Fluoglacial - Tendances Négatives

Philosopher à coup de marteau



Après quelques errements fluorescents, un premier essai dans l'électronique sous le dossard de KOGURA et un autre projet nommé CORPS EXQUIS, le jeune et actif rennais s'est rasé la nuque et la moustache pour aller à l'essentiel. Il s'appelle désormais COLDGEIST, pose dans les blockhaus et propose une musique électronique autoritaire, sèche et froide (évidemment). A l'instar de Gesaffelstein, et de bien d'autres, ses premiers morceaux respirent fort le déodorant de The Hacker, Axe Detroit-Rotterdam-Berlin. Ne parlons pas de plagiat pour ne froisser personne, tout ça provient des machines, toujours est il que le son de COLDGEIST a grandi (depuis 1 an) et peut ramener facilement Rennes dans la roue de la techno française. Je ne valide pas vraiment le choix de son unique remix (Paradisco de Charlotte Gainsbourg; il faudrait un jour bloquer les velléités créatives de tous les fils et fille de) mais des morceaux comme Au crépuscule, Lunar Excavation, Supernova ou l'introduction de The aftermath mettent tout le monde par terre. Allez les labels, décrochez vos téléphones intelligents.




After a few fluorescent maunderings, a first attempt in the electronics under KOGURA and another project called CORPS EXQUIS, the young active man from Rennes shaved his nape and mustache and went to the essentials. He's now called COLDGEIST, poses in bunkers and offers a clamping, dry and (obviously) cold electronic music. Not unlike Gesaffelstein, and many others, his first tracks got a strong smell of The Hacker deodorant, Axis Detroit-Rotterdam-Berlin. Not talking about rip-off, to not offend anyone, it all comes from the machines, the sound of COLDGEIST grew up (since 2011) and can easily bring back Rennes in the wheel of French techno. I don't really approve the choice of his unique remix (Charlotte Gainsbourg's Paradisco; one day the creative impulses of every daddy's sons and daughters should be prohibited) but tracks like Au crépuscule, Lunar Excavation, Supernova or The aftermath introduction put everyone down the floor. Come on record labels, hang up your smart phones.




COMBAT SHOCK (1984)


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Il ne se passe plus rien...



« Jadis, s'aventurer c'était partir. Aujourd'hui aussi, moins pour changer le lieu que pour changer notre rapport au lieu; partir parce qu'il faut s'extrader, pour percevoir toute l'incohérente richesse de la cité et se désœuvrer pour ressentir la perte de son territoire. Seuls habitent réellement les villes les étrangers et les sans-attaches à qui leur état d'expatriement évite le confort lénifiant de l'intériorité et du repli (ainsi, nul n'a mieux parlé de Paris que les écrivains américains exilés en Europe entre les deux guerres). La ville a ceci de fascinant que la seule manière d'y être c'est de ne pas en faire partie. Tous ces imbéciles qui vous confient dans un aveu gluant: "Il ne se passe plus rien, les rapports sont "vachement inauthentiques", c'est tout manipulé, etc.", crachats nauséabonds qui marquent l'impuissance de ceux qui les énoncent à se déterrer de leurs habitudes, leur confiance excessive dans les vertus de l’œil, du spectaculaire parce qu'une ville où il se passe quelque chose cela sous-entend toujours cet endroit suprêmement chic où l'on voit les films en exclusivité et qui rassemble la plus forte concentration de spectacles, d'émeutes, de perversions, de théâtres, de restaurants, alors que le moindre trou de province est un réseau inépuisable d'intrigues, un champ brûlant de mille anecdotes, et qu'il est lâche d'imputer à un lieu mon infortune présente quand c'est mon propre rapport à lui qui demande de toute évidence à être modifié par un départ, un déménagement, un suicide, n'importe. »

Au coin de la rue, l'aventure, Pascal Bruckner & Alain Finkielkraut, 1979.
(Picture: L'Uomo In Piu, 2001)

The Purple Cloud


Hard Gaze



"Ils sonnent comme Sparks avec un accent français; c'est détestable." ou encore "Une poule parle pour ne rien dire dans un français de touriste par dessus des sortes de bips mièvres qui étaient tendance à l'époque du revival punk. Une insulte pour quiconque aurait le malheur de l'écouter." Voilà comment le maxi "Je suis passée" de HARD CORPS fut accueilli par la presse anglaise en 85. Faut dire que revendiquer un champ d'influences s'étendant de Mozart à Kraftwerk c'était tendre le bâton pour se faire battre. Sur cette rétrospective, "Clean tables have to be burnt", les 6 morceaux font 7 minutes chaque, ouch. La version "Clean tables" est cool, et "Dirty" fut #1 indie. Les 2 branchés de Brixton, accompagnés de Raégine la fraançaise, ont quand même eu l'opportunité de chauffer la salle pendant les tournées de Cure et Depeche Mode, puis s'en sont allés après un deal chez Polydor. Normal.

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4-4-2

Jobs are for losers !



« Au cours des discussions menées par les Chômeurs Heureux, nous avions pu constater que la souffrance due à la privation d'emploi n'est pas proportionnelle au montant des allocations. Ceux pour lesquels celles-ci sont faibles souffrent, certes, de manque d'argent. Mais souvent le travail qu'ils ont perdu (ou auquel ils étaient destinés) n'était pas assez gratifiant pour qu'ils en aient la nostalgie. Il en va autrement de ceux qui, bien qu'étant mieux indemnisés, ne se remettent pas de la perte de leur statut social. Le chômage, ils le vivent comme un sevrage forcé. Par-dessus le marché, leur famille, leurs amis, les médias ne cessent de plaindre leur désœuvrement, ou bien de le stigmatiser. Oui, ceux-là sont bien en manque de travail, mais comme un camé est en manque de poudre! Et pourtant, personne ne va manifester dans les rues pour revendiquer "de l'héroïne pour tous!" On entend souvent dire qu'une moitié de la population se crève au boulot, tandis que l'autre s'ennuie à mourir. La chose peut être formulée autrement: une moitié est accoutumée à une dose croissante de la drogue travail, tandis que l'autre souffre de symptômes de manque. Ce sont les deux côtés d'une même médaille. Et nous n'avancerons pas d'un pouce en revendiquant la même dose, équitablement répartie entre tous, accompagnée le cas échéant d'une thérapie de substitution citoyenne. »

Éloge de la démotivation, Guillaume Paoli, 2008.

Destruction System



Pour se retrouver juste derrière Morbid Angel dans le bac metal du disquaire, pourquoi pas s'appeler MORBID SAINT. A l'aide d'une typo chiadée tirant moins sur le gothique, ça peut faire la différence. Créé au début des années 80 dans le Wisconsin (dans une ville au nom curieux de Sheboygan), le groupe mettra ses chansons sur K7 qu'à la fin des 80's, comme leurs homologues de Floride, et comme un paquet de groupes de metal feignasses de l'époque. Thème lyriques: La mort, l'enfer, Satan. Musicalement, les Saint-Morbide ne jouent pas de death metal mais du thrash bien dégueulasse, d'où le titre de cette discographie 3 disques: Thrashaholic. Alors que le groupe ne possède qu'une démo, sortie en LP par un label de mexicains, les années 90 sont déjà là, et les autres ont déjà sorti "Altars of madness" suivi de "Blessed are the sick". Le line-up s'en ressent et ceux qui comprennent qu'ils peuvent pas défier les anges, se barrent. Dommage, les 8 titres de "Lock up your children" devenue "Spectrum of death" sont bien virulents. Après une deuxième démo, "Destruction sytem", recordée en 1992 le groupe s'enterre en 1994. Morbid Angel en profitera bien pour les enfoncer avec leurs deux meilleurs albums: "Covenant" et "Domination".

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Bank Rush


MOI Y'EN A VOULOIR DES SOUS (1973)



En 1973, Jean Yanne est en plein heyday. Après le succès de "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (qu'il ne retrouvera d'ailleurs jamais), il poursuit son attaque des médias et des ficelles publicitaires pour atteindre la source: le capitalisme. Taquin au possible, il tape sur la tête de tout le monde: les féministes, les flics, l'église moderne, les syndicats, les contribuab'... mais tape un peu moins sur les fesses des secrétaires. Sous le nom de Benoit Lepape il propose un marché à Adrien Colbart (Bernard Blier le génie français), son oncle à la tête de la CGI, sorte de CGT avec un bâton en moins. "La seule manière de combattre le capitalisme, c'est de devenir capitaliste !" Il va gravir les échelons du patronnat pour ensuite léguer son empire au peuple, mais la "lutte des classes" va poser quelques petits problèmes... Dans les 4 scènes suivantes: la CGI fait la quête pour acheter des actions dans le cyclo, Lepape fait visiter l'usine du futur, le syndicat veut jouir vite d'un gros building, et pour terminer, les ouvriers séquestrent un patron pour l'empêcher de démissionner. C'est autre chose que Le Grand Soir !