez malheureusement nulle part

L'Enfer Réel

Putain. Je pensais naïvement que Savages d'Oliver Stone était la pire daube internationale (je mets nos daubes françaises en suspend) sortie au cinéma en 2012. Si vous n'avez pas eu la chance d'assister à ce vivifiant plaidoyer pour le 'carpe diem' joué par un trio composé d'une blonde sotte, d'un ancien G.I. en tongs et bermuda de bain à fleurs et d'un fumeur de joints qui ne s'est jamais rasé de sa vie, voici le pitch: un ménage à trois aux frais d'un commerce de marijuana tranquillement installé en Californie est soudain menacé par des bandits à moustache; un scénario qui puait déjà bien la défaite. Mais là, c'est l'avalanche de paix sur nos têtes.

Deux meilleures-copines-pour-la-vie, une chaude, une moins, croisent Gérard Lanvin dans un bus en route pour la rave party de Recife, do Brasil. Depuis que Bernard Giraudeau l'a quitté, Gérard en a gros sur la patate et philosophe sur la vie tout en portant des santiags zébrées. Il leur file du peyotl puis les deux babz chics nous rejouent Zabriskie Point sous fond de Ash Ra Tempel en enlevant uniquement le haut, tout en flirtant avec des buffles et un iguane. En fait, cette première scène hallucinatoire était plutôt amusante parce qu'on aurait parié n'importe quoi que Marcos Prado se foutait de nous avec un bon vieux second degré brésilien (voire 'herzogien' façon Nicolas Cage en mauvais lieutenant). Mais n'est pas Joaquim Pedro de Andrade qui veut, et on apprend bien vite qu'il se fout de nous au premier degré.

En route pour la corvée du délire ! A base d'effets psychédéliques en polystyrène, le brésilien nous invite à Entrer dans le Vide par l'intermédiaire d'une carte postale digne d'un numéro de À Nous Paris. La dictature du soleil et de la fête couplées à la réussite citadine occidentale. Aussi plat que la Hollande. Le sulfureux réside en fait dans du sexe lesbien suggéré et du coït idéalisé. Très vite pourtant, un enfant fait irruption dans ce royaume jeune pour montrer que tout n'est pas si facile et que l'usage de préservatifs est plutôt une idée à méditer avant de se retrouver avec un enfant moche à 10 000 km de chez soi.

Ici personne ne mange jamais, et donc ne fait pas non plus ses besoins, ce qui aurait pourtant été bénéfique au film, c'est la fête perpétuelle et la drogue nourrit son homme. Pourtant, quand Marcos filme ces ballades langoureuses dans les canaux d'Amsterdam ou sur les vélos de loisir (le héros de Sao Paulo plongé au cœur d'un trafic de cachetons rencontre la femme de sa vie là-bas), on se dit qu'il manquait juste un petit brunch au tableau afin que tout soit complet. On apprend d'ailleurs par un savant procédé de flashbacks (2 ans avant, 4 ans après, présent) qu'en fait le héros et l'héroïne s'étaient déjà rencontrés avant, à cette fameuse rave, là où a muri le fruit de leur union de synthèse.


Concours de bolas enflammées do Brasil

L'affiche fait très collectif animal qui se produirait à Calvi On The Rocks. L'esprit est quand même plus babeloche que ça, à base de plumes, bijoux ethniques et mêmes bracelets de bras et de cheville. Surtout que notre héros est en plus doté du statut d'artiste, et passe son temps à faire des dessins pourris dans un carnet, qu'il montrera plus tard à un peintre flamand (pléonasme) lors d'une scène (dino) risible. Ce héros, qui a fait 2 ans de prison, soit dit moins que Derek Vinyard dans American History X, veut écarter son petit fréro de la came lorqu'il en sort, normal. Seulement, celui-ci est déjà dedans et planque des cachets dans sa chambre, normal. L'incompréhension naît et nous renseigne sur les rapports familiaux soumis aux tensions dans ce Brésil moderne en perte de repères... non je déconne. Rien renseigne rien. Quel est le message de ton film Marcos ? Amènes-tu une part de progrès ? Ça t'amuse de nous fais haïr les hippies encore plus qu'on pouvait le faire avant ?

Allez, c'est facile de critiquer... Mais ce n'est pas fini. Toute la bande-son a été composée par des DJ déguisés en souris, ou ce genre d'allemands chiants qui portent des maillots de foot et passent leur temps à lever les bras (Non, pas Magnetrixx). De toute façon, on n'entend quasiment que les montééééées et les breaks, quand l'héroïne, aussi DJ que moi, fait semblant de savoir se servir d'une table de mixage, et effleure un bord de platine du bout des doigts. Bien pro tout ça, comme ces ravers faux à mort qui bougent comme on leur a dit de faire en répétition (sûrement ponctués de "alleeez" criés au mégaphone).

L'alcool dans les années 40, la clope dans les années 50, la marie-jeanne dans les années 60, le LSD dans les années 70, la dope dans les années 80, l'ecstasy ans les années 90, les drogues de synthèse dans les années 2000, la drogue technologie en 2012. Les mises à jour font décidément plonger la masse de plus en plus vers le vide. A l'image de la nouvelle publicité "1 million" beauf de Paco Rabanne et du clip pour le parfum "Lolita Lempicka" réalisé par Woodkid (da génie) que l'on peut admirer dans les publicités (plus nombreuses que les bandes-annonces) d'avant film. Marcos Prado le post soixanteneufard, jadis producteur de trucs comme Troupe d'Elite ou Bus 174, nous propulse maintenant dans son Paradis, et c'est dur.

Bref, la drogue en film est définitivement un truc de bouffon. Allez le voir! Ah oui, vu que tout le monde a tout faux sur ce projet, le film est déprogrammé de tous les cinémas de Paris (à l'exception du Publicis, et ses sièges en cuir de patron) car le distributeur a eu la bonne idée (encore une!) de le mettre en ligne sur Dailymotion la veille de sa sortie. Cette tactique promotionnelle m'a quand même eu, finalement. Putain.


La DJette qui aime bien actionner son unique bouton avec 10 doigts

La Corvée du Délire !



« Moi, je n’ai pas le droit de me droguer. Je n’ai pas du tout envie de tricher. La drogue fausserait le jeu. La drogue, c’est encore aspirer à sortir, à forcer le délire, à se reposer un peu de soi, à s’absenter... Que pourrait-elle apporter à un être comme moi qui ne veut pas s’oublier justement ? Je n’ai pas besoin de fuir cette réalité: elle m’est déjà absente, refusée, interdite. Je n’ai jamais quitté le fond du gour: j’ai de la vase plein l’extase. Ça ne m’intéresse pas du tout de perdre des sensations avec la drogue, de louper ce qui se passe, de partir en fausse démence pour retomber ensuite: je n’ai pas d’endroit où retomber justement. Surtout ne jamais s’évader: rater un instant de la lucide misère que je transporte, quel péché ! Mortel ! Je veux dépendre de mon délire et non le commander, le payer à tempérament... Toutes les visions de drogués se ressemblent parce qu’ils veulent voir tous la même chose. C’est l’usine à visions ! Le psychédélique fonctionnariat ! La Corvée du Délire ! Non, pour moi la drogue serait malhonnête. Je ne veux pas imiter les grands dans ce qu’ils ont de plus petit. »

Au régal des vermines, Marc-Edouard Nabe, 1985.
(Picture: Kin-Dza-Dza!, 1986)